TRIPOLI (SIWEL) — Le Parlement libyen, à l’issue d’un vote, a annoncé ce mercredi après-midi son intention de prendre comme source la charia pour les textes de loi, les institutions et la future Constitution. Les courants islamistes étant particulièrement réfractaires au fait amazighe, quel sera la position et l’avenir des amazighs dans un Etat dominé par les islamistes et la Charia? la question se pose avec d’autant plus d’acuité qu’il est maintenant avéré que les démocraties occidentales soutiennent bel et bien les islamistes et même les salafistes, comme c’est le cas dans l’Azawad où les islamistes ont été réhabilités par la France à travers les récents élus islamistes issus des groupes terroristes Ansar Dine et Mujao où encore en Syrie où c’est encore plus flagrant avec l’aide logistique accordée aux salafistes de « la rébellion ».
C’est le 24 décembre que les élections doivent avoir lieu pour désigner les soixante membres de la commission en charge de la rédaction de la future Constitution libyenne. Mais ces élections sont boycottées par les amazighs de Lybie (touaregs, Nefussa, Zuwara, Nalut, Yefren, At Willul,etc) et par le Toubous en raison de la sous représentation des Amazighs et des Toubous avec la loi électorale mise en place par le Congrès général libyen qui aboutit une prévision de 6 sièges pour les amazighs sur les 60 de l’assemblée constituante. Cette loi a été catégoriquement rejette par les amazighs et a entraîné la désobéissance civile de ces derniers avec le concours des Toubous également. Voilà une action politique majeure totalement ignorée par les médias occidentaux, en particuliers français. La presse internationale s’est résignée à évoquer les actions des amazighs quand ils ont bloqué les sites gaziers et pétroliers qui mettaient en difficulté la rente économique des hydrocarbures.
Depuis, le ministère de l’éducation libyenne a affirmé que la langue amazighe "va être" enseignée comme une matière officielle dans les écoles des régions amazighes à partir de Janvier 2014. C’est du moins ce qu’avait déclaré, a un journal libyen anglophone, Mustafa Ajala , le chef du cabinet du ministre libyen de l’Éducation, Mohammed Hassan Abubaker.
Cette "concession" aux amazighs n’a été "lâchée" qu’après le blocage de plusieurs sites gaziers et pétrolier par des groupes armés amazighs qui sont venus se rajouter aux blocages pétroliers de l’Est où la Cyrénaïque avait déclaré son autonomie de fait, refusant de reconnaitre le gouvernement de transition libyenne, le Congrès général Libyen.
Ainsi, la concession d’enseigner tamazight comme langue officielle ne peut être qu’une manœuvre des islamistes pour gagner du temps et éviter d’être sur deux fronts: celui de la Cyrénaïque et celui des amazighs; Car sur le plan politique, le statut de la langue Amazighe est loin d’être gagné et continue d’être une source de discorde au sein du Congrès National General, le même parlement qui vient de voter l’application de la charia. En effet, le 24 Novembre dernier, l’accord verbal des membres de ce Congrès pour l’officialisation de Tamazight ne s’est pas traduit dans la réalité des votes où il fallait 121 votes l’approuver, seuls 108 membres ont voté pour. Le conseil des amazighs de Libye, qui s’en est irrité, aura-t-il les moyens de s’imposer face à l’internationale islamiste dont le parlement libyen est partie intégrante?
Comme l’Égypte et la Tunisie, le "printemps arabe" a accouché d’un hivers islamiste en Libye dominé par les Frères musulmans, structurés, organisés et surtout soutenu par les monarchies du Golf comme d’ailleurs par les démocraties occidentales.
zp,
SIWEL 042308 DEC 13