RIFLAND (SIWEL) — La police marocaine dans la localité rifaine d’Al-Hoceima a arrêté puis torturé à mort, à l’intérieur du commissariat central, Karim LACHQER, militant syndicaliste rifain de gauche. Cette mauvaise nouvelle a circulé rapidement depuis le matin du 27 mai sur les réseaux sociaux, et l’événement tragique devient une cause pour l’opinion publique rifaine et pour tous les démocrates et les militants des droits de l’homme du Rif et d’ailleurs. S’agit-il de l’assassinat d’un militant syndicaliste de gauche par un des organes de répression marocaine basé dans le Rif, à l’intérieur du même commissariat ou la même police assassinait 5 jeunes Rifains en marge de la première manifestation du mouvement 20 février à Al-Hoceima en 2011 ? C’est dans ce même commissariat que la police marocaine torturait des centaines d’activistes Rifains durant l’histoire contemporaine du Maroc.

 

Contribution de El Azrak Fikri

Le Makhzen nous assassine, et nous jusqu’à quand resterons-nous à « demander des réformes » ?

Il est important pour nous de relever que la dernière victime de la police coloniale du Makhzen est survenue dans un contexte de durcissement de la répression exercé par régime marocain contre les Rifains. Le but est de mettre à genoux le peuple Rifain qui n’a jamais accepté l’esclavagisme du makhzen et casser l’esprit de résistance gravé depuis des siècles, en lettre de sang, dans le cœur et la mémoire du peuple rifain.

L’assassinat de Karim LACHQER, de même que l’arrestation du militant amazigh Rifain Samir El-Morabit ne sont que les signes apparents d’une nouvelle vague de répression Mekhzanienne contre la population Rifaine qui constitue nouvelle étape de la politique de liquidation adoptée par le régime marocain contre le peuple Rifain ; et cela, depuis la recolonisation du Rif par le pouvoir meurtrier marocain, après la traitrise de la convocation d’Aix-les-Bains et dont les premiers signes visibles de cette politique génocidaire étaient les événements tragiques de 1958 / 1959 qui ont vu le criminel Hassan II noyer le Rif dans des bains de sang, couvert par un silence assourdissant, comme si les rifains n’étaient pas des êtres vivants.

Le dernier « martyre » du supplice rifain, Karim LACHQER, était membre du syndicat des pêcheurs d’Al-Hoceima et ancien membre de la jeunesse du parti de gauche « UNFP », l’Union Nationale des Forces Populaires. Son frère, « Mhamed LACHQER » était détenu politique en 1973 en raison de son engagement dans une organisation marxiste-léniniste et, comme son frère, il a été assassiné dans les mêmes conditions en 1995. Ce qui signifie que l’assassinat n’était pas un « hasard »…

Ce dernier assassinat est une revanche du pouvoir marocain contre une famille rifaine résistante car le martyre, Karim LACHQER, était connu dans les milieux amazighs et rifains pour son intégrité et son engagement en faveur des droits économiques et sociaux des Rifains, et il était engagé dans de nombreux de combats contre la corruption qui se déroule à l’intérieur du domaine de la pêche maritime qui est une source économique principale pour la mafia du Mekhzan marocain et ses auxiliaires.

En parallèle, les sites d’information à l’ordre makhzénien nous disent que la victime était « tellement ivre », qu’elle s’est tuée elle-même et que sa mort était causée par l’absence de document de l’identité ! Quelle honte pour ces prétendus journalistes ! Quelle crédibilité peut-on accorder aux médias marocains de service ?!

Karim LACHQER, ce militant syndicaliste rifain de gauche, a été assassiné par la police coloniale marocaine deux fois : la première à l’intérieur du commissariat, quand il a été arrêtée aux environs de 3 h du matin, à l’entrée de la ville d’Al Hoceima, avant d’être conduite au commissariat de police où il sera torturé puis assassiné. Et la deuxième, quand ses assassins ont conduit son cadavre à l’Hôpital et qu’ils ont tenté de faire pression sur les médecins pour signer un certificat de décès préétabli et falsifié, attestant que la victime était morte après son arrivée à l’Hôpital (voir l’article de siwel.info « Crime au commissariat d’Al Hoceima : la police marocaine tente de falsifier l’acte de décès de la victime,http://www.siwel.info/Crime-au-commissariat-d-Al-Hoceima-la-police-marocaine-tente-de-falsifier-l-acte-de-deces-de-la-victime_a6311.html).

Les organes du pouvoir meurtrier et mafieux du makhzen, ont assassiné le martyre Karim LACHQER deux fois et par la même occasion, ils ont torturé psychiquement la population rifaine deux fois aussi : la première par l’assassinat du martyre, et la deuxième par la falsification du rapport médical réalisé à laboratoire Averroès à Casablanca et du médecin légiste qui a procédé à l’autopsie du corps de Karim LACHQAR et qui précise que le décès est survenue suite à une hémorragie interne et que le défunt est décédé une heure avant son arrivée à l’hôpital à 4h15 !

Les discours du pouvoir criminel marocain est un crime annexera à la longue liste des crimes exercé par ce pouvoir dite « moderne » dans un État dit « État de droit » alors qu’il est un État de mafia qui tue encore les voix qui n’acceptent pas ses conspirations.

