RIFLAND (SIWEL) — Un débat secoue la société civile dans le RIF au sujet des liens de causalité entre la guerre chimique menée par l’Espagne contre le RIF durant la guerre du RIF, menée par AbdelKrim et les ravages du Cancer qui décime, encore à ce jour des centaines de vies humaines dans ce même Rif. Rachid Oufkir a jugé utile de traduire un article un article paru dans un journal arabophone, El Massae.
Mohamed Ameziane/Trad. R.Oufkir
Le plus important dans le débat au sujet de la mort des Rifains à cause du cancer et sa «relation» avec la guerre chimique menée par l’Espagne contre le RIF au milieu des années vingt du siècle dernier, est d’avoir attiré l’attention sur cette question très sensible.
M. le ministre de la santé Hassan El Ouardi, a nié toute relation de «cause à effet» entre deux choses (la mort et la guerre), et la chercheuse espagnole Maria Rosa de Madariaga, à son tour, a nié l’existence d’une telle relation, ce qui a déclenché l’ire de la société civile dans le RIF et des militants défenseurs des droits humains qui ont critiqué le ministre et la chercheuse espagnole.
Le ministre de la Santé a dit que «les chiffres » ne démontrent pas que les cas du cancer sont plus élevés dans le RIF que dans les autres endroits du pays. Sa déclaration est tout à fait claire, cependant on peut se demander s’il s’est basé sur des données auxquelles seul lui en personne il a accès et donc dissimulées au public? Il semble que la déclaration du ministre était une «réaction» à des «rumeurs», alors il a voulu couper court à la polémique. Toutefois, le ministre s’est mis devant une grande responsabilité morale et politique.
Moralement, il doit réconforter les familles des victimes, qui ont pensé que les conséquences de la guerre coloniale sont derrière le massacre de cancer dans le RIF. Politiquement, monsieur le ministre se place dans le devoir de clarifier à l’opinion publique marocaine les raisons de la propagation de cette maladie mortelle non seulement dans le RIF, selon ses dires ,mais aussi dans le reste endroits touchés, et quel est le chiffre réel des victimes qui tombent chaque année à cause de cette maladie, puis ouvrir la voie devant les spécialistes, pour étudier les faits et les chiffres afin de faire les comparaisons nécessaire, et enfin annoncer l’identité de la région la plus touchée par cette maladie mortelle, enfin vient la responsabilité de l’État, du gouvernement et du ministre afin d’élaborer un plan pour déceler les causes et travailler pour trouver des solutions.
Ce n’est un secret pour personne que l’actuel ministre de la Santé a hérité d’un secteur malade dans tous les sens du mot, et il fait, par ailleurs, un excellent travail de restructuration du secteur de la santé publique et affronte la puissance du secteur privé, y compris ses avantages et ses inconvénients. Tout le monde sait aussi que le cancer est l’une des causes principales de décès dans le monde et pas seulement au Maroc, et les progrès scientifiques dans le domaine de la médecine parviennent à des résultats partiels contre le cancer, mais la bataille est toujours de long terme.
Ce qui est reproché au ministre est, en fait, de s’être impliqué dans des controversés plutôt «droit humains», «historique» et «émotionnelle» plus qu politique, que certains partis politiques essaient d’exploiter pour des enjeux électoralistes. Le problème aussi est qu’il n’a pas fourni à ce jour le moindre chiffre indiquant la validité de ce qu’il a prétendu, de ce fait, il reste comptable d’une clarification à l’opinion publique marocaine comment est-il arrivé à de tels résultats?
La chercheuse espagnole Maria Rosa de Madariaga, une chercheuse compétente et connait très bien l’Histoire de RIF plus que beaucoup d’universitaires marocains, elle était l’une des premiers chercheurs qui ont mentionné la question de l’utilisation de façon systématique des gaz toxiques dans le RIF . La chercheuse a déjà publié des études élaborées dans ce domaine , et si elle a nié le "lien de causalité" entre l’utilisation de gaz toxiques et le cancer dans le RIF, il n’en reste pas moins qu’elle s’est incrusté dans un domaine qui n’est pas le sien, puisqu’elle est historienne de formation et non pas un médecin spécialisé dans le diagnostic du cancer, ni non plus une bactériologue ou travaillant dans le laboratoire des analyses médicales . C’est un tout autre domaine de spécialisation.
La chercheuse espagnole a présenté dans l’une de ses études un ensemble de documents très importants expliquant ce que les dirigeants espagnols prévoyaient de faire afin de soumettre le RIF par l’utilisation des gaz toxiques, en particulier le bombardement des agglomérations de population tels que les villages, les marchés hebdomadaires , en plus d’un ensemble d’études historiques publiées récemment tels les recherches de l’académicien Sébastian Balfour dans ses études universitaires publiés en anglais et en espagnol sous le titre de « L’étreinte mortelle : le Maroc et la route vers la guerre civile espagnole."
La question de l’usage des gaz toxiques ou non n’est pas le sujet du débat actuel, contrairement à ce que certaines personnes prétendaient en commentant les déclarations du ministre et de la chercheuse espagnole. L’essence de la question réside dans ce chaînon manquant entre la mort des RIFAINS à cause du cancer et la guerre des chimique dans les années vingt du siècle dernier, aussi puisse monsieur le ministre nous aider afin de résoudre cet énigme ?
Article publié mardi 03 mars 2015 dans ELMASSAE
Traduit par Rachid Oufkir
SIWEL 051125 MARS 15