OTTAWA(SIWEL) — Le 6 novembre 2016, le 1er ministre, Mas Lhacène Ziani et 3 ministres de son gouvernement se sont déplacés dans la capitale fédérale du Canada pour tenir une conférence afin de rappeler les priorités du gouvernement kabyle et les projets en cours de chaque ministre. C’était également l’occasion d’installer la section MAK-Anavad Ottawa.
De l’importance de la réhabilitation de la toponymie kabyle et d’une Académie Kabyle
De son côté, le ministre de la langue et de la culture, Mas Karim Achab, a mis l’accent sur l’aménagement linguistique et l’urgence d’avoir une vision claire et une politique linguistique porteuse. Il a expliqué que la politique linguistique consiste en deux volets. Il y a un volet qui porte sur des décisions administratives qui doivent être prises. Un exemple de telles décisions est la réhabilitation des noms de lieux authentiques qui ont subi l’arabisation. Il n’y a aucune raison, explique-t-il, de continuer à désigner une commune comme At Dwala ou At Yenni sous la forme arabisée Beni Douala ou Beni Yani. Les noms de lieux authentiques renferment une mémoire collective et font partie du patrimoine culturel à préserver. Il en est de même pour tous les autres noms de lieux y compris les rues et les bâtisses dont la fonction est aussi de rendre hommage aux acteurs culturels de la région ou à travers l’histoire.
L’urgence, selon lui, est de donner des noms kabyles aux rues et tous les endroits de la Kabylie. À ce titre, il a dénoncé le fait que l’État algérien s’oppose à l’idée de donner le nom de Matoub Lounès au stade du 1er novembre : « Il faut écouter le peuple kabyle et respecter ses doléances», dira-t-il en insistant sur la stratégie d’attaquer le pouvoir jacobin d’Alger avec et par ses propres lois.
Le deuxième volet de la politique linguistique porte sur la standardisation ou la normalisation du processus de transcription de la langue kabyle, y compris le choix de la graphie à utiliser. Parallèlement à cela, Mas Achab a annoncé le projet de créer une Académie kabyle et un cadre pour protéger les artistes kabyles.
Solliciter les instances internationales et les ONG des droits de l’Homme
Mme Nora Abdaoui, Ministre des Droits Humains, a dénoncé la répression que subissent les militants du MAK et la politique de la terre brûlée instaurée dans toute la Kabylie par le pouvoir dictatorial algérien. Pour contrer tout cela, elle suggère de créer des cellules de crise, d’approcher avec des dossiers bien ficelés Amnesty international et de constituer un collectif d’avocats pour défendre les militants harcelés au quotidien par les services algériens.
De l’économie kabyle et de la sauvegarde du potentiel naturel de la Kabylie
Mas Tahar Ait Abdeslam, ministre de l’Économie et du Développement Durable et Secrétaire Général de l’Anavad Amérique du Nord, souligne qu’il est plus qu’urgent d’identifier les potentialités que recèle la Kabylie en termes humain et de moyens. Aussi, a-t-il ajouté, il faut mener des actions pour la sauvegarde du capital naturel de la Kabylie. Pour ce faire, un fichier statistique pourrait être une assise pour établir un budget fiable de la Kabylie indépendante à long terme. À court terme, deux projets ont été annoncés : une banque kabyle et une TV kabyle.
Mas Mourad Itim, responsable du Fonds de Souveraineté de la Kabylie (FSK) a mis en évidence l’apport que pourrait apporter ce fonds dans et pour la réalisation des projets bien ciblés.
À l’issue des interventions des ministres, un débat riche et constructif s’en est suivi. Ce qui a permis à l’assistance de poser des questions sur les différents thèmes abordés et aux intervenants d’apporter les précisions nécessaires.
Les responsables du MAK-Anavad ont procédé à l’installation de la section de leurs représentants à Ottawa.
La rencontre s’est terminée avec la diffusion de l’hymne national kabyle et une minute de silence à la mémoire de Lounes Kheloui.
La rédaction
SIWEL 092320 NOV 16