CHRONIQUE (SIWEL) — Je suis Kabyle et n’ai pas à m’en justifier… C’est plutôt aux amnésiques et donneurs de leçons de retrouver la mémoire, envahisseurs niant la vérité historique des peuples d’Afrique. Est-il nécessaire de ressasser qui est l’agresseur, qui est l’agressé ? Le voleur qui crie au vol ?
Nous, Kabyles, avec nos différentes sensibilités, nous ne sommes ni sectaires ni racistes. Nous désirons vivre en paix avec notre voisinage.
À ceux qui nous reprochent mille et une choses, nous répondons que nous n’avons fait que nous défendre afin de ne pas disparaître, vivant sur cette terre depuis toujours. Nous n’avons demandé à personne de partir, de ne pas parler sa langue ni pratiquer ses us et coutumes.
Est-il criminel de réclamer son indépendance ou un divorce si le voisin ne vous laisse pas vivre tel que vous êtes avec votre langue, votre culture, votre histoire ? Pourquoi ne pas se séparer de son conjoint lorsque l’amour ou le désir de vivre ensemble n’est plus possible pour diverses raisons ?
Ce ne sont tout de même pas les Kabyles qui ont voulu obliger le reste de la population algérienne à parler kabyle ou avoir le même mode de vie !
De Siwa aux îles Canaries jusqu’en Mauritanie, il ne nous reste plus qu’un seul point commun : le plat de couscous. Même cet aliment, certains clament haut et fort qu’il vient d’Arabie où il ne pousse pas un épi de blé !
Cher ex-cousin devenu Algérien qui revendiquez votre arabité, pourquoi n’avez-vous pas assez de sagesse afin de laisser autrui vivre en paix, en harmonie, avec sa langue et sa culture ? Pourquoi vous acharnez-vous à tout niveler, à faire disparaître les différences d’ordre végétal, animal, humain ? Vous ne ferez jamais de nous des Indiens d’Amérique ni d’Amazonie.
Votre vision irrationnelle va jusqu’à vouloir faire chanter les oiseaux en arabe… que dis-je à faire même disparaître de la planète tout ce qui ne vous ressemble pas !
Il y avait suffisamment de sagesse dans la pensée philosophique durant la période antique pour permettre de vivre ensemble malgré les différences. Cette sagesse nous dit qu’il n’y a pas de race supérieure ni inférieure. Ce sont les variétés, les différentes sortes qui font le charme de la vie. Nous avons été créés ainsi. Pourquoi n’aimez-vous pas ceux qui ne vous ressemblent pas, y compris les chiens ?
Oui, je dis bien les chiens puisque vous dites qu’avoir un chien chez soi est un péché ! Cet animal est considéré comme le meilleur ami de l’homme, il ne vous a rien fait.
Le plus sincèrement du monde, dans mon cœur et dans mon esprit, je n’ai ni animosité, ni haine envers personne. Peu importe, la couleur, la langue des autres, leur vecteur de communication.
Une dernière fois, chers ex-cousins devenus Algériens et demain nos futurs voisins, un jour ou l’autre, la Kabylie sera indépendante. Vous ne pourrez rien faire contre le processus qui est en marche. C’est une question de temps.
Il est probable que je ne serai plus de ce monde, mais je ferai comme si en attendant, pour que mes enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, puissent le voir et vivent en paix sur la terre de leurs ancêtres s’ils le désirent.
Il faut à tout prix mettre un terme à cette hémorragie migratoire vidant la Kabylie de sa population et qui ne fait le bonheur de personne ; il n’y a rien de plus légitime que de vivre chez soi, sans pour autant être raciste ni agresser qui que ce soit.
Il serait souhaitable que chaque individu puisse se déplacer où il le désire, selon sa volonté, sans porter préjudice à qui que ce soit. La terre appartient à tous à condition qu’ils respectent ce qui existe et ceux qui y vivent.
Vive la Kabylie libre et indépendante !
Shamy Chemini
Co-fondateur du groupe Les Abranis, écrivain, réalisateur
SIWEL 230729 Oct 17 UTC