VGAYET (SIWEL) — Il s’appelle Mouloud Mébarki. Il est âgé de 55 ans, père de famille. Il est le président du Conseil National du MAK depuis le deuxième congrès du mouvement, tenue les 9 et 10 décembre 2011. Auparavant, au court de la période de 2007 à 2011, il a assumé les fonctions de secrétaire général puis de président par intérim du Mouvement.
Son parcours militant et politique est assez classique et se confond avec celui de l’écrasante majorité des militants kabyle de sa génération. Du MCB au MAK, en passant par le RCD et les mouvements des Archs, Son parcours lui finalement fait prendre conscience que la Kabylie et l’Algérie ce n’est pas du tout la même chose, d’où nos échecs constamment recommencés.
« De toute évidence, l’Algérie et la Kabylie ne partagent pas les mêmes aspirations et à vraie dire, elles ont des aspirations diamétralement opposées. Autant la Kabylie aspire à la démocratie, la laïcité et l’authenticité identitaire kabyle et amazighe ; autant l’Algérie, d’une manière générale, aspire à se fondre dans le moule de la nation arabo-islamique qui est l’exact contraire de la Kabylie », nous dit-il lors de notre rencontre.
Par ailleurs, « les événements tragiques du printemps noir de 2001, l’isolement de la Kabylie et l’indifférence générale des algériens face au massacre des kabyles par l’Etat algérien a été une véritable gifle pour tous les kabyles qui ont brutalement pris conscience que la Kabylie ne peut compter que sur elle-même », ajoute-il avant de renter dans le vif du sujet. « Son existence, sa survie, sa sécurité et sa prospérité ne peuvent avoir lieu que si elle prend elle-même son destin en main » conclut-il pour illustrer son appartenance politique actuelle.
« C’est la raison pour laquelle j’ai intégré le MAK. Depuis, je fais de mon mieux pour faire avancer notre combat avec l’ensemble des militants du MAK ». il se livre à El Goual.
Mouloud Mebarki : Eh bien, le MAK n’en pense rien du tout. Ce n’est pas son problème. Bouteflika est le président de l’Algérie, et encore… mais, une chose est certaine, il n’est certainement pas le président du peuple kabyle. Par ailleurs, nous le disons et le répétons sans cesse, le MAK ne reconnaît aucune légitimité à l’Etat algérien qui agit et se comporte en Kabylie en gouvernement colonial, en police coloniale et en armée coloniale.
Pouvez-vous être plus explicite ?
Tous les agissements de l’Etat algérien sont d’ordre colonial. Comment appelle-t-on une autorité qui installe et instrumentalise la violence, le terrorisme et l’insécurité ? Comment appelle-t-on une autorité qui occupe militairement votre territoire soi-disant pour combattre un terrorisme résiduel qui n’existe que depuis son déploiement sur votre territoire ? Comment appel-t-on une autorité qui vous substitue votre langue, votre culture et votre identité par la sienne ? Eh bien ça s’appelle une autorité coloniale et nous la subissons depuis bien trop longtemps.
En Kabylie, nous sommes passés, sans transition, de la colonisation française à la colonisation arabo-islamique de l’Etat algérien. Un proverbe kabyle est apparu en 1963 et il disait ceci : « Nghil nhellad Lzzayer, zighen kecmen-agh-d gher Tirurda… ». C’est-à-dire que l’on avait naïvement cru avoir libéré l’Algérie alors qu’en fin de compte, ils nous ont occupé la Kabylie, (Tirurda, étant un point culminant des hauteurs de la Kabylie éternelle entre Tizi-Tuvirett et Vgayet)…
Vous ne répondez-vous toujours pas à la question ?
