PARIS (SIWEL) — « Passé ce moment d’étonnement et de déception, la réalité m’a de nouveau sauté aux yeux. L’absence d’hommage de la nation française à Mustapha est proportionnelle à l’inorganisation de la communauté kabyle qui n’a pas d’Etat sur lequel s’appuyer pour honorer ses morts. Si les rédacteurs de Charlie Hebdo et les représentants des forces de l’ordre ont eu droit à un hommage grandiose de la nation, il n’y avait, autour de la dépouille de Mustapha Ourad, que de simples citoyens, tous kabyles ou d’origine kabyle. Seuls. Un hommage à huis clos, sans médias… »
Abattu le 07/01/2015, en compagnie de ses collègues de "Charlie Hebdo", notamment Charb, Cabu, Wolinski et Tignous, le correcteur du journal, Mustapha Ourrad, assistait à la réunion mensuelle des rédacteurs de l’hebdomadaire, avant d’être criblé de balles.
Marqué par cette tragédie, je me suis naturellement rendu à l’institut médico-légal, situé quai de la Rapée, afin de lui rendre un dernier hommage, lui qui était de surcroît kabyle, originaire d’Ath-Yennni.
Pensant y trouver un climat solennel, avec notamment la présence d’officiels de l’Etat Français, comme toutes les autres victimes, quel ne fut pas mon étonnement de n’y trouver que des militants kabyles ! L’infatigable président du GPK, Ferhat Mehenni, le chanteur Idir et plusieurs autres artistes, tous d’origine kabyle !
Les officiels algériens ont également brillé par leur absence. Mais comment s’en étonner ? Je sais qu’il aiment les kabyles morts mais, visiblement, dans certaines limites…
Passé ce moment d’étonnement et de déception, la réalité m’a de nouveau sauté aux yeux. L’absence d’hommage de la nation française à Mustapha est proportionnelle à l’inorganisation de la communauté kabyle qui n’a pas d’Etat sur lequel s’appuyer pour honorer ses morts.
Si les rédacteurs de Charlie Hebdo et les représentants des forces de l’ordre ont eu droit à un hommage grandiose de la nation, il n’y avait, autour de la dépouille de Mustapha Ourrad, que de simples citoyens, tous kabyles ou d’origine kabyle. Seuls. Un hommage à huis clos, sans médias…
Ce triste constat m’a conduit à penser, même mort au siège de Charlie, à contre-courant de l’opinion que pour moi, Mustapha ne serait pas Charlie, dans l’opinion française.
Il était profondément kabyle. Défenseur de la liberté d’expression, travaillant pour un journal satirique qui n’hésitait pas à se moquer de l’islam, discret, travailleur, apprécié par ses collègues, respectueux des gens, de leurs opinions, Mustapha était profondément kabyle. Le contraire, l’inverse, l’opposé des frères Kouachi, criminels nourris à l’idéologie arabo-islamique.
Cette même idéologie, cette même intolérance, cette même ignorance que l’Algérie tente d’imposer sur la terre natale de ce fier montagnard : la Kabylie. Faire de tous les Mustapha Ourad des "frères Kouachi", tel est l’objectif morbide de l’état algérien. Avec le soutien d’une France qui n’a pas fini de payer sa courte vue.
La Kabylie contre l’Etat algérien, pour moi, c’est Mustapha Ourad contre les frère Kouachi…
A nous de faire le bon choix en mettant notre pièce à l’édifice d’un Etat kabyle.
Nafa Kireche, Ministre chargé des relations avec la France au sein du Gouvernement provisoire kabyle (GPK).
SIWEL 161657 JAN 15