KABYLIE (SIWEL) — Comme chaque année depuis 9 ans, le négationnisme arabo-islamique de l’Etat algérien refait irruption en pays kabyle avec son festival folklorique dit arabo-africain. A travers le Bachagha Ould Ali El Hadi, copieusement hué par la jeunesse kabyle lors de la commémoration de l’assassinat de Matoub Lounès, l’Etat algérien englouti chaque année des millions pour médiatiser l’image d’une Kabylie une petite « province » du vaste monde arabo-islamique. Cette année, deux Etats, sans liens aucun avec l’Afrique sont mis à l’honneur : La Palestine et la Turquie ! Dans une déclaration rendue publique aujourd’hui, intégralement publiée ci-après, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie a dénoncé le « festival de l’usurpation identitaire ».
AFRANIMAN I TMURT N YIQVAYLIYEN
MOUVEMENT POUR L’AUTODÉTERMINATION DE LA KABYLIE
MAK
Communiqué
9ème festival arabo-africain à Tizi-Ouzou, 9ème agression contre le peuple kabyle
Une fois de plus, le peuple kabyle est agressé dans son honneur par des aventuriers politiques qui n’ont pour seule devise que l’offre de service au plus offrant. Dans ce cas précis, le plus offrant n’est autre que l’Etat arabo-islamo-baâthiste d’Alger, lui-même profondément aliéné au bloc factice du monde arabo-islamique et qui, dans une politique d’hégémonie, tente d’assimiler une partie du continent africain au monde dit arabe.
Ce festival « arabo-africain », qui en est à sa neuvième édition, est à considérer, sans l’ombre d’un doute, comme une neuvième agression contre le peuple kabyle dont « le tort » est d’oser affirmer son authenticité identitaire, culturelle, linguistique, sociologique, administrative, politique et historique.
Ce festival « d’usurpation identitaire », qui se déroule sur cinq jours, est organisée à plusieurs coups de milliards, au moment même où une ONG algérienne, proche du pouvoir infâme de Bouteflika, tire la sonnette d’alarme sur le seuil de pauvreté « intolérable » des familles. Ainsi des milliards sont « débloqués » par l’Etat algérien pour nourrir, non pas des populations sciemment affamées, mais une propagande négationniste dont l’effet escompté est de noyer le peuple kabyle dans un folklore « arabo-africain » qui relègue la question kabyle à une simple donnée historique, lointaine et révolue pouvant être largement « représentée » par un simple jeu de danse folklorique dit « arabo-africain »
L’Etat algérien se cache hypocritement derrière l’africanité à laquelle elle associe sournoisement l’arabité pour imposer à un espace géographique politique et social qui est, non seulement reconnu comme étant proprement kabyle, mais qui est aussi depuis des décennies le théâtre de combats et d’affrontements des femmes et des hommes kabyles qui refusent d’être phagocytés et assimilés à des Arabes.
Le choix de la Kabylie pour abriter ce festival « d’usurpation identitaire » est donc loin d’être un hasard et entre dans le cadre d’une politique éminemment propagandiste. Par ailleurs, la présence ostentatoire des troupes palestinienne et turque sont la preuve que ce n’est pas l’africanité qui est mise à l’honneur par l’Etat algérien. Il se trouve effectivement que la Palestine se situe sur l’espace géographique du continent asiatique et n’a strictement rien à voir avec l’Afrique. Quant à la Turquie, une partie de son territoire se trouve sur le continent asiatique, tandis que l’autre sur l’Europe.
Il n’y a aucun doute que la présence de la Palestine et de la Turquie à Tizi-Ouzou est porteuse d’un grand symbole. L’arabisme de la Palestine et l’islamisme de la Turquie sont « introduits » en guise de barrière à la pensée kabyle qui rejette aussi bien l’arabisme que l’islamisme.
Plus grave encore, à l’ouverture officielle de ce « festival de l’usurpation », l’animateur a déclaré que « l’affaire palestinienne est désormais une affaire algérienne ». Dans ce cas, que faut-il comprendre de l’affaire mozabite ? Dans quelle catégorie « d’affaire » faudrait-il la classer ? La déclaration de cet animateur n’est rien de moins qu’une propagande idéologique qui vise à tromper l’opinion internationale et à inscrire de ce fait la Kabylie sur la liste des entités arabo-islamique soutenant la cause palestinienne. Cependant, de telles supercheries politiques, même si elles coûtent plusieurs milliards au contribuable, ne font plus recette de nos jours.
L’information n’étant plus un monopole d’Etat, ni le peuple kabyle, ni l’opinion internationale ne sont plus dupes. En effet, il est désormais de notoriété publique que le peuple kabyle a toujours manifesté son soutien et sa sympathie aux causes qu’il juge « justes et équitables » ou ni l’espace géographique, ni l’appartenance ethnique, ni l’appartenance religieuse ne sont pris en considération. Et dans ce conflit israélo-palestinien, le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) n’a pas attendu les clairons des officines et des lobbies arabo-islamistes pour exprimer sa position en faveur d’une paix juste, équitable et durable pour les deux peuples, palestinien et israélien, qui ont tous deux le droit inaliénable d’exister en tant que Peuples et Nations.
Par ailleurs, le MAK a toujours affirmé et soutenu que le droit à la vie n’était pas un droit à géométrie variable ouvrant le droit à la vie pour certains et condamnant d’autres à la mort. Le MAK a toujours considéré que si les peuples palestiniens et israéliens ont le droit d’exister, il en est de même pour tous les peuples qui aspirent et luttent depuis des années pour leur existence, comme le peuple kurde, touareg, rifain et kabyle en l’occurrence. Le droit des peuples à la vie n’est pas exclusif et les victimes des peuples en lutte pour leur existence, qu’elles soient palestiniennes, israéliennes, kurdes, touarègues, rifaines; mozabites, ou kabyles sont équivalentes. Pour le MAK, la valeur humaine n’est en aucun cas liée à l’appartenance ethnique.
La Kabylie n’a pas besoin que se tienne sur son territoire un « festival de l’usurpation identitaire » pour exprimer son soutien aux causes justes, en particulier celle du droit à la vie des peuples ; à la vie de tous les peuples, sans exclusive.
Aussi, considérant que ce « festival arabo-africain » est une arnaque politique de l’Etat algérien, le MAK, fidèle à sa ligne politique d’authenticité, appelle les citoyennes et les citoyens kabyles à rejeter ce festival qui vient exprimer sur leur propre territoire, leur propre négation et leur assimilation sournoise à une idéologie qui les assassine depuis plus 50 ans.
Kabylie, le 07 août 2014
Razik Zouaoui, Secrétaire National à la Promotion de la Langue et de la Culture kabyles
SIWEl 071906 AOU 14