Pour en revenir à votre question, le MAK considère que l’Etat algérien est un Etat colonial et que la lutte que nous menons vise justement à nous libérer de cette colonisation. Par conséquent, quelle que membres qui composent le gouvernement algérien, que voulez-vous que ça change pour la Kabylie et pour le MAK ? Rien…la politique algérienne en Kabylie est invariable depuis la naissance de l’Etat algérien quel que soit les clans qui se succèdent. Nous ce qui nous intéresse, c’est de débarrasser la Kabylie de l’Etat algérien dans sa totalité.
Ne serait-ce pas un prélude à des élections ?
Qu’il soit un prélude ou non à des élections de quelques types qu’elles soient, ne change rien à la position de du MAK. Le problème du MAK, et d’ailleurs de toute la Kabylie, y compris ceux qui ne sont pas structuré, c’est que toutes les structures de l’Etat algérien en Kabylie sont disqualifiées, y compris les APC. Vous n’avez qu’à voir le nombre d’APC fermées par les citoyens de Kabylie…ce n’est tout de même pas un hasard.
Car de deux choses l’une, ou bien les élus se comportent en commis de l’Etat et travaillent carrément contre le peuple kabyle, ou bien ils n’ont aucun pouvoir et aucune prérogatives et sont dans l’obligation, de par leur mandat de propager et de disséminer la politique assimilationniste de l’arabo-islamisme de l’Etat algérien.
Les élus kabyles, du moins pour ceux qui tentent sincèrement d’œuvrer pour le bien des kabyles, ont-ils le pouvoir de stopper l’arabisation et la salafisation des écoles ? Ont-ils le pouvoir de libérer la justice ? Ont-ils le pouvoir de garantir la sécurité des populations ? Ont-ils le pouvoir de débloquer des budgets autres que pour construire encore et encore des mosquées ? Ont-ils le pouvoir de faire construire des centres de santé, des crèches, des bibliothèques, des structures de loisirs pour les jeunes ? Non…ils ne peuvent rien faire, si ce n’est s’épuiser dans une lutte, perdue d’avance et dont ils savent en réalité qu’elle est perdue d’avance.
On ne peut rien bâtir pour le bien de la population avec un Etat de type colonial. Il n’y a qu’une seule chose à faire : œuvrer à s’en débarrasser et le plus légalement du monde. Et c’est précisément là que réside l’objectif du MAK. Le MAK n’est intéressé que par une seule et unique élection, c’est celle du referendum d’autodétermination de la Kabylie. Une fois cet objectif atteint et que le peuple kabyle aura choisi par lui-même et pour lui-même son propre destin, qui sera sans aucun doute celui de la liberté et de la dignité, au vu du long et difficile parcours de la Kabylie pour y arriver, alors le MAK s’auto dissoudra automatiquement car il aura atteint son objectif. Le MAK ne s’est jamais fixé comme objectif de participer à des élections, son objectif est ailleurs : récupérer la souveraineté de la Kabylie.
Quelle analyse fait le MAK de la situation actuelle du pays ?
De quel pays parlez-vous ? Car la Kabylie constitue un pays à part entière qui a perdu sa souveraineté en 1857, date à laquelle, elle a été annexée à l’Algérie, nouvellement créée par la France coloniale par la grâce d’un décret militaire, un certain 14 octobre 1839. Alors de quel pays parlez-vous ?
Si vous parlez de la Kabylie. La situation est que la Kabylie est officiellement sous occupation algérienne depuis 1962 et subit depuis le colonialisme algérien sous toutes ses formes; dépersonnalisation, substitution linguistique culturelle et identitaire à travers les politiques d’arabisation et de salafisation, insécurité, kidnapping, quadrillage militaire, blocage économique, destruction de son environnement, destructions des terres agricoles ….. Enfin tout ce que peut faire un Etat colonial pour détruire un peuple, l’Algérie le pratique de manière intensive en Kabylie.
Telle est la situation tragique de la Kabylie. Et la situation s’empire du jour en jour. L’avènement d’un Etat kabyle est devenu une urgence absolue. C’est une exigence de l’histoire parce qu’il il n’existe aucun moyen d’assurer la pérennité et la prospérité de la Kabylie en tant que peuple et nation.
