CHRONIQUE (SIWEL) — Ce n’est pas à nous de compter sur la Kabylie, c’est à la Kabylie de compter sur nous !
L’à-plat-ventrisme qui a fait des ravages dans les rangs de la société kabyle est sans commune mesure, y compris au sein d’une frange de l’élite qui est, en principe, censée indiquer le meilleur des itinéraires qui nous permettrait de sortir des ténèbres de l’ignorance.
Nous voici, depuis plus d’un demi-siècle, confrontés à un obscurantisme des plus destructeurs, et beaucoup de Kabyles, toutes classes sociales confondues, se contentent d’accepter leur sort et de mettre celui-ci sur le compte du fatalisme.
Si l’on se réfère à, au moins, un vieux dicton de nos aïeux, » lève-toi pour voir, fonce pour saisir, reste assis, tu n’as rien, » qui nous incite à prendre au vol tous les moyens pour nous en sortir et avancer droit vers une meilleure vie, nous comprendrons aisément que seuls, le courage, la volonté et la détermination peuvent faire de nous des hommes et femmes à même d’atteindre des objectifs que certains esprits chagrins croient utopiques.
Que l’on veuille ou non, très peu d’entre nous kabyles, avertis, acceptent leur condition de vie, mais sommes-nous assez nombreux à être réfractaires à tel ou tel mode de vie imposé ? Nous avons tellement été marqués, au fer rouge, par les invasions, les occupations et autres colonisations que certains sont terrifiés par l’idée de redevenir eux-mêmes. Heureusement que toutes et tous ne s’en accommodent pas. Comment faire, dès lors, pour amener les fatalistes à accepter le fait que c’est à eux de faire l’effort de rejoindre les rangs de celles et ceux qui se battent en faveur de la dignité, de la liberté et de l’indépendance de la Kabylie, dont nul ne peut faire mine d’ignorer que les sillons de sa terre ont été tellement arrosés du sang de ses enfants ?
Y compris parmi les plus cultivés, on a comme impression que la servitude volontaire, chère à La Boétie, ne semble pas les incommoder outre mesure. Que leur a-t-on murmuré à l’oreille pour qu’ils se renient, qu’ils se fondent dans un environnement insensé qui ressemble, à s’y méprendre, au temps des cavernes ?
Pourquoi, diable, des hommes et des femmes qui ont les capacités de penser par eux-mêmes, se laissent influencer et embarquer par une idéologie qui les transforme en pâte à modeler ?
Dans la Kabylie d’antan, l’opinion libre était de mise et est respectée tant qu’elle ne déborde pas sur celle des autres.
C’est cette Kabylie que nous sommes déterminés à réhabiliter dans toutes ses vraies valeurs. Que ceux et celles qui croient que nos aînés(es) se sont sacrifiés(es) pour de misérables pensions, et non pour notre liberté, revoient leur copie, comprennent que cette liberté n’a pas de prix, et que nous sommes, hélas, loin de la vivre pleinement.
Seule la Kabylie souveraine nous permettra d’atteindre cet objectif, auquel la jeunesse kabyle doit s’y atteler courageusement et mettre un terme définitif à cette identité, dévastatrice, de substitution.
Arracher la Kabylie des griffes de ses bourreaux, la sortir de l’impasse, c’est le devoir de tout Kabyle normalement constitué ! Ar tufat.
A.T (Tayeb Abdelli)
SIWEL 262300 Aug 17 UTC