PARIS-DIASPORA (SIWEL) — Dans une Interview accordée à Siwel, M. Nafa KIRECHE, Ministre du Gouvernement provisoire kabyle en exil rappelle l’importance de la Diaspora kabyle dans la lutte du peuple kabyle pour sa libération. A l’avant veille de la grande Marche pour la Kabylie organisée par le Réseau Anavad et le Gouvernement provisoire kabyle, M. Kirèche répond à quelques questions
Nafa Kirèche : Tout simplement un échec de la stratégie initial du pouvoir, qui était d’ignorer ses activités, comptant sans doute sur un essoufflement du mouvement. Or, on constate que non seulement le MAK ne s’essouffle pas mais qu’il se renforce au fil du temps. Sa progression est lente mais solide. Les militants du mouvement sont extrêmement politisés et déterminés à défendre leurs idées jusqu’au bout. C’est cela que le régime algérien n’a pas "calculé".
Aujourd’hui, le pouvoir algérien n’a pas d’autres choix que de voir les choses en face : le MAK est devenu la première force de la Kabylie. L’indépendantisme kabyle est désormais un courant bien ancré dans la société. Face à ce constat, le régime est donc pris de panique et reproduit les recettes qui lui ont permis de perdurer et de briser les différentes oppositions : manœuvres, violence et répression. Nous appelons d’ailleurs à ce sujet les militants du MAK à la plus grande vigilance et à garder leur sang froid. Nous ne devons pas entrer dans le jeu du pouvoir car c’est ce qu’il cherche. C’est nous qui devons entraîner le pouvoir vers ce que nous cherchons : la libération sans conditions du territoire kabyle.
Vous êtes ministre des relations avec la France du Gouvernement provisoire Kabyle (Anavad). Une marche de la Diaspora est justement prévue en France, à Paris, le 17 avril 2016. Quels en sont les enjeux ? D’une manière générale pourquoi une marche à Paris ?
Nafa Kirèche : Parce que les kabyles de la Diaspora sont, comme leur nom l’indique, des kabyles. Ils appartiennent donc à ce vaillant peuple Kabyle. Le gros de la Diaspora est établi en France. Elle doit donc accompagner ce cheminement vers le recouvrement par la Kabylie de son indépendance.
On connait l’influence de la France en Algérie, nous savons que c’est elle qui active les leviers la bas. La Diaspora kabyle se doit donc de faire entendre sa voix, marquer son appartenance au peuple Kabyle et à son destin mais également sa solidarité avec les kabyles de Kabylie, qui luttent héroïquement contre les manœuvres du régime algérien. Il est temps de faire comprendre à la France et à ses représentants que les Kabyles sont un peuple et qu’ils ont donc vocation à exister en tant que tel, sans être assimilés à d’autres communautés.
L’Algérie et la France se tiennent la main et sont donc les principaux obstacles à la réalisation de notre destinée. Nous devons faire sauter ce verrou. C’est une marche historique. La première des kabyles à l’étranger revendiquant l’indépendance de la Kabylie.
En tant que ministre des relations avec la France, quel est votre rôle dans ce processus ?
Nafa Kirèche : Mon rôle est de sensibiliser les élus français en partant de la base. Nous ne pourrons y arriver qu’en ralliant un maximum d’élus à notre cause. A terme, cela permettra de rééquilibrer le rapport de force et permettre aux kabyles d’être écoutés et non plus entendus distraitement. Le travail de conscientisation pour convaincre les kabyles qui n’adhèrent pas à l’option indépendantiste doit également continuer. Mais nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que tous les kabyles adhèrent à notre projet pour le lancer.
Il faut parfois savoir convaincre les gens de vous suivre, tout en avançant. Le temps joue contre la Kabylie car la dépersonnalisation de la région est un objectif capital du régime, cela lui tient à cœur. Pour cela, il peut compter sur quelques relais locaux qu’il soudoie et corrompt.
Le durcissement de la stratégie du pouvoir algérien contre les kabylistes ne risque-t-il pas de dissuader une partie de la population de vous rejoindre ?
Nafa Kirèche : Vous trouverez toujours des gens qui choisiront de rester confortablement chez eux à attendre dans quel sens le vent va tourner. Mais nous ne pouvons pas stigmatiser ceux qui ont des contraintes et des obligations et ne peuvent s’afficher à nos côtés. L’important est que ces gens n’aillent pas renforcer le camp du pouvoir. Les militants du MAK sont des femmes et des hommes de courage, qui ont jusqu’ici réussi à déjouer tous les pièges tendus par le pouvoir algérien. Cela illustre la maturité et l’intelligence de ces militants. Face à la force brute et la bêtise du pouvoir, opposons l’intelligence, la maturité et la détermination. Et vous verrez que la Kabylie vaincra.
Propos recueillis par siwel.
SIWEL 151813 AVR 16