SSUQ LETNIN (SIWEL) — Le drapeau de la nation kabyle a été hissé, samedi après-midi, dans la station balnéaire de Ssuq Letnin, à l’est de Vgayet. Ce geste hautement symbolique a été fait, en présence d’une foule nombreuse, au niveau de la placette du chef-lieu, située à proximité du marché couvert de la localité.

Un peu plus tôt en cet après-midi ensoleillé, les membres de la direction du MAK, son président, Bouaziz Ait Chebib, son secrétaire général, Farid Djennadi et son président du conseil national, Mouloud Mebarki, se sont succédés au micro pour discourir autour du mouvement souverainiste kabyle et de l’autodétermination de cette région du monde belle et rebelle.

 

En ouvrant le meeting, Mouloud Mebarki donnera la parole à Bouaziz Ait Chebib pour lire à l’assistance le message de Lyazid Abid, vice-président du Gouvernement provisoire kabyle, natif de la localité. Dans son message, rédigé en kabyle, le vice-président de l’Anavad a, tout d’abord, présenté ses salutations à ses concitoyens de Ssuq Letnin, avant d’insister sur les objectifs du MAK qui ne sont, autres, que le recouvrement des droits des kabyles sujets, actuellement, à une colonisation tous-azimuts. Il n’est pas normal, dira ce dernier dans son message, que les Kabyles, en Kabylie, se fassent délivrer des documents administratifs rédigés en arabe ou en français alors qu’ils ne sont ni Arabes ni Français mais plutôt Kabyles, une langue qui n’est retrouvée dans aucun document algérien. Le MAK veut mettre un terme à la colonisation de la Kabylie. Il conclura en soulignant que le pouvoir d’Alger veut arabiser les Kabyles à tout prix. Par conséquent, il est temps de mener le combat libérateur pour recouvrer les droits de la nation kabyle.

Le président du conseil national reprendra la parole et fera un discours dans lequel il retracera l’histoire du mouvement amazigh en général et kabyle en particulier tout en énumérant les causes qui ont poussé cette nation à revendiquer son autonomie. Il citera le cas de l’école, tant française qu’algérienne, rejetée par la nation kabyle qui revendique sa propre école. C’est aux Kabyles de décider quelle école choisir, tonnera-t-il. Il parlera également du multipartisme et les élections qui ont eu lieu par la suite, lesquelles ont permis à deux partis politiques le FFS et le RCD d’ émerger en Kabylie alors qu’ailleurs, dans les régions arabophones, malgré leur origine amazighe, les gens ont préféré le FIS. En 2001, l’Etat algérianiste a assassiné 128 jeunes kabyles, dont quelques-uns âgés à peine de 13 ans, et a rendu handicapés à vie plus de 2000 autres. Il parlera également de l’imposition de la langue arabe aux Kabyles. Nous ne sommes pas contre les Arabes mais rien ne nous unis, vociféra-t-il, en rajoutant que les deux peuples ont deux projets de société diamétralement opposés. C’est la France qui est à l’origine de la création des Etats en Afrique du Nord en y rassemblant des peuples sous forme de nations qui véhiculent des pensées arabes. Le seul peuple qui a refusé cet état de fait, c’est le peuple kabyle, qui a commencé à éveiller les consciences des autres peuples amazighs. Il conclura son intervention en appelant l’ensemble des Kabyles à s’unir autour du MAK pour créer la nation kabyle et la sauver d’une disparition programmée, si rien n’est fait par ses enfants.