Si vous parlez de l’Algérie. Comme nous vous l’avons précisé, l’Algérie est une création coloniale. Une œuvre militaire française machiavélique car comme tous les Etats africains crées par la France coloniale, jamais elle ne connaitra la paix, ni la prospérité, ni la sécurité parce que la France a fait en sorte que cela se passe ainsi dans l’intérêt suprême de ses propres intérêts.
L’Algérie, comme le Mali, comme le Niger, comme le Burkina, comme la Centre Afrique, et comme tous les états postcoloniaux issus des prétendues décolonisations françaises sont voués à la violence, à la misère, à la guerre et au terrorisme parce que la France a besoin de cette situation chaotique pour continuer à piller l’Afrique sous couvert d’aide et d’ingérence humanitaire. Le terrorisme, le djihadisme sont des armes de guerres extrêmement utiles pour les colonisateurs.
Ce n’est pas pour rien que les puissances occidentales entretiennent d’aussi bonnes relations avec le Moyen-Orient. L’arabo-islamisme n’est pas une culture, c’est une idéologie politique destructrice et meurtrière et c’est en cela qu’elle est tellement utile à l’occident.
Dans quelles parties du monde prospère l’islamisme et le terrorisme islamiste ? Qui finance les groupes islamistes et le terrorisme ? Qui soutient les Etats qui imposent l’idéologie arabo-islamique aux peuples d’Afrique ? Qui exploite les richesses des sous-sols ? Qui exploite le gaz, le pétrole, l’uranium, le gaz de schiste ? Qui en profite et qui en pâtit ? Invariablement la réponse est toujours la même : La France et les gouvernants africains en profitent et les peuples d’Afrique en pâtissent ! L’équation est la même partout.
Et là, ils ont trouvé la nouvelle arme du siècle: l’islamisme et sa pratique inhérente de la violence et du terrorisme…une véritable aubaine !
La conclusion est que l’Algérie n’a de toute façon aucun avenir radieux. Tant que les peuples qui composent les états postcoloniaux ne réalisent pas que leurs frontières ont été tracées par la France, leurs présidents et leurs gouvernants désignés par la France, que leurs politique intérieure et extérieure est dictée par la France, tous ces peuples baigneront dans la guerre et la misère.
La solution pour vous serait l’auto détermination ?
Absolument. La Kabylie a besoin d’une vraie décolonisation pour être en accord avec elle-même, se retrouver, vivre en harmonie avec sa langue, sa culture et son identité. La Kabylie doit absolument échapper au destin funeste de mourir pour nourrir sa propre négation. La Kabylie n’est ni arabe, ni arabophone et elle n’a pas non plus l’intention de le devenir.
Cela fait suffisamment d’années que la Kabylie essaye de faire entendre raison à l’Algérie qui réprime, assassine ou fait la sourde oreille tout en continuant son travail de sape de la Kabylie. Je veux dire, ce n’est tout de même un secret pour personne et personne ne peut décemment le nier.
Il n’y a aucune raison valable à ce que la Kabylie continue de subir ce qu’elle subit depuis plus de 50 ans. Elle a tout à y perdre et rien à y gagner. De plus, en vrai, le MAK n’a rien inventé car historiquement le peuple kabyle a toujours vécu sur le mode de l’autodétermination. La Kabylie n’a jamais été dépendante d’un pouvoir autre que celui établi par ses propres enfants.
Avant la conquête française, aucune autre loi que celle des kabyles n’était applicable en Kabylie, ni celle des ottomans, ni celle des arabes avant eux. La Kabylie a perdu sa souveraineté avec le colonialisme français et c’est lui qui, le premier, a entrepris de démolir la cohésion sociale de la Kabylie pour se prémunir des rébellions et des soulèvements, en particulier après 1871. Avant ça, aucune autorité étrangère n’avait jamais empiété sur l’organisation socio-politique de la Kabylie qui est une organisation horizontale et non pyramidale. Les décisions ne se prennent pas au sommet pour être imposées à la base. Ça ne peut pas marcher et la France avec toute l’avancée technologique de ses forces armées n’a jamais réussi à briser l’esprit d’indépendance de la Kabylie.
