CONTRIBUTION (SIWEL) — Pour le sculpteur kabyle Olivier Graïne, la nouvelle de l’exclusion d’un imam suite à une initiative citoyenne à At Mislayen « redonne espoir quand l’on sait l’effort de guerre consenti par l’Algérie dans son dessein d’extermination de la Kabylie kabyle en l’islamisant et en l’arabisant.»
Cet événement mérite une stèle commémorative qui marquera le point de départ de la désislamisation de la Kabylie (ou du moins à la relégation de la religion à une simple pratique spirituelle individuelle et surtout inoffensive).
Pour avoir eu le plaisir de rencontrer les braves gens d’At Mislayen qui se sont démenés comme des diables pour extraire aux maquis en forte pente les roches que nous avons utilisées dans l’aménagement du lieu qui a accueilli la statue de Mouloud Mammeri à At Yanni, je leur dis ici fraternellement toute mon admiration.
Je rappelle aussi, que les pierres utilisées pour le muret de cet aménagement, proviennent de l’ancienne mosquée du village d’At Mislayen; un bel exemple de développement durable et de recyclage à la kabyle.
La libération de Tamazgha du joug arabo-islamiste (donc, passéiste, rétrograde, vecteur de misères sociales et humaines), passera par la libération de la Kabylie ou ne passera pas. Qui sérieusement, le verrait passer par Oran ou par Bab El-Oued ? Malgré la sympathie que j’ai pour cette ville et ce quartier où je compte beaucoup d’amis.
Le combat de la Kabylie, est celui de tous les Amazigh et toutes les sociétés qui veulent avancer. Il n’y a qu’en Kabylie où un imam (donc fonctionnaire de l’Etat algérien) est chassé d’une mosquée par -des citoyens- pour atteinte à ses symboles laïcs. Un événement pourtant qui ne semble pas digne d’intérêt à toute cette classe intellectuelle prompte à déplorer pour la forme, les prêches d’imams que les télés arabes déversent en lave sur des cerveaux de toute façon cramés.
L’islam est religion de l’école algérienne et cela ne semble pas émouvoir tant que cela tous ces démocrates algérianistes prompts à se démarquer des souverainistes Kabyles qui pourtant sont les seuls à annoncer clairement leurs intentions d’en finir avec ce crime contre l’intelligence humaine que constitue l’endoctrinement par l’islam des écoliers au nom soit disant, d’une revendication plus globale de la démocratisation de toute l’Algérie alors qu’ils ne doivent leur existence politique qu’à la Kabylie et comme si, les souverainistes étaient nés hier et n’avaient pas milité pour l’Algérie … bref.
Il n’y a qu’en Kabylie où les artistes, les intellectuels et les politiques assassinés, que leurs mémoires sont portées par des initiatives citoyennes. Pourquoi ?
Qui porte aujourd’hui la mémoire de Bennaï Ouali, d’Abane, de Krim, et de Nabila Djahnine en dehors de la Kabylie ?
Pourquoi n’y a-t-il aucune statue d’Amirouche, matoub, Mekbel sur des places publics ailleurs qu’en Kabylie ?
Qui soutient Bouhafs ce chrétien Kabyle pourfendeur de l’islam ? Qui s’est ému de la fermeture de l’école Axxam n Tmusni à At Yahia Moussa et de l’interdiction de territoire Kabyle, qui frappe à la femme Allemande d’Ahmed Amroui fondateur de cette école laïque ?
Qui célèbre en dehors de la Kabylie le 20 Avril 1980 ? À Oran ! Sauf que c’est le fait exclusif d’expatriés kabyles hélas.
La question mérite tout de même d’être posée et les conséquences tirées non ?
Personnellement, je rêve d’une Algérie libre, démocratique, laïque… de la même façon que je rêve d’un Afghanistan, d’un Iran, d’une Arabie Saoudite pour lesquelles on traverserait les mers déchaînées en barques de fortune au péril de sa vie pour s’y rendre et espérer y vivre. On peut rêver.
L’horloge biologique étant ce qu’elle est, personnellement je n’ai pas envie de finir ma vie à la perdre pour des chimères. J’ai envie que cela change de mon vivant. Je ne suis pas un fanatique pour me battre pour une idée qui se réaliserait dans cinq siècles. D’ici là je ne sais ce que l’humanité sera, et puis il appartiendra à chacun de faire sa vie. Il est judicieux je pense, de ne pas mettre toutes ses billes dans des…, mais de les investir avec pragmatisme et pour des projets réalisables.
Un imam insulte la mémoire kabyle, on le chasse sur le champ, on n’attend pas un siècle. La Kabylie a, il y’a vingt-sept ans (!) dit oui à la laïcité en ne votant que pour les partis qui portