DIASPORA (SIWEL) — Le père fondateur de l’Académie berbère avec Muhend Arab Bessaoud et premier président de cette institution amazighe, Abdelkader Rahmani, a rendu l’âme dans la nuit du mardi au mercredi, à l’âge de 92 ans, en Indre-et-Loire (France) où il a passé ses dernières années. Il avait tenté à maintes fois de rentrer dans sa Kabylie natale mais l’Etat algérien lui a opposé une fin de non-recevoir.
Après des déboires avec l’armée française, il sera mis à la touche. Pourtant quelques années plus tard, alors qu’il était « chômeur », il lui fut proposé le poste de Directeur et Délégué Général de Hachette et des NMPP (nouvelles Messageries de la Presse Parisienne) pour l’ensemble de l’Afrique en pleine ébullition décolonisatrice.
Profitant de cette position confortable de « Monsieur Hachette et NMPP » en Afrique, qui aurait corrompu les idéaux de plus d’un homme, Abdelkader Rahmani, à l’ombre d’une nouvelle clandestinité, réalisa un des projets révolutionnaires les moins connus de l’histoire de la guerre d’Algérie : le maquis Kabyle dès l’indépendance pour renverser les gouvernements scientifico-socialistes et sclérosants pour l’Algérie nouvelle de Ben Bella et Boumediene. Krim Belkacem, qui partageait déjà la tente d’Abdelkader Rahmani aux Chantiers de Jeunesse, et le Colonel Mohand Oulhadj furent ses compagnons d’armes.
Passant six fois devant les tribunaux, crachant sur les ministres venus porter l’accusation, le Lieutenant Rahmani fut finalement condamné à mort par contumace sous Boumediene pour création de l’Académie Berbère et négociation de paix avec Ben Gourion, Shimon Peres et Golda Meir. Condamnation à mort toujours effective à ce jour, Abdelkader Rahmani restera en exil depuis ce jour, il ne foulera plus jamais sa terre natale de Kabylie.
Pour rappel, le père de Abdelkader Rahmani, Slimane Hadj Rahmani, était un écrivain kabyle, auteur de plusieurs ouvrages traitant de la société kabyle. Né en 1893 à Tidhelsine, un village d’Aokas, il est mort 1964 à l’âge de soixante-et-onze ans. Contrairement à son fils condamné à l’exil par les autorités coloniales algériennes, feu Slimane Rahmani a été enterré au cimetière Sidi M’hand Aghrib d’Aokas.
Source Tamurt
SIWEL 051735 SEP 15