(SIWEL) — Messaoud Ouslimani, médecin de formation, mais féru de la littérature, Écrivain et essayiste, avec « La vie dans la tourmente » et » La révolte des exclus » , édités en France, porte la Kabylie dans son cœur en défendant la liberté de son peuple dans ses œuvres, ses interventions et sa vie quotidienne en martelant partout: la seule voie de salut pour la Kabylie c’est sa libération du joug arabo-musulman d’Algérie.
MOUTIERS/ MESSAOUD OUSLIMANI, la Révolte d’un Exclu Kabyle
Il ya 50 ans, les accords d’Evian ont mis fin à la guerre d’Algérie. Dans la révolte des exclus Messaoud Ouslimani , médecin en Tarentaise, évoque l’après…La période 1970 -1980, celle de la montée des intransigeances, dans une société qui s’islamise, s’arabise et se radicalise avec des laissés pour compte, comme le peuple kabye , dont il fait partie .
Ils s’appellent Malek et Yazid sont étudiants en médecine, et vivent dans l’Algérie des années 1970-80. À travers leur vie quotidienne, leur cercle d’amis aux horizon différents, leur famille qui suit ou non leurs choix de vie, on palpe du doigt les aspirations d’une jeunesse qui cherche sa place et s’interroge sur son avenir, dans une société Algérienne en pleine transformation.
L’indépendance est encore fraiche (1962,…), mais les désillusions déjà bien présentes. Après s’être dégagé de la présence française, le pays est entrain de sombrer dans un processus d’arabisation et d’islamisation de la société. Avec ses travers (menaces, actes de violences, surveillance, dénonciations ), retranscris dans ce livre par des exemples si précis qu’on les imagine mal inventés… Liberté d’opinion, de religion, et toute différence culturelle sont condamnées, voire matées, par un pouvoir toujours plus intransigeant. La Kabylie, enclave de rébellion , qui revendique depuis toujours son particularisme culturel, souffre particulièrement . La décennie noire, qui fera des dizaines de milliers de morts entre 1991 et 2000, approche à grands pas…
« Dans un société à la dérive , il n’y a pas d’espoir »
A travers une galerie de personnages, musulmans, chrétiens ou athées, travailleurs, chômeurs ou étudiants, Messaoud Ouslimani raconte une société qui se délite, confrontée à une violence devenue presque ordinaire. « Certains passages et anecdotes sont inspirés de mon histoire, ou de celle de gens que je connais … ». Dans la Révolte des exclus (édité en janvier 2012, par Jets d’encre), il parle sans haine, de ce qu’il connait, dénonce ce qu’il a en partie vécu, lui, le Kabyle né à Bouadnane, qui se revendique athée. (« mon père était un religieux tranquille, qui laissait la liberté de choix »), a débuté ses études de médecine en Algérie avant de passer ses spécialités en France, à Rouen puis Paris, à la pitié Salpetrière. « J’ai ensuite voulu rentrer. C’est mon pays… ».
1986. Après son service civil, durant deux ans, dans le sud de l’Algérie, il cherche du travail dans les principaux centres hospitaliers d’Algérie. N’en trouve pas. « On me reprochait mon diplôme français ». Il s’installe en libéral. D’abord à Alger, puis à une cinquantaine de Kilomètres de la capitale. Là, reçoit un jour la visite de « quarte barbus, venus demander de l’argent pour la construction d’une nouvelle mosquée. Il y en avait déjà cinq ou six, dans un village de la taille de Moutiers. J’ai refusé ». Les lettres de menaces ne tardent pas, avec un cercueil dessiné portant son nom…
« Raconter est une manière de libérer ma conscience »
Peu de temps après la révolte de 1988, Messaoud Ouslimani quitte son pays et retourne en France. « Je suis parti à cause d’un tout. La situation était très confuse. Dans une société à la dérive, où rien ne marche, il n’y a pas d’espoir… ». Après voir travaillé en Alsace (à Saverne), à Saint-Jean de Maurienne, le Dr Ouslimani exerce depuis 2001 en Tarentaise comme Radiologue. En libéral, dans deux cabinets entre Moutiers et Bourg-Saint-Maurice.
A 67 ans, naturalisé Français, il retourne toujours deux à trois fois par an dans son pays, et chez lui, en Kabylie. Continuant à s’imprégner de son histoire et de ses aspirations. Alors que l’on célèbre actuellement en France le 50 ème anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, Messaoudi Ouslimani ne peut que dresser un terrible constat. « La majeure partie des gens a une ignorance totale de la chose algérienne, de son histoire et de ce qu’elle vit aujourd’hui. ». Sans parler du peuple Kabyle. « Oui, nous somme des algériens. Mais nous sommes avant tout des Kabyle », insiste l’auteur, qui refuse « l’étiquette » arabe. « Je n’ai rien contre les Arabes, mais ce n’est pas le même peuple. Et le salut de la Kabylie, ethnie que l’on cherche à détruire depuis tant de décennies, ne peut passer que par son autodétermination. ».
Aujourd’hui, il se sent dans l’obligation de raconter. « C’est une manière de libérer ma conscience, sans parti pris. Je parle de musulmans, des chrétiens, des athées, des Algériens et des étrangers. Mais je dénonce le seul objectif de ceux qui veulent rendre l’Algérie uniquement arabe et musulmane. ».
La Révolte des exclus va forcément déranger. « Ce livre n’est pas un acte courageux, par rapport à ceux qui se battent pour porter un gouvernement provisoire kabyle, ou qui défendent cette question auprès de l’ONU. Mais je m’attends à des réactions. Dans cette histoire, je n’ai rien à gagner … que des ennuis .Mais je me sens obligé d’écrire … ».
SIWEL 181016 MARS 15