OSLO (SIWEL) — Le prix Nobel de la paix a été conjointement attribué ce vendredi à l’adolescente pakistanaise Malala Yousafzay et à l’Indien Kailash Satyarthi «pour leur combat contre l’oppression des enfants et des jeunes et pour le droit de tous les enfants à l’éducation» a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland. A 17 ans, la jeune Malala, militante pour le droit à l’éducation des filles devient la plus jeune Prix Nobel de la paix et la seizième femme récompensée. Agé de 60 ans, Kailash Satyarthi est un activiste un indien qui lutte contre « la grave exploitation des enfants à des fins de profits financiers »
Le comité Nobel dit avoir accordé une importance particulière au fait d’avoir récompensé simultanément un hindou et une musulmane, un Indien et une Pakistanaise.
En effet, le partage du prix Mobel entre Malala Yousafzaï et Kailash Satyarthi est hautement symbolique dans le contexte des tensions entre indous et musulmans en Inde en particulier où les deux religions coexistent difficilement. Au Pakistan, en revanche, si l’islam est la seule religion et qu’il n’y a pas, de fait, de tension entre les religions, les femmes subissent par contre le dictât des talibans.
De plus, cette année, le prix Nobel de la paix a lieu dans un contexte particulier de violences religieuse avec l’émergence du groupe terroriste de l’Etat islamique, mais ce qui motive surtout ce Nobel, c’est que les deux lauréat défendent tous deux le droit des enfants…de tous les enfants, de n’importe quelle religion, qu’ils soient filles ou garçons, riches ou pauvres.
Le prix sera remis aux deux lauréats à Oslo le 10 décembre, date anniversaire de la mort d’Alfred Nobel. Malala Yousafzaï et Kailash Satyarthi se partageront une récompense de 8 millions de couronnes suédoises, soit 870.000 euros.
Qui sont les deux lauréats du prix Nobel de la paix ?
Malala Yousafzay
Malala est une adolescente de 17 ans mais déjà une vieille militante pour le droit à l’éducation des femmes. Elle aest devenue le symbole mondial de la lutte contre l’intégrisme religieux après avoir échappé à une attaque des talibans. En effet, le 9 octobre 2012, des talibans font irruption dans son bus scolaire à la sortie des classes à Mingora, au nord-ouest du Pakistan et lui tire une balle dans la tête qui traverse le côté gauche de sa tête et ressort par la nuque. L’adolescente est évacuée en urgence en Angleterre. Six jours plus tard, Malala reprend conscience. Elle est sauvée
Malala a commencé son combat en 2007, quand les talibans décident d’imposent leur loi dans la vallée de Swat où réside la jeune fille. Alors à peine âgée de11 ans, Malala qui est la fille d’un directeur d’école, alimente un blog en langue ourdou sur le site de la BBC dans lequel elle plaide pour le droit des jeunes filles à l’éducation. Les talibans estiment que la jeune fille est coupable de véhiculer «la propagande occidentale» et décident d’éliminer la jeune fille alors âgée de 13 ans et la tentative d’assassinat aura effectivement lieu.
L’adolescente échappe à la mort grâce à son transfert en urgence en Angleterre. Elle conserve quelques séquelle physique au visage, comme le coin de la bouche qui demeure paralysé mais elle est bien vivante et plus que jamais militante. En 2013, lors d’un discours au siège de l’ONU Malala affirme que «la plume est plus forte que l’épée», « Prenons nos cahiers et nos crayons. Ce sont nos armes les plus puissantes » avait clamé la jeune fille. Installée en Grande-Bretagne, où elle avait été soignée après l’attaque terroriste dont elle avait été victime, Malala Yousafzaï a créé une fondation et soutient les campagnes en faveur de l’éducation des enfants, en particulier au Pakistan, au Nigeria, en Jordanie, en Syrie et au Kenya.
Kailash Satyarthi
Agé de 60 ans, Kailash Satyarthi est un militant indien qui s’inscrit « dans la tradition de Gandhi », qui a « dirigé diverses formes de contestation et de manifestations, toutes pacifiques, contre la grave exploitation des enfants à des fins de profits financiers » Selon les termes du comité Nobel
En 2005, une chaîne américaine avait consacré un reportage sur «Les nouveaux héros» dont fait partie Kailash Satyarthi. Cela fait 30 ans que cet activiste indien milite contre l’esclavage des enfants en Inde. Un phénomène touchant essentiellement les enfants des bidonvilles qui sont des proies faciles pour les prédateurs en tous genres. Les enfants sont enlevés, ensuite ils sont forcés à se prostituer, à mendier ou à travailler dans des conditions inhumaines. En 2011, en réaction à la mort d’un enfant de 10 ans, battu à mort par son patron dans une manufacture de tabac à Delhi, Kailash Satyarthi choisit la méthode forte. Avec son ONG, Bachpan Bachao Andolan (BBA, Révolution pour sauver l’enfance), il lance des opérations sur les sites soupçonnés de retenir des enfants, y compris en plein cœur de la capitale. Parfois, les membres de la BBA devaient repousser des attaques violentes qui tentaient de leur reprendre les enfants. Ce courage a été salué par le comité du prix Nobel: «au prix d’un grand courage personnel, Kailash Satyarthi, a mené, dans la droite ligne de Gandhi, des manifestations toujours pacifiques contre l’exploitation infantile.» a affirmé le comité Nobel.
Kailash Satyarthi est une star en Inde, où l’on dit qu’il a libéré au moins 80 000 enfants du travail forcé. Brillant ingénieur électricien, destiné à une brillante carrière, il délaisse tout à l’âge de 26 ans pour se consacrer aux millions d’enfants condamnés aux travaux forcés en Inde. Kailash Satyarthi se donne pour mission de porter secours aux employés mineurs réduits à l’état d’esclaves dans les usines indiennes où, à longueur de journée, ils doivent effectuer les tâches les plus pénibles, et sont victimes de toutes les violences, y compris sexuelles.
Avec AFP, Reuters
SIWEL 101621 OCT 14