Après le colonialisme français, c’est officiellement l’Etat raciste algérien a pris son relais mais lui non plus n’y réussit pas malgré sa grande duperie, son arnaque monumentale qui consiste à dire à la Kabylie que « nous sommes tous des algériens » alors que dans le même temps elle détruit méthodiquement tout ce qui constitue l’âme kabyle : sa culture, ses coutumes, sa civilisation, sa langue, pour lui substituer une autre qui ne peut exister que par la négation de la Kabylie en l’entraînant, de surcroît, dans le cercle infernal de la violence et de l’horreur qui sont inhérents à l’idéologie arabo-islamique et ceci n’est pas une critique mais bien une réalité que personne ne put contredire. Les faits sont là et ne cessent de s’accumuler.
Alors si l’Algérie se reconnait et trouve sa place dans cette idéologie, nous n’allons pas continuer à la contrarier mais nous ne lui permettront pas non plus de l’imposer à la Kabylie qui l’a toujours rejeté. Certains apprentis sorciers nous dirons que la Kabylie n’a pas de problème avec l’arabo-islamisme mais avec l’Etat algérien, comme si l’un pouvait se dissocier de l’autre. Dans ce cas, nous nous répondons que nous n’essayons pas d’imposer un point de vue. Nous demandons à ce que la parole soit donnée au peuple kabyle.
Et c’est ce que veut le MAK. Nous ne demandons rien d’autre que de nous se conformer la tradition ancestrale de la collégialité dans les prises de décision importantes pour la société kabyle d’où l’option du cadre référendaire d’autodétermination, évidemment sous garantie internationale et éventuellement sous l’attention bienveillante des peuples en situations similaires, tels que les catalans, les irlandais, les Ecossais etc…
Pourquoi vous n’êtes présents que lors des grands événements ?
De quels grands évènements vous parlez ? Ceux de l’Algérie ou ceux de la Kabylie ? Si vous entendez par grand évènement la célébration dans le faste des mensonges historiques, comme celui du cinquantenaire de l’indépendance algérienne ou les hommages aux Messali Hadj et autres Emir Abelkader, effectivement vous ne risquez pas de nous y trouver.
Je vous signale que de l’aveu même de la presse algérienne, ce que l’Algérie officielle appelle « les anciens moudjahidines » sont essentiellement des harkis nouvellement reconvertis dans la guerre d’Algérie quelques dizaines d’années après son indépendance…
Maintenant si vous parlez de la Kabylie, alors-là c’est tout autre chose. Et dans ce cas, permettez-moi de vous dire que vous êtes mal informé concernant la présence de notre mouvement que ce soit dans les grands évènements ou dans les évènements ordinaires, quotidiens.
Pour ce qui est des grands évènements, même la presse algérianiste, qui pendant des années a tout fait pour minimiser l’importance du MAK, n’a pas eu d’autre choix que de reconnaître l’ascension fulgurante du MAK et sa suprématie désormais nettement affirmée, notamment depuis le 20 avril dernier.
Quant aux hommages et aux commémorations des personnalités et des évènements propres à la Kabylie, le MAK encore une fois est nettement dominants pour ne pas dire qu’il est quasiment le seul à être sur le terrain. Quant au quotidien, le MAK est présent sur le terrain chaque jour à travers l’installation de nouvelles coordination, des conférences-débat, de meetings, de manifestations de rue, et c’est justement ce qui explique sa fulgurante ascension car le MAK est dans les villes et dans les villages et non dans les bureaux, les APC ou les Wilayas qui sont pour la plupart en contradiction avec les intérêts et les aspirations du peuple kabyle.
