NOUAKCHOTT (SIWEL) — « Toutes les violations des droits humains n’ont fait l’objet, à ce jour, que d’un très faible intérêt de la part des organisations internationales des droits de l’homme et du monde libre. Il a fallu la menace terroriste pour que des voix s’élèvent et esquissent des signes d’indignation contre ces violations permanentes ». Les plaintes des victimes n’ont « jamais eu aucun écho », aucune enquête n’a jamais été diligentée. « Les victimes ont régulièrement, et depuis toujours, tenu informé les chancelleries, les ONG et les agences onusiennes en charge des droits de l’homme et les alertes constantes et systématiques sont restées sans suite ».
L’ARVRA est une organisation humanitaire qui fonde son action sur les droits de l’Homme, en particulier sur les droits des réfugiés et des victimes des répressions de l’Azawad. Elle a été créée en 1992, à la suite de la rébellion de 1990. Son objectif est de lutter contre l’impunité des exactions commises par l’armée malienne contre les populations civiles.
Depuis plus de 10 ans, cette association avertissait inlassablement la communauté internationale que « tout règlement du conflit au Mali qui passerait « sous silence » la question des droits de l’homme était inévitablement voué à l’échec ».
Mais en vain, puisqu’il n’y a pas plus sourd que cela qui ne veut pas entendre, et à plus forte raison celui qui se bouche volontairement (et très énergiquement) les oreilles, tout en ayant en plus le culot de parler de principes, de morale et de droits de l’Homme, à l’image de la France, sacrée champion de l’Hypocrisie internationale du fait qu’elle se présente, toute honte bue, patrie des droits de l’homme !
Toujours est-il que les prédictions de l’ARVRA, sommes toutes prévisibles, n’ont pas manqué de se réaliser. Cela n’a pas manqué, la reprise du soulèvement populaire en janvier 2012 par le MNLA est venue rappeler que « lorsque l’injustice et l’impunité sont entretenues, il ne peut y avoir ni paix, ni sécurité ». En effet, aucun peuple au monde ne peut accepter les conditions inhumaines auxquelles sont soumises les populations de l’Azawad, en particulier les touaregs, les fameux peaux-rouges comme les appellent les militaires maliens.
Le MNLA, crée en 2010, a pris la suite des perpétuels soulèvements du peuple touareg. Il s’est constitué en mouvement politico-militaire et enclenche un énième soulèvement pour la reconquête du territoire de l’Azawad, berceau de la civilisation Touarègue, attribué par la France à un Etat totalement artificiel regroupant des peuples incompatibles qui ne partagent ni langue, ni culture ni Histoire, avec en plus un très fort ressentiment des Bambaras, ethnie dominante au Mali contre les touaregs considérés comme un peuple esclavagiste. Et, c’est dans l’ethnie Bambara que la France puise ses chefs d’Etat, selon leurs degrés de cupidité et de docilité.
L’association ARVRA se positionne en organisation humanitaire, hors toute considération politique. Elle ne prend parti pour aucune organisation politique, y compris le MNLA. L’ARVRA tente, avec des moyens dérisoires, de poser un bilan, non exhaustif, des violations des droits l’Homme dans l’Azawad depuis plus 50 ans, depuis que le calvaire, en particulier des touaregs, a débuté à cause du découpage territorial opéré par la France au mépris de la réalité des peuples et de leur Histoires respectives mais peu importe tout cela, la France ne pense qu’à ses intérêts économique et peu importe si elle doit sacrifier, dans des conditions épouvantables, les peuples qui gênent ses noirs dessins.
L’ ARVRA précise que « les informations recueillies ne constituent que des agrégats pour donner une idée de l’ampleur (massive) des violations des droits humains au Mali, une violation que beaucoup essaient d’occulter ou de nier » : Les informations, précise-t-elle encore, ont été collectées sur la base de : « témoignages des victimes elles-mêmes quand elles ont échappé à la mort ou le plus souvent à leurs ayant droits, des témoins, des médias, des organisations internationales des droits de l’homme et souvent aussi des responsables maliens eux-mêmes qui reconnaissent avoir arrêté des personnes ».
« Toutes ces violations n’ont fait l’objet, à ce jour, que d’un très faible intérêt de la part des organisations internationales des droits de l’homme et du monde libre. Il a fallu la menace terroriste pour que des voix s’élèvent et esquissent des signes d’indignation contre ces violations permanentes ». Les plaintes des victimes n’ont « jamais eu aucun écho », aucune enquête n’a jamais été diligentée. « Les victimes ont régulièrement, et depuis toujours, tenu informé les chancelleries, les ONG et les agences onusiennes en charge des droits de l’homme. Les alertes constantes et systématiques sont restées sans suite ».
