CONTRIBUTION (SIWEL) — Dans cette contribution, Mack Ait Aoudia rappelle la finalité des structures du MAK-ANAVAD est d’aller de jalon en jalon vers l’indépendance de la Kabylie, que le contributeur décrit comme « le grand projet kabyle jamais entrepris ». Ainsi donc les hommes agissent mais passent, les structures cadrent mais évoluent et tout cela dans l’unique objectif de faire aboutir la cause.
Malgré donc tous ces avancements et acquis, il est des choses – plusieurs choses- qui n’ont pas évolué. La diversité des opinions et des façons de faire accepter au sein du mouvement de lutte ainsi que les divergences sur la fin et les moyens ont créé des conditions qui ne sont pas favorables à l’émergence, à l’identification précise et à l’élévation de la cause. La grande cause. Il n’y a pas de cause communément admise aujourd’hui. Pour les uns, c’est l’indépendance ou l’autonomie, pour les autres, c’est l’Algérie ou Tamazgha. Y en a même qui croient encore naïvement à la démocratisation de l’Algérie. Pourquoi pas, tant qu’on y est, un smig plus élevé et un logement pour tous ! C’est n’importe quoi. Ce n’importe quoi, qui n’est que le manque de profondeur en réalité, prend la forme de la diversité d’opinion. Parfois, il est tracé comme la marche à suivre. Rappelez-vous la plateforme de Leqsar, ur tettnuz ur trehhen, immuable et non-négociable qui demandait rien de moins que la refonte de l’état et changement de système ! Quelle naïveté !
Cet état des choses a donc empêché l’émergence de la cause kabyle.
Pour qu’il y ait une cause ou émergence d’une cause, ça prendra l’adhésion massive des Kabyles à l’une des avenues. Cette avenue, il faut l’ancrer dans les têtes et les cœurs des gens en les convaincant de la nécessité de sa réalisation et surtout des conséquences de sa non-réalisation. Vuâziz, président du MAK, est dans cette optique en sillonnant la Kabylie. Ça prendra un certain temps et quelques autres mesures avant de juger du succès de l’entreprise du MAK sous son leadership. Mais l’effort et la volonté de réussir sont indéniablement là.
Une fois que l’émergence d’une cause concrétisée, il faudra inscrire cette dernière dans la durée et pour se faire, il faut l’élever au-dessus des Hommes. Pour qu’une cause survive aux Hommes, il lui faut une prise en charge et une stimulation continue via des structures. Les structures sont les partis et mouvements politiques et leurs activités nourrissent la cause en permanence.
L’erreur monumentale faite par les Kabyles durant les années de lutte, c’est de ne pas avoir dissocié les structures des hommes. Ainsi, le FFS est à la dérive sans Hocine Ait Ahmed. Le RCD est aux abois sans Saïd Sadi. MCB est disparu suite à son abandon par ses principaux animateurs. Je peux citer plusieurs autres exemples. Bien entendu, le MAK a déjà survécu à plusieurs chefs, mais c’est en partie parce que Ferhat est dans les parages avec l’Anavad.
Il est donc de la responsabilité de chaque souverainiste kabyle de porter haut et fort notre cause. De parler de la cause partout et de refuser et surtout de réfuter toute association forte entre les hommes et cette dernière. Ce n’est diminuer en rien l’apport de nos hommes militants à la cause. Ils méritent tout notre respect et notre admiration. L’Histoire retiendra sûrement leurs noms. Leurs efforts et faits d’armes seront connus. C’est grâce à leur détermination, leur courage et leur intelligence que la lutte a commencé et continue encore. Mais il est capital de comprendre qu’aujourd’hui, l’indépendance de la Kabylie ce n’est pas Ferhat Mehenni ni Bouaziz Ait Chebib même s’ils la portent. L’Anavad et le MAK sont des structures pour soutenir et faire aboutir la lutte pour l’indépendance. Ils appartiennent à tous et leurs portes sont ouvertes à tous. La cause n’est donc pas le MAK ou l’Anavad. Elle n’est pas Ferhat Mehenni ou Bouaziz Ait Chebib non plus. C’est l’Indépendance tout court et rien de moins ! C’est le grand projet kabyle jamais entrepris.
Mack Ait Aoudia
SIWEL 182220 OCT 16