ANAVAD AQVAYLI UΣḌIL GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA |
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COMMUNIQUÉ |
Les témoignages des militants du MAK-Anavad, à leur tête les chefs de coordinations régionales, sur ce qu’ils ont enduré cette journée du 20 mai à Tuvirett, sont choquants ! Ils font état de sévices physiques et psychologiques graves, c’est une atteinte à l’intégrité physique et psychologique de nos citoyens. Ces témoignages confirment sans l’ombre du doute les nouvelles méthodes de torture du régime algérien contre nos militants. Ceci va à l’encontre du droit international et de toutes les conventions internationales signées par l’Algérie.
Un mot revient comme un leitmotiv dans ces témoignages pour décrire ce qu’ils ont enduré ce 20 mai 2017 : l’enfer. L’état colonial algérien y a déployé tout un arsenal de guerre : police, gendarmerie, armée de terre et la brigade formées pour lutter contre le terrorisme islamiste. Plus de 16.000 éléments en tout. L’État algérien a choisi de traiter comme des terroristes des jeunes citoyens kabyles qui n’avaient rien prévu d’autre qu’une marche pacifique, tandis que les terroristes de la décennie noire sont reçus avec tous les honneurs par les hauts dignitaires algériens.
Les éléments de cette brigade s’adressent aux militants kabyles en arabe et se montraient encore plus agressifs lorsque ces derniers leur répondaient en kabyle ou lorsqu’ils refusaient de leur répondre en arabe. Les quelques policiers et policières kabyles locaux qui essayaient de les raisonner sont tout de suite sommés de se tenir à l’écart. Ceci est en soi une preuve que nous sommes devant une force coloniale dont les éléments kabyles sont recrutés comme des subalternes au sein même du commissariat de Tuvirett.
Le récit des militants de ce qu’ils ont vécu lors des arrestations et dans ce commissariat, publiés par Siwel, concordent tous. D’abord lors des arrestations, nos militantes et militants sont trainés à terre. S‘ensuit une pluie des coups de matraque, de poing et de pied, à la tête, au ventre et au dos. Des insultes indignes de corps constitués sous l’autorité d’un État. Une fois au commissariat, ils sont détenus dans des cellules, de nouveau attaqués physiquement, gifles, matraques, coups de poing, coups de pied, insultés et forcées à rester debout pendant plus de huit heures, avec interdiction de s’asseoir, privées d’eau et de nourriture et violentés des heures durant. Selon le témoignage de Massa Rachida Ider, Présidente de la Coordination Ouest du MAK-Anavad, une militante, prise d’un malaise, a essayé de s’asseoir et aussitôt des coups de pieds pleuvent sur son dos et son ventre pour la forcer à se lever jusqu’à évanouissement avant d’être évacuée aux urgences.
Une autre militante, se sentant suffoquée, a demandé à ce que l’on ouvre la fenêtre, elle a reçu une plie de gifles comme réponse. Dans un autre cas, rapporté par Lazhar Bessadi, pour l’humilier, un policier a tenté de le déshabiller avant que le militant en question le repousse en lui disant qu’il pouvait se déshabiller tout seul et que la nudité ne lui faisait pas peur. Kouceila Ikken, chef de la Coordination Est du MAK-ANavad, déjà amputé de sa jambe gauche lors du printemps noir de 2001, fut traîné par terre par cinq policiers et roué de coups de poing et de pied en plein visage. À deux militantes allongées par terre et qui refusaient de se lever, on a fait croire qu’on allait leur passer sur le corps à l’aide d’un land-rover qui s’approchait d’elles à haute vitesse avant de ralentir. Un policier a également menacé de façon explicite de tuer Lazhar Bessadi.
Toute cette armada, sous l’autorité de l’État algérien, et tous ces traitements violents contre nos militants pacifistes, démontrent encore une fois que seul un État kabyle peut protéger la Kabylie et ses enfants. En Europe, même les terroristes poseurs de bombes sont traités d’une meilleure façon une fois arrêtés et ils ont le droit de ne pas parler sans la présence de leur avocat sans même qu’on porte atteinte à leur intégrité physique et psychologique.
Les témoignages sont nombreux et détaillés pour que nous puissions les reprendre tous ici. Nous invitons les citoyens kabyles à les lire sur le site de Siwel et à suivre les consignes du MAK-Anavad pour les dénoncer. Un rassemblement de protestation a déjà eu lieu devant l’ambassade d’Algérie à Paris. Il n’est pas exclu que d’autres rassemblements suivent. Nous demandons aux citoyens kabyles de rester à l’écoute.
Le MAK-Anavad documente tous ces témoignages et usera de toutes ses forces pour que les auteurs et leurs responsables répondent de leurs actes devant les instances internationales. Les militants se sont déplacés à Tuvirett pour affirmer une vérité, à savoir que la population de Tuvirett, à l’instar de celles de Tizi-Wezzu, Vgayet et Vumerdas, a le droit de célébrer les fêtes kabyles comme Yennayer et le 20 avril, la journée des deux printemps kabyles. Le régime algérien pense pouvoir isoler par la force Tuvirett du reste de la Kabylie pour l’aligner sur les autres régions d’Algérie déjà arabisées et salafisées. Aucun kabyle digne de ce nom ne peut accepter une telle tentative. Dès lors, la question dépasse l’espace de Tuvirett et devient une question nationale kabyle. Par conséquent, l’appel pour affirmer la kabylité de Tuvirett le 20 mai était justifié et légitime. Affirmer la kabylité de Tuvirett était une nécessité et nos militantes et militants étaient déjà conscients des risques encourus. Ce fut un acte de bravoure et de courage. Grâce aux valeureux militants du MAK-Anavad, ceci est maintenant fait et le 20 mai est de ce fait rentré dans les annales de l’histoire de la Kabylie qui sera célébrée chaque année. Désormais, Tuvirett a sa date.
Nous demanderons officiellement au président du MAK-Anavad d’incorporer au calendrier officiel kabyle la journée du 20 mai comme Journée nationale de Tuvirett. Cette journée sera consacrée à l’histoire de Tuvirett et aux aspects culturels locaux; elle sera marquée par l’organisation d’expositions et de conférences mettant en valeurs les artistes et les produits locaux. Ainsi, le sacrifice de nos militants lors de cette journée ne sera pas vain.
Nous, membres du Gouvernement provisoire kabyle (Anavad), tenons à rendre un vibrant hommage aux militantes et militants qui ont affronté la barbarie des forces algériennes, tout comme nous les assurons de tout notre soutien et de toute notre sympathie. Nous ne ménagerons aucun effort pour que justice leur soit rendue.
Les membres l’Anavad,
Lhasen Ziani, Premier Ministre,
Nora Abdaoui, Ministre des Droits de la personne,
Karim Achab, Ministre de la Langue et de la culture kabyles,
Tahar Ait-Abdeslam, Ministre de l’Économie et des finances
SIWEL 232056 May 17 UTC