L’ARVRA a mis en place une base de données nominative et bien documentée (nom, prénom, age, sexe, année, lieu, circonstances, lieux de charniers, tombes, nom de témoins…) : « L’écrasante majorité des victimes est de la communauté touarègue y compris des touaregs à ‘’peau noire ». Les maures constituent le second groupe le plus touché. C’est à partir de janvier 2013, que les militaires maliens commencèrent à s’en prendre aux communautés songhaïs et peulhs. Les peulhs ont été particulièrement victimes d’exécutions sommaires lors de la reprise de Konna par les troupes françaises qui y ont ramené l’armée malienne ».
L’ARVRA décrit « Trois grands épisodes au Mali » qui ont « consacré le règne de violations flagrantes des droits de l’homme, le déni de justice et l’apogée de l’impunité ».
Une première période allant de 1960 à 1990 avec une pointe entre 1963 et 1964 dans les massacres, tueries, viols, extermination du cheptel, traitements inhumains et dégradants, criminalisation de la langue tamashek et de la culture touarègue, empoisonnements des points d’eau. Les touaregs ont été exclusivement visés par toutes ces violations flagrantes des droits de l’homme dans le silence absolu.
Ainsi de 1960-1964 : 265 personnes ont été exécutés sommairement dont certaines en public notamment, devant les membres de leur famille contraint d’applaudir dans la ville de Kidal sous le commandement militaire du capitaine Diby Silas Diarra assistant personnellement aux exécutions qu’il ordonnait.
Une seconde période allant de juin 1990 à janvier 1995 : les exécutions extrajudiciaires avaient été généralisé dans toutes les régions du Nord, des pogromes furent organisés contre les maures et les touaregs dans les grands centres urbains (Bamako, Ségou, Mopti..). ARVRA a mis à jour une liste de plus de 8721 personnes identifiées et estiment sur la base de témoignages à plusieurs centaines les victimes non identifiées
Une troisième période en deux temps :
1) – Entre Janvier et février 2012 au cours de laquelle l’armée malienne dans sa déroute face au mouvement armé de l’Azawad a exécuté au moins une vingtaine de personnes dont une famille de 7 personnes dans les environs de Kidal en février 2012 suite à un bombardement aérien. Auparavant, les militaires maliens avaient exécuté et traîné plus de 10 personnes touarègues dans les rues de Ménaka.
Dans d’autres centres urbains du sud, en particulier à Kati et Bamako, des pogroms ont été organisés contre les populations civiles touarègues et maures entre le 1 et 3 février 2012. Au cours de ces pogroms, les pillages et les saccages des biens de ces populations ont défrayé la chronique à Bamako et dans toute la sous région.
2) – l’opération serval de janvier à mai 2013 : à l’ombre de l’intervention française enclenchée le 11 janvier, les soldats maliens au lieu de sécuriser le territoire reconquis par les français s’attaquèrent férocement aux populations civiles locales : 1643 victimes dont 347 exécutions sommaires (charniers sont mis à jour à Sevaré, Diabaly, Konna, Léré, Gossi, Tombouctou…), 300 arrestations déclarées ayant subi des tortures, 167 personnes disparues, 1235 personnes ont déclaré que leurs boutiques (points de ventes), domiciles, véhicules, épargne, stocks céréaliers, bétail ont été pillés et volés souvent sous les caméras des médias internationaux et avec la complicité active des soldats maliens notamment à Tombouctou le 28 janvier 2013.
En 2013, dans le sillage de l’opération Serval, contrairement aux périodes précédentes, le viol, la torture et les exécutions par arme blanche sont devenus des pratiques courantes utilisées par les soldats maliens. 400 tonnes de céréales ont été détruites, 687 têtes de bétail (bovins, caprins, ovins) enlevées, 43 véhicules volées : en 2013, à l’ombre de l’opération serval, les pillages et destructions systématiques des vivres que les militaires et leurs milices supplétives ne peuvent emporter sont apparues comme de nouvelles pratiques jusque là inconnues à l’armée malienne lors des conflits précédents.
Principaux lieux des exactions : Seribala, Ménaka, Diabaly, Sévaré, Konna, Hombori, Gossi, Axes : Gossi-Tombouctou, Gossi – Gao, Gossi – Rharous, Léré, régions et villes, villages et campements des régions administratives de Tombouctou, Gao et Mopti.
Les témoins sont unanimes à reconnaître que toutes les exactions sont l’œuvre de soldats maliens généralement sous les ordres d’officiers souvent supérieurs. Les colonels Dakouo (Gao) et Sangaré (Tombouctou) sont souvent cités comme ayant personnellement avalisé les tueries, les pillages et viols. La foule a dans la plupart agit sous la protection des forces de sécurité malienne.
Ci-dessous, la note d’ARVRA