PARIS (SIWEL) — A l’occasion du 50ème anniversaire d’octobre 1961, le mouvement autonomiste kabyle (MAK) a appelé mercredi soir dans un communiqué à un rassemblement à Paris, le lundi 17 octobre 2011 à 16h, sur le Pont St-Michel pour un dépôt de gerbe de fleurs, en hommage aux victimes Kabyles des massacres du 17 octobre 1961.
On peut y lire : « Le peuple kabyle continue d’être spolié de sa mémoire. Les victimes des massacres du 17 octobre 1961 à Paris sont toujours occultées dans leur caractère kabyle. Quand il arrive que des intellectuels ou des hommes politiques s’en émeuvent, on préfère ne parler que d’Algériens, ce qui, il est vrai, n’est pas tout à fait faux… pour l’époque. »
Et d’ajouter : « Aujourd’hui, 50 ans plus tard, la situation n’est plus celle de la guerre d’indépendance de l’Algérie. Cette Algérie née des sacrifices majoritairement kabyles est devenue l’ennemie de la Kabylie et du peuple kabyle qu’elle assassine et martyrise depuis 1963. »
Le parallèle est enfin établi entre les événements de 1961 en France et ceux de 2001-2003 en Kabylie, où la gendarmerie algérienne a massacré des jeunes Kabyles en assassinant 128 parmi eux et en blessant plus de 6000 autres, « Il se trouve que c’est justement au nom des Kabyles tombés pour la liberté des Algériens que l’Algérie massacre les Kabyles et réprime leur identité. »
L’an dernir, le MAK ainsi que l’Anavad, le Gouvernement provisoire kabyle avaient manifesté sur les mêmes lieux, avec la présence du président Ferhat Mehenni ainsi que de monseigneur Jacques Gaillot. Un hommage particulier a été rendu à la jeune victime kabyle Fatima Bedar, lycéenne de 15 ans, jetée par la police dans le canal Saint-Denis, son corps ne fut retrouvé que le 31 octobre dans les profondeurs du canal de Stains.
Les évènements du 17 octobre 1961 désignent la répression sanglante ayant frappé une manifestation pacifique organisée à Paris par la Fédération de France du F.L.N. (Front de libération nationale) dont 10 000 adhérents sur les 14 000 que comptait cette dernière étaient Kabyles, en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Des centaines de Kabyles sont morts lors de la confrontation avec les 7 000 policiers obéissant aux ordres du préfet de police Maurice Papon.
La version officielle de l’époque faisait état de trois morts mais selon les travaux d’historiens, il y’en aurait plus de deux cents.
Plus de 11 730 manifestants Kabyles étaient interpelés puis internés pendant quatre jours au Palais des Sports, au Parc des Expositions, au stade de Coubertin, au Centre d’Identification de Vincennes où ils avaient subi des violences.
Gilles Manceron, vice-président de la Ligue des droits de l’homme jusqu’en juin 2011, écrit dans "La triple occultation d’un massacre" paru aux Editions La Découverte" que Papon, appuyé dans le gouvernement par ceux qui désapprouvaient les choix du général de Gaulle dans les négociations en cours pour l’indépendance de l’Algérie, a orchestré la répression en donnant aux policiers une sorte de "permis de tuer".
Il analyse également la dissimulation de ce drame par ses responsables au sein de l’État français, et le silence des premiers responsables de l’Algérie indépendante, les organisateurs de la manifestation du 17 octobre étant devenus leurs opposants.
wbw
SIWEL 131358 OCT 11