CONTRIBUTION (SIWEL) — Le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) prône pour le pays kabyle, la liberté, la solidarité, la laïcité, la promotion et l’usage de sa langue et sa culture, le développement durable et tous les attributs de bien-être que revendique l’ensemble de ses citoyens.
Et que dit la constitution algérienne en vigueur ?
– En préambule, c’est-à-dire là où elle prétend justifier le fondement, la justification et la pertinence de ses articles opposables à tous, elle annonce déjà la couleur : l’Algérie, terre d’Islam, partie intégrante du Grand Maghreb, pays arabe, méditerranéen et africain …
Il ne s’agit pas seulement de reniement de l’historique, de la culture et de la civilisation des peuples amazighs ; il s’agit d’une volonté de domination complète par l’entremise de l’idéologie arabo-islamique en vue de phagocyter tout relent d’amazighité sur ses propres territoires. Car, pour bien faire sentir l’humiliation, cette constitution dispose que tamaziγt est « aussi » langue officielle mais que l’arabe est la seule langue de l’État.
L’escamotage de la dimension amazighe n’est évidemment pas une méconnaissance de l’histoire mais bien une expression de racisme primaire de la part des rédacteurs et des inspirateurs de cette constitution. Cette disposition outrageusement raciste est considérée par le peuple kabyle comme un casus belli permanent à son endroit.
Cette offensive d’anéantissement des fondements du peuple kabyle se fait faire par des Kabyles de Service à l’image d’Ahmed Ouyahia dont l’administration a promulgué la loi de généralisation de la langue arabe juste après l’assassinat de Lounès Matoub en 1998. Une stupidité qu’aucun vrai pays arabe n’a osée.
Aujourd’hui encore, on assiste au sein d’une coalition hétéroclite à un flirt indécent entre un parti d’émanation kabyle autrefois laïc et berbériste avec des partenaires islamistes qui vomissent de leurs pores l’amazighité et le proclament à chaque occasion.
Parmi les Kabyles algérianistes, on entend souvent les rengaines du genre « je ne partage pas les idées du MAK » ou « je ne cèderai pas un pouce de territoire que mes aînés ont arrosé de sang » et bien d’autres balivernes circonstanciées.
Sur la base de telles postures, ils pensent se trouver une tranquille conscience dans leur silence contre les exactions commises au quotidien contre les souverainistes qui sont leurs amis, leurs proches, leurs voisins de tous les jours et quelquefois même leurs propres frères ou sœurs.
Bien que sachant que l’Algérie est un « membre invité » de la Ligue arabe, ils persistent à gloser que leur patrie l’Algérie en est un membre influent …
Bien que sachant que les vrais Arabes de l’Orient les considèrent comme des vassaux, ils continuent à se déclarer arabo-berbères dans une pathétique manœuvre de justification.
L’arabo-berbérisme est une invention de genre crypto-fasciste qui permet à l’Arabe de maltraiter sans scrupules le Berbère qui doit s’en accommoder, voire s’en enorgueillir.
En fait, qu’est-ce que c’est un arabo-berbère ? – au mieux un vassal, au pire un ennemi zélé de sa race.
Dans la Kabylie d’aujourd’hui, il y a les souverainistes de plus en plus nombreux, les Kabyles-de-service de plus en plus en réduction et une masse importante de retardataires qui attendent …
Aux retardataires et aux algérianistes têtus, nous leur demandons plus que jamais de méditer sur les deux exemples qui suivent et qui rappellent douloureusement les inconséquences du détachement qui devient complicité devant les exactions commises contre leur propre peuple.
« Quand les Nazis sont venus chercher les communistes,
je n’ai rien dit
je n’étais pas communiste
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n’ai rien dit
je n’étais pas syndicaliste
Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n’ai rien dit
je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n’ai rien dit
je n’étais pas catholique
Et puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait plus personne pour protester
1942, Dachau – Pasteur Martin Niemöller, texte revu par Berthold Brecht.
Et cet autre exemple en rapport avec le génocide arménien par les Turcs en 1915-16 :
« Abdullah Demirbas a le visage contrit quand il évoque « ces Kurdes trompés par l’Etat pour massacrer des Arméniens », malgré des siècles de vie commune. « Mon grand-père me racontait cette histoire d’un prêtre qui, pour convaincre un Kurde de ne pas le tuer, lui aurait dit : «Nous sommes le petit-déjeuner, vous serez le déjeuner.» Et c’est ce qui s’est passé», soupire cette figure de la politique locale ».
Azru
Iɛezzugen, le 11 août 2016