Permettez que je saisisse cette opportunité pour rendre hommage à toutes les militantes et tous les militants qui ont fourni des efforts considérables pour faire avancer le combat libérateur de notre peuple et faire du MAK la force politique par excellence de la Kabylie et ce sans aucun autre moyen que leur propre courage, leur courage et leur abnégation car le MAK n’a ni locaux, ni budgets ni aucune subvention d’aucune sorte. Le MAK dispose cependant de la plus grande des richesses, la conviction et l’engagement de ses militants et la confiance du peuple kabyle et c’est ce qui fait sa force.
Depuis sa création quel bilan faites-vous du GPK ?
L’Anavad, notre Gouvernement provisoire, ne cesse, depuis sa création en juin 2010, d’internationaliser, comme il se doit, la question kabyle. Cette question ne relève plus, désormais, des prérogatives de l’Etat algérien, qui d’ailleurs conteste à la Kabylie jusqu’à son existence géographique, mais de L’Anavad.
Notre Gouvernement a officiellement sollicité et interpellé, à plusieurs reprises, les institutions internationales susceptibles d’infléchir le négationnisme du pouvoir algérien vis-à-vis de la Kabylie et de lui imposer un référendum d’autodétermination. L’action du GPK est éminemment politique. C’est en partie sur lui que repose l’avenir politique de la Kabylie car la cause d’un peuple a besoin d’être défendue sur le terrain localement, et c’est le rôle du MAK mais il a aussi besoin d’être défendu à l’extérieur, et c’est le rôle du GPK.
Et de ce point de vue, le rôle du GPK est primordial, car je suppose que je ne vous apprends rien sur la nature de l’Etat algérien. D’une part, il terrorise, il muselle, il assassine et d’autre part, vis-à-vis des chancelleries, il claironne la démocratie, la souplesse de ses institutions et la lutte contre le terrorisme. Or, vous savez très bien qu’il n’hésite pas utiliser des armes de guerre contre des manifestants aux mains nues tout amnistiant des terroristes avérés et en donnant de surcroît un visage pseudo démocratique ; un jeu qui satisfait pleinement les chancelleries occidentales qui y trouvent bonne conscience pour fermer les yeux et faire semblant de croire aux mensonges algériens.
L’Anavad est justement là pour apporter les contradictions nécessaire et mettre un holà à une certaine hypocrisie occidentale qui aura de plus en plus de mal à feindre de croire aux mensonges de l’Algérie.
L’Etat algérien doit être constamment démasqué et mis face à ces contradictions et surtout à sa politique criminelle et génocidaire envers la Kabylie. Le GPK a pour mission de faire savoir au monde que la liberté, les intérêts suprêmes de la Kabylie et la vérité sur la nature et les aspirations du peuple kabyle ne sont ni négociables, ni « bidouillables » dans des versions frelatées qui ne feront que permettre la pérennité de la politique algérienne en Kabylie en vue de sa pacification totale, en attendant son assimilation politique, culturelle et linguistique totale..
Le rôle du GPK est de veiller à tout cela à l’extérieur, pendant que le MAK lui veille sur l’intérieur. Ce partage des tâches constitue une maturité politique qui permet de mesurer à quel point le peuple kabyle sait désormais ce qu’il veut. Car on aura beau essayer de nous minimiser, nous ne sommes pas tombés du ciel, nous sommes kabyles, nous sommes politiquement majoritaire et nous sommes l’aboutissement logique d’une lutte infructueuse de plus d’un demi-siècle à essayer de concilier l’inconciliable.
Ferhat Mehenni en tant que leader incontestable du combat constant de la Kabylie, a très bien assuré le rôle de la visibilité de la lutte de la Kabylie pour sa liberté. Il a certes été freiné un temps par un problème de titre de voyage, résolu au bout de 3 ans de bataille administrative, mais son problème est désormais résolu par l’octroi du statut de réfugié politique ce qui lui donne droit à un titre de voyage. Un nouveau souffle sera donné à l’action de l’Anavad qui va être plus forte et plus crédible notamment avec le succès historique des marches du 20 avril suivi de lever du drapeau kabyle un peu partout dans le monde.
