PARIS (SIWEL) — Dans un message adressé aux congressistes du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) à l’occasion de leur 3ème Congrès ordinaire, M. Ahviv Mekdam, grand militant de la cause kabyle, a tenu à rappeler que l’avenir proche de notre mère patrie, la Kabylie, dépend en partie et dans l’immédiat, de ce que tous, présents à ce rendez-vous important et sur le terrain de la lutte pour la souveraineté nationale kabyle, il faut décider aujourd’hui !
Chers amis, chères amies !
Militants du MAK, sympathisants et amis de la Kabylie !
En ces journées de la tenue du 3eme Congrès du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie, je tiens, en quelques mots, à vous souhaiter la réussite dans vos travaux, l’entente et la cordialité dans vos discussions et de la clairvoyance dans vos décisions.
Clairvoyance, car l’avenir proche de notre mère patrie, la Kabylie, dépend en partie et dans l’immédiat, de ce que vous tous, présents à ce rendez-vous important et sur le terrain de la lutte pour la souveraineté nationale kabyle, décidez aujourd’hui ! Le temps et le contexte international joue contre nous à moins que nous puissions, comme l’ont fait nos anciens, renverser la donne.
Oui, nous pouvons !
Nous venons de le constater, encore une fois et à nos dépens, que seul un État Kabyle souverain en territoire kabyle et émanant du Peuple kabyle, pourra protéger les enfants de la Kabylie, promouvoir la langue et la culture kabyles et développer le pays kabyle. L’impossibilité à Ferhat Mehenni, fondateur du Mouvement, de se rendre à l’enterrement de son frère, le harcèlement que subit la militante et nouvelle présidente du CMA, Kamira Nait Sid, les intimidations et les arrestations que subissent les militants kabyles, en Kabylie ou dans les aéroports et les consulats algériens, sont là pour nous rappeler que nous ne sommes pas seulement « victime », comme les autres, d’une dictature algérienne sans foi ni loi mais nous sommes COLONISES par une puissance étrangère (certes mafieuse) armée pour laquelle l’objectif à court terme et de « soudoyer » certaines forces politiques kabyles, qui participent encore au jeu morbide du pouvoir algérien, pour éviter la révolution populaire comme celle du Printemps noir, mais à long terme de faire disparaître toute trace kabyle de la surface de la terre, toute trace qui ne s’inscrit pas dans l’idéologie islamiste et qui ne se dissout pas dans le magma araboorientaliste.
Aucun homme politique algérien, dans le pouvoir ou dans l’opposition de pacotille ne peut prétendre autant que Hocine Ait Ahmed, le géant historique kabyle qui vient de nous quitter, à l’incarnation d’un idéal démocratique dans une Algérie plurielle, or sa mort est, après une vie entière de lutte pour la libération et la démocratisation du territoire algérien, le reflet éblouissant, à tous ceux qui en doutaient encore, d’une chimère algérienne, d’un gros mensonge algérien, d’une tromperie algérienne formidablement imagée par Lounes Matoub par AGHURRU. C’est le peuple kabyle qui a rendu un ultime hommage à son combat et à sa détermination en se déplaçant en masse lors de son enterrement à son village natal, et c’est le pouvoir algérien qui l’a exilé et humilié qui a voulu, une dernière fois et comme un charognard, récupérer sa dépouille et se redorer le blason.
L’incroyable et l’inopportune décision du régime algérien, d’ « attribuer » le caractère officiel à la langue amazighe, quelques jours après les grandioses et populaires funérailles du fondateur de l’OS et premier opposant algérien, et à l’approche de Yennayer 2966, n’est qu’une vaine et ordurière tentative pour recoudre ce qui a été déchiré définitivement dans le sang et les larmes du Printemps noir 2001. Il a fallu 67 ans après la crise antiberbère, 53 ans après le maquis du FFS, 36 ans après Printemps berbère, 22 ans après le boycott scolaire et 15 années après le Printemps noir pour que Tamazight, langue autochtone en Afrique du Nord depuis des millénaires, soit reconnue officiellement par l’État algérien ! Aucun colonialisme n’est aussi lent, et aussi stupide, à répondre à une revendication aussi légitime et aussi populaire et qui a vu des générations de militants mobilisées.
C’était peut être le prix à payer pour que le peuple kabyle sorte de sa léthargie et qu’il se sache Peuple. Décidément, la tâche est de construire un État indépendant qui ne revendique plus à une entité étrangère mais qui décide pleinement et entièrement de son destin et de l’avenir de ses enfants. Voici probablement le défi de notre génération de Kabyles ! Depuis 15 ans et malgré les obstacles, le MAK, notamment sous la houlette du Président Bouaziz Ait Chebib, a fait un gigantesque travail d’assainissement de débat public et de mobilisation politique, le travail à venir est l’élaboration d’une stratégie claire, et la réunion des moyens matériels et humains afin d’atteindre l’objectif ultime à savoir la libération de notre territoire et la mise en place de nos propres institutions dans un cadre démocratique et moderne.
Quant à la diaspora kabyle en France et ailleurs dans le monde, dense et diverse, à l’instar de toutes les communautés culturelles, son rôle restera déterminant dans la construction nationale kabyle. La plus ancienne émigration africaine dans l’Hexagone et ailleurs, riche par son expérience et son dynamisme, intégrée dans les valeurs universelles au sein des pays d’accueil et attachée qu’elle est à sa terre natale et à sa culture kabyle, reste très dispatchée et désorganisée. La Kabylie ne peut se passer de ses ambassadeurs et la structuration de la communauté en un vivier économique, une interface médiatique et politique est une urgence capitale (une contribution particulière est jointe à ce courrier).
En souhaitant plein de succès à vos travaux.
Avec toute ma solidarité et ma gratitude.
Ahviv Mekdam
Paris, le 24/02/2016
SIWEL 251703 FEV 16