– « Si le tamaziɣt devait devenir langue nationale, elle ne sera jamais officielle. Si elle devait devenir langue nationale, ce serait par voie référendaire !
– Je suis venu ici crever votre ballon de baudruche !
– Je suis venu rendre visite à des géants, je n’ai rencontré que des nains ! »
* La voie référendaire signifie que l’officialisation n’aura jamais lieu, les Kabyles étant numériquement défavorisés.
* Menace ouverte sur toute contestation et opposition
* Vous êtes musulmans, vous ne pouvez le contester. La langue du Coran est l’arabe, c’est donc votre seule et unique langue.
* Démonstration de force qui marque la lâcheté qui a pesé sur le peuple kabyle entraîné dans la lâcheté de ses élites.
* N’était-ce pas un teste, un sondage officiel quant à la réaction du peuple ?
Cette pratique est constante. On l’a observée dans l’interdiction de la robe kabyle (pour ne citer que cet exemple).
* Que dire des directions des deux partis » kabyles » qui se disputaient la prééminence politique en Kabylie, et ne voyaient et ne voient encore la Kabylie que comme région.
* Que penser de la fraction de Kabyles bien que moindre, mais surtout d’une certaine élite qui, aujourd’hui encore s’inscrit dans le sillage d’un pouvoir qui affiche une volonté d’anéantissement du peuple kabyle ?L’avènement de la journée de la Nation KabyleIl est inutile de rappeler la longévité de la haine du Kabyle saillante depuis la naissance du « mouvement national algérien » devenue chronique avec les courants badissiste et messaliste puis mortifère par la suite avec l’implantation de l’idéologie islamo-baathiste. Assassinat du Kabyle en continue avant, pendant et après la décolonisation occidentale, ethnocide programmé jusqu’aux relents génocidaires actuels incluant la complicité de la majorité des élites non-kabylophones. (Je laisse de côté la masse des populations salafisées).Pendant que les élites kabyles, dans leur incroyable naïveté luttaient, tout en entraînant le peuple dans leurs sillages, croyant pouvoir démocratiser un système « kabylophage » par essence, bâtir un pays multiculturel et multi identitaire, un Etat démocratique à l’image de l’organisation sociopolitique de la Kabylie ancestrale, le système politique mis en place mettait en scène la disparition programmée de l’ancestralité en générale, de la kabylité en particulier qui sera perçue à tous les niveaux et à tous les temps comme une menace permanente pour le régime et les gouvernements successifs.
Le fil conducteur est le même :
* Tuer la langue, car tuer la langue d’un peuple, c’est tuer le peuple.
* S’attaquer à sa culture pour l’effacer, la phagocyter, se l’accaparer pour la travestir.
* Falsifier son histoire pour effacer sa mémoire.
Les actes et les comportements officiels adoptés sont multiples et nombreux :
* constitutionnellement, l’Algérie est une terre arabe et son peuple est forcément un peuple arabe.
* “le kabyle n’est pas une langue, mais un petit dialecte régional ; nous sommes tous des algériens et notre langue nationale et officielle à tous est l’arabe”. La langue kabyle et rendue invisible, lorsqu’elle n’est pas interdite.
* l’arabité et l’islamité auraient jeté l’ancestralité dans la poubelle de l’histoire. Le Kabyle, notamment, devient un avatar d’un esprit mécréant, qu’il convient, à jamais, de faire taire. Il serait un mythe crée de toute pièce par la colonisation occidentale.
* Le terme même de kabyle doit être supprimé du langage quotidien car « nous sommes tous des Algériens », clame-ton, tout en définissant l’Algérien en tant qu’arabe et musulman exclusivement.
* Le régime a tenté insidieusement d’interdire le port de la robe kabyle traditionnelle, celle nos mères, de nos grand-mères, de Fadma N Summer
* Il affiche la volonté d’enterrer l’histoire et la mémoire ancestrales plusieurs fois millénaires.
* Il a imposé une identité et une pensée importées, étrangères aux peuples sous sa gouvernance, une représentation identitaire fondée sur une histoire falsifiée, sur un système symbolique inventé, sur l’atteinte à la mémoire qui ont conduit à la négation de l’ancestralité et qui fait d’eux un « peuple » sans mémoire, sans culture et langue propres, sans homogénéité identitaire, un peuple déraciné, en déshérence historique.
La réactivité de ces populations, et d’avantage celle des élites, se conjugue dans une énorme frustration avec la violence, la haine de ceux qui, en face, les autochtones fiers de l’ancestralité millénaire, leur renvoient une piètre image de ce qu’elles sont devenues.
Depuis le « printemps noir de 2001 », notamment, la manifestation grandissante de la question kabyle a donné lieu à une recomposition de l’idéologique dominante qui développe une culture de la violence des plus barbares qui s’apparente à une épuration ethnique.
Pour porter atteinte à la mémoire, le régime algérien a idéologisé à outrance la société à travers notamment le système culturel et éducatif. Une telle idéologisation participe d’une représentation sociale de la violence qui donne une vision de la religion basée sur l’obéissance aveugle, réfractaire à toute différence ; une vision inédite où l’homme se substitue à Dieu pour en arriver à des actes odieux, inhumains, à la torture et au meurtre. L’individu, au nom d’une punition divine, se donne le droit de châtier autrui. On a là, une image irréelle qui a favorisé un phénomène de paranoïa collective, un développement de la phobie et de la haine de tout ce qui s’écarte un tant soit peu du champ politico-idéologique et de cette pensée devenue un levier de la gouvernance du système politico-militaire algérien qui s’est accaparé cette vision du contrôle de la société.
Dans ce schéma, se situe la confrontation Kabylie/système politique algérien et Kabylité /Arabité. Dans ce schéma se situent les exactions commises à l’encontre du peuple kabyle allant de l’assassinat de l’ancêtre au meurtre de l’enfant. On passera d’un ethnocide planifié à un génocide minutieusement préparé dans les hautes sphères du pouvoir : c’est « l’opération politique zéro kabyle. »
Des millions de Kabyles vont déferler sur Alger malgré une répression sauvage. Cette marche marquera la naissance de la journée de la Nation Kabyle. De là, naître au monde la question kabyle qui sera portée par un Mouvement de Libération de la Kabylie dénommé MAK. La Kabylie et son peuple renaîtront de leurs cendres car ils sont immortels, ancrés dans des millénaires d’histoire et qu’une entité fabriquée, aux pieds d’argile, honnie de par le monde ne peut déraciner. Doucement mais sûrement car « les guerriers les plus puissants sont la patience et le temps » (Léon Tolstoï), le peuple kabyle est aujourd’hui prêt à accomplir son destin auprès des Nations libres dans le monde. Oui, « On peut être persuadé que la situation est désespérée sans pour autant renoncer à vouloir la changer. » (Scott Fitzgerald,). Ainsi, dit l’adage Kabyle: « ɣar larvɛa n At Yiraten ivarden mačči yiwen. Win ik yehwan d at awiḍ, d assawen ar k i magren. »
Raveh Urahmun, exil, le 05/06/2025
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