CONTRIBUTION (SIWEL) — Un article du Huffpost Maghreb a tenu des propos graves sur les Souverainistes Kabyles. Un militant du MAK a réagi via une contribution qu’il a envoyé au même site pour publication mais ce dernier n’a même pas daigné lui répondre. Nous avons donc décidé de la mettre en ligne ci-dessous.
Je me dois de réagir à cette contribution car j’ai été particulièrement touché par le fait qu’une telle virulence soit l’oeuvre d’un « mmis n taddart-iw » (un fils de mon village). Il faudrait peut-être rappeler ici que le village kabyle n’est pas qu’un ensemble de maisons rapprochées mais c’est avant tout une âme collective et un esprit de groupe ancestral.
Notre village, comme tous les autres villages kabyles, est malmené par l’Etat algérien à travers des structures parallèles, héritées de la colonisation française. Des structures qui n’ont aucune légitimité, ni historique ni sociale, dans le pays kabyle et qui vide le village de ses prérogatives. La finalité étant de le vider aussi de son âme.
J’estime qu’une telle violence dans les propos ne doit passer car elle sert à casser cette âme forgée et nourrie plusieurs siècles durant. Une âme qui fait partie des choses que la Kabylie peut proposer à une humanité qui se cherche dans un monde où la métaphysique qui comble cède sa place, chaque jour un peu plus, au matériel qui creuse.
Accusation délirante et infondée
Je ne sais pas comment il a fait pour arriver à cette conclusion, à savoir que ce sont les souverainistes kabyles qui ont mené cette campagne d’indignation, sachant que :
– le leader du mouvement souverainiste, M. Ferhat Mehenni, a été sollicité à réagir à cette polémique et il a dit que « c’est une jeune fille innocente » et que « cette Tinhinan Tartag n’est pas coupable » après avoir rappelé que « les critiques qui la démolissent risquent d’aggraver sa fragilité ». En effet, Tinhinane n’a que 18 ans. Ni Bouaziz Ait Chebib ni un autre cadre du MAK ou de l’Anavad (Le Gouvernement Provisoire Kabyle) n’ont tenu des propos qui justifieraient cette accusation.
– les organisateurs de miss Kabylie, Feriel et Mourad Ait Ahmed, ont fait une mise au point par rapport à cette polémique et à aucun moment il n’ont écrit ni insinué que cette campagne de dénigrement est l’oeuvre d’une telle ou telle frange de la société kabyle ou d’un quelconque mouvement politique ou autre.
N’attirons pas plus de haine et de violence sur la Kabylie
D’autant plus que l’auteur a estimé que ceux qui ont été indignés par l’intervention de Miss Kabylie ont une conception de « supériorité des « purs » kabyles ». Pour lui, ce sont des « ultras » qui ont bâti leur projet sur « le rejet de l’arabe » et « sur la base raciale ».
Beaucoup de kabyles, dont des concitoyens de notre village, habitent ou travaillent dans des régions algériennes arabophones, où ils sont minoritaires et exposés. Développer ainsi le stéréotype du kabyle qui se sent supérieur et qui rejette l’arabe c’est adhérer aux manœuvres de l’Etat algérien et de la presse islamiste qui travaillent depuis des décennies à faire de la haine du Kabyle un défouloir algérien. Soyons responsables !
De la légitimité de mes convictions souverainistes
C’est la France coloniale qui a imposé au peuple kabyle de former une seule et même nation avec tous ces autres peuples. C’est un mariage forcé qui détruit aussi bien le peuple kabyle que les autres peuples de l’Algérie ! L’Algérie est une transition post-coloniale qu’on doit désormais dépasser pour que l’Histoire puisse reprendre son cours naturel dans cette partie du monde.
En plus de cette conviction, j’ai toute légitimité à remettre en question ce dogme, totalement injustifié, de « l’intangibilité des frontières issues de la colonisation ». J’ai le droit aussi de lutter au nom du droit des peuples à l’autodétermination et de penser profondément qu’il s’applique au cas kabyle.
J’ai le droit d’avoir toutes ces convictions et je peux adhérer au MAK au nom de ces convictions et ne ressentir aucun rejet vis à vis d’aucun peuple en Algérie, qu’il soit arabophone ou amazighophone.
Au contraire, je suis sincèrement convaincu que, encore une fois, c’est la Kabylie, à travers le MAK, qui est entrain de montrer la voie vers un avenir meilleur. Et le MAK est prêt à travailler avec chaque peuple d’Algérie qui veut reprendre son avenir en mains et s’émanciper du pouvoir central d’Alger. Cela a été dit et répété aussi bien dans les textes du MAK que dans les interventions officielles de ce dernier.
Du village kabyle au siège de l’ONU, l’itinéraire
Ce problème des frontières soulevé par le MAK, et par Ferhat Mehenni dans son livre « Le siècle identitaire » entre autres, n’est pas propre à l’Algérie. Tous les pays voisins sont concernés et même toute l’Afrique. En fait, cette question concerne tous les pays issus de la colonisation. Le MAK, à travers son projet, veut insuffler une nouvelle dynamique et une nouvelle marche au monde, la marche des peuples. Celle où chaque peuple reprendra son destin en main et travaillera à s’accomplir de l’intérieur. Une fois qu’il aura retrouvé et consolidé ses repères, il pourra alors aller, confiant, vers l’universel. Pour aller vers l’universel, il faut partir de chez soi, tout parachutage est perversion.
Contribution de Mouloud A.
SIWEL 261948 JAN 16