Dans le même ordre d’idées, Farid Djennadi demandera à tous les Kabyles de tout faire pour sauvegarder leur langue et leur culture en combattant, par tous les moyens, l’idéologie colonialiste du pouvoir d’Alger quitte à le faire en dehors du MAK. Pour l’orateur, le pouvoir colonialiste d’Alger est l’héritage du colonialisme français qui a multiplié les actions contre les Kabyles depuis 1839 en créant l’Algérie et en procédant à la répartition, une décennie plus tard, de ce pays en départements sans inclure la Kabylie, indépendante à cette époque, avec ses structures sociopolitiques. Vingt ans après, les Français ont commencé à détruire ces structures et à installer des bachaghas et à créer des bureaux arabes pour arabiser la Kabylie et la fragiliser. En conclusion, il dira que le train de l’histoire a démarré, l’Etat kabyle est sur rails et à chacun de monter dans une station ou une autre.

Le dernier à intervenir est le président du MAK, Bouaziz Ait Chebib. Comme à ses habitudes, il commencera par un adage populaire pour dire que les premiers à militer pour l’indépendance de la Kabylie le font par principe mais ils seront tôt ou tard rejoints par ceux qui en auront marre de la soumission puis, en dernier, par ceux qui seront obligés par la force des choses. Il est utile, par conséquent, d’être dans la première catégorie, lâchera-t-il. Il demandera à tous les Kabyles d’arrêter de se sous-estimer et de se tirer dans les pattes car la liberté ne se donne pas mais s’arrache. Elle ne peut s’acquerir qu’avec l’union. La solidarité est un exemple chez les Kabyles. D’ailleurs, soulignera-t-il, même Karl Marx l’avait remarqué lors de son séjour en Kabylie, en 1882, en déclarant y avoir trouvé le socialisme de ses rêves. Il dira enfin que le MAK se propose comme locomotive pour le recouvrement de la souveraineté kabyle tout en insistant sur l’organisation d’un référendum pour l’autodétermination car les Kabyles refusent le suicide et ne peuvent accepter de disparaître avec l’Algérie, pays en voie de disparition avec la réduction des rentes pétrolières et la mauvaise gouvernance.

Sur le plan économique, Bouaziz Ait Chebib a dénoncé le terrorisme sécuritaire et fiscal que l’Etat algérien érige en « politique de développement » en Kabylie dans le seul but d’amplifier la misère socio-économique que subit le peuple kabyle en poussant les investisseur à aller investir ailleurs.

Le président du MAK, a apporté son soutien aux jeunes kabyles pris en otage par le chantage infâme qu’exerce sur eux l’Etat algérien. Ce dernier les condamne au silence absolu sous peine de les poursuivre en justice afin de rembourser les crédits octroyés dans le cadre de l’Ansej, la Cnac, et autres pseudo-dispositifs de création d’emplois et d’entreprises qui n’ont servi au final à rien d’autre qu’à les museler : « Nos jeunes étaient déjà des chômeurs. Avec l’Ansej, la Cnac …. ils ont été promus en chômeurs endettés. Nous les appelons à ne rien rembourser à l’Etat colonial algérien qui a la responsabilité historique de dédommager la Kabylie pour tous les crimes qu’il a commis contre le peuple kabyle et son territoire». Clame Bouaziz Ait Chebib.

En répondant aux représentants de l’administration coloniale algérienne, notamment les Walis envoyés en Kabylie pour faire campagne contre le MAK le président du MAK leur a clairement signifié qu’ils ne sont nullement à leur place en Kabylie : " vous n’avez rien à faire chez nous..retournez chez vous imposer votre dictât… Ici c’est la Kabylie. Ni L’Etat colonial algérien que vous servez, ni son DRS , ni sa mafia politico-financière, à laquelle vous appartenez, ne pourront arrêter la marche du peuple kabyle à sa liberté ".

Le président du MAK a réitéré le soutien indéfectible de son mouvement et du peuple kabyle à Kameleddine Fekhar et tous les détenus politiques mozabites.

Bouaziz Ait Chebib a conclu son discours par un appel à la mobilisation massive pour les marches de Yennayer 2966 qui auront lieu le 12 janvier à Vgayet et Tizi Ozou.

cdb,
SIWEL 192218 DEC 15

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