PARIS (SIWEL) — « Le Louvre – une institution culturelle de référence – aurait-il cédé aux pressions politiques et marchandes ? Les régimes changent, les peuples et l’Histoire demeurent. ». C’est sur ces mots que se termine une lettre ouverte envoyée par une citoyenne iranienne qui combat l’intégrisme religieux et la falsification de l’histoire dans son pays, l’Iran. La lettre envoyée au Louvre et à différentes rédactions françaises n’a pas été publiée.
« Les Arts de l’Islam ?
Que faut-il penser de ce nouveau département au Louvre ? Ce qu’il met en avant, est malheureusement en contradiction totale avec tout ce que l’on peut penser de l’art, de la civilisation et de l’histoire. Commençons par le titre, c’est déjà du parti pris. Bien qu’une des responsables ait expliqué, sur la chaîne Arte, la nuance qui existe, dans la langue française, entre islam et Islam. Soit ! Mais que faire de l’Histoire ?
Quelle intelligence suprême s’est permis de mettre ces différentes composantes sous une seule dénomination qui de plus, est fictive. Cette exposition anéantit délibérément les civilisations millénaires de l’Inde, de l’Iran et de la Berbérie afin de fabriquer de toute pièce une culture.
L’ignorance est poussée à son paroxysme en montrant une image des bas-reliefs de Persépolis ! Et une page du Livre des Rois de Ferdowsi. L’auteur avait justement consacré 30 années de sa vie à la rédaction de cette épopée afin de défendre la langue et la civilisation anté-islamique (dans une exposition au musée du Louvre en 1997 son nom a même été transformé en arabe : Al-Ferdowsi).
Comment des objets usuels de la vie de tous les jours comme des ustensiles de distillation, étui et bâton de khôl, carreaux de revêtement avec des scènes bucoliques, plats au cavalier ailé, brûle-parfum, bassins et bols aux personnages et motifs indiens et mongoles, bracelets, tapis, plats de reliure… venus d’Iran, d’Inde et de Turquie peuvent être rassemblés sous le titre de l’art de l’Islam ? Le site Internet du musée nous apprend que « …l’homogénéité des arts de l’Islam, qui les rendent immédiatement identifiables en tant que tels » !
Comment un distique de poème de Hafez, ou un poème turc d’élégie sur la mort du Soleyman peuvent être qualifiés d’islamique ? Toutes les calligraphies en arabe ou en persan ne sont pas des vers sacrés du Coran ; il y a l’image du verbe et aussi le message. C’est ainsi qu’une écriture décorative au bord d’une coupe vante les bienfaits du vin qu’il contiendrait !
Dans une autre salle du Louvre est présentée une exposition sur les dernières années de Raphaël. Différents tableaux montrent Saint Jean-Baptiste, La Sainte famille et les peintures exécutées à la demande du Pape pour les chambres du Vatican. A-t-on jamais qualifié ces œuvres de peinture chrétienne ? Et Raphaël de peintre chrétien ? Même Caravage n’a pas cette qualification. A-t-on nommé les bâtisseurs des églises architectes chrétiens ?
De quel besoin est née cette fabrication ? Et à quel besoin propose-t-il des réponses ? Comment peut-on combattre l’intégrisme quand un haut lieu de la culture du monde éclairé se permet un tel amalgame ? Cette exposition accrédite les velléités des groupes et des pays qui se forgent une Histoire par le révisionnisme, en faisant table rase de l’histoire anté-islamique, et qui réclament un empire de l’islam sans frontières où l’histoire commence avec la naissance du prophète, et où la finalité est la fabrication de « l’homo islamicus », où les peuples deviennent « omat » sans mémoire.
L’architecture « islamique » de l’Espagne musulmane n’est-elle pas typiquement une architecture berbère. L’Alhambra, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco est pourtant un magnifique exemple de l’architecture Berbère du 10ème siècle,
Au Louvre, la beauté des objets exposés détourne les visiteurs de l’Histoire des peuples qui ont eu, avant l’avènement de l’Islam, et après, et parfois malgré l’Islam, une culture et un art florissant. Les réduire à une dénomination est un crime, une falsification de l’Histoire.
Le Louvre – une institution culturelle de référence – aurait-il cédé aux pressions politiques et marchandes ? Les régimes changent, les peuples et l’Histoire demeurent. »
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SIWEL 171211 DEC 12