Quelles sont vos relations avec la classe politique algériennes ?
Ecoutez, le MAK respecte tous ceux qui militent de par le monde pour la démocratie et les droits de l’homme. Dans ce pays qui s’appelle "Algérie", les forces politiques démocratiques sont d’obédience kabyle. Nous essayons de les convaincre de renoncer à leur chimères algérianistes en leur faisant prendre conscience par exemple qu’ils n’ont rien démocratisé, ni « berbérisé » et que au contraire, se sont eux qui se sont accommodés de l’arabisme et de l’islamisme en se retrouvent coalisés avec des islamistes, et même des terroristes, ou encore avec les partis de la nomenclature algérienne tels que le FLN ou le RND qui ont organisé ce désastre et la cerise sur le gâteau c’est que ce sont eux qui sont pliés à l’arabisation.
Ecoutez-les parler en arabe en plein manifestation du 20 avril à Tizi-Ouzou, regardez leurs affiches et leurs banderoles. La complaisance et les faux espoirs d’un avenir commun avec l’arabo-islamisme sont désormais dangereux pour la Kabylie. Il est temps que cela cesse et ils doivent le comprendre. La Kabylie ne peut plus être sacrifié, c’est terminé tout ça.
Certes nous ne partageons rien sur le plan stratégique ni avec le RCD, ni avec le FFS, essentiellement du fait qu’ils persistent à chercher à sauver l’Algérie au détriment de la Kabylie. Cependant, notre mouvement n’éprouve aucune animosité à leur égard, au contraire nous souhaitons qu’ils rentrent à la maison et qu’ils retrouvent leur milieux naturel qui n’est pas celui ni des islamistes ni des arabistes.
Nous souhaitons et nous attendons d’eux qu’ils rejoignent la Kabylie éternelle et que nous puissions enfin joindre nos efforts dans la lutte pour la liberté du peuple kabyle. Nous savons qu’ils viendront, tôt ou tard, car ils n’ont eux-mêmes aucun autre avenir que de revenir à la kabylité ou de s’arabiser. Nous sommes certains que l’immense majorité d’entre eux reviendront sur le chemin de la Kabylité.
Enfin, Pour le reste des formations politiques algériennes, en dehors des mouvements amazighes, organisés, notamment les mouvements autonomistes Chaouis et Mozabites avec lesquels nous entretenons des relations de fraternité et de solidarité, le MAK n’entretient aucune sorte de relation avec les partis et les acteurs politiques algériens qui partagent tous la même idéologie et qui ne reconnaissent ni la Kabylie, ni son peuple, ni sa culture, ni son identité propre.
Que voulez-vous que le MAK partage avec n’importe quel parti politique algérien. Ils sont tous d’obédience arabistes et islamistes, autrement dit, ils sont tous des instruments du néocolonialisme algérien, et sont tous incompatible avec ce que le MAK défend : la liberté, la laïcité, la démocratie, l’identité kabyle, l’authenticité de la Kabylie éternelle, antérieur depuis des millénaire à tous les colonialismes auxquels elle n’entend pas se soumettre à qui elle leur survivra, comme elle a survécu à tous les colonialismes.
Le mot de la fin Monsieur Mebarki?
Notre combat n’est pas facile mais nous sommes en accord et en paix avec nous-mêmes. Nos objectifs sont clairs et nous savons exactement ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. Je tiens d’ailleurs à rendre un vibrant et fraternel hommage au président du MAK, Bouaziz Ait Chebib et au président de l’Anavad, Ferhat Mehenni, qui ont su mener et maintenir la lutte du peuple kabyle vers la voie salutaire de l’autodétermination.
Entretien réalisé par Salim. S
SIWEL 011821 JUIN 15