Ce dernier crime nous rappel d’autres crimes exercé par le pouvoir de Mohamed VI, pareillement comme le pouvoir de son père le criminel Hassan II depuis la naissance de l’État marocain en 1956. Des crimes de 1958 / 1959 à celui du dernier martyre, en passent par celles de 1984, 2004, 2005, 2011, 2012, 2014…. Karim alors n’était pas le premier et ne sera pas le dernier !

Uniquement dans les quatre dernières années, la police coloniale marocaine a torturé à morte 5 jeunes à l’intérieur du même commissariat ou la police assassinait Karim LACHQER, ensuite ils ont brulé leurs cadavres dans une agence bancaire pour faire croire à l’opinion publique nationale et internationale que ces jeunes sont des « voleurs » ayant voulu voler l’agence bancaire. Le lendemain, 21 / 02 / 2011, un manifestant a été renversé par un véhicule des forces auxiliaires à Imzouren.

Huit (8) mois après, le 07/10/2011, à l’occasion de la visite du tyrannique Mohamed VI dans le Rif, deux petits enfants à Ajdir ont été renversé par les véhicules de la garde royale qui accompagnait le « roi-prédateur », mais personne n’a parlé de ce crime grave.

Le 27 octobre le pouvoir meurtrier assassinait le militant Kamal HASSANI dans la localité d’Ait Bouayach par l’un de ses « auxiliaires ».

Entre le 08 et le 11 mars 2012, ce même pouvoir assassin envoyait en marge des manifestations qui déroulaient, toutes ses forces de répression à Ait Bouayach pour torturer, violer, et détruire les biens des habitants, et pour arrêter les militants, dont certains d’eux ont sont encore dans les cellules du régime. Une violation systématique des plus élémentaires principes des droits de l’Homme qui avaient pour bût de liquider toute esprit de résistance de la population amazighe Rifaine contre la tyrannie du makhzen.

Le degré de la violence exercée n’est pas sans rappeler, dans la mémoire des habitants, les évènements de 1958/59. Sans doute le pouvoir a-t-il voulu montrer que lui, en tous cas, n’a pas oublié ces tragiques évènements et qu’il est prêt à recommencer. Le Rif est, dans les codes génétiques du Makhzen, une tache sombre et il a raison par ce que dans le Rif, la dignité rebelle, amazighe et populaire a un autre code génétique.

Moi-même, qui écris ces lignes pour témoigner des horreurs du makhzen dans le rif, le 29 janvier 2012, j’ai fait l’objet une tentative d’assassinat par deux auxiliaires du Mekhzan dans notre maison familiale à Al-Arouit, et à ce jour, je porte une invalidité partielle de 20%

Aujourd’hui la police coloniale tue de sang-froid un autre militant syndicaliste ! Et cela sans parler des autres victimes de négligence médicale dans les hôpitaux du Mekhzan, en particulier celle du cancer qui ravage encore des centaines des âmes chaque année.

Ce qui est vraiment regrettable dans tout ça, c’est qu’on voit certains individus, porteurs d’un langage revendicatif, demander à ce pouvoir assassin, auteur du crime commis contre la victime, « d’ouvrir une enquête » et de « dire la vérité a l’opinion publique »… ce qui est totalement absurde ! et le pire c’est que cela laisse le laisse le champs totalement libre au bourreau pour continue à faire ce qu’il veut, comme il veut, étant donné l’absence d’une vraie force de résistance, surtout que certains « esclaves » de la société civile applaudissement cette illusion appelée «ale transition démocratique » depuis l’arrivée de Mohamed VI au trône en 1999 et qui va dans le même sens que le discours fallacieux du makhzen pour faire croire le Maroc devient un « État de droit », surtout après le comité dit « équité et réconciliation » qui a falsifié toutes les vérités liés à l’histoire des années soixante, soixante-dix. .etc. … C’est-à-dire les années de plomb !!!

Qui a dit que ces années de plomb passeraient sans retour ? Qui a dit que le Maroc est un Etat de droits qui a déjà réalisé la réconciliation en rendant hommage aux martyrs des années de plomb de la deuxième moitié du siècle dernier ? Qui a dit que la répression n’existe plus sous le règne d’un roi dit jeune ? Qui ose dire que le Maroc est un État de droit ?

Le Makhzen est une organisation mafieuse qui ne comprend pas la langue de la démocratie et encore moins celle des droits de l’homme. Depuis la colonisation du Rif, le Makhzen torture, assassine, éloigne et affame les Rifains. Pendant ce temps, les porteurs du « langage revendicatif » lui demande de « démocratiser » la vie politique et les instantes publiques de l’État ?!…Sauf qu’ils oublient une chose essentielle, c’est que le Makhzen ne comprend que son propre langage qui est celui de la spoliation, des crimes en tous genres, de la torture et de l’assassinat ! C’est-à-dire qu’il n y’a pas de solution à la tragédie rifaine en dehors d’une vraie révolution contre ce régime mafieux. Pour établir la sécurité, la paix et la prospérité, il n’y a pas d’autre solution que décoloniser le Rif pour y construire un vrai État de droit.

El Azrak Fikri

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SIWEL 302024 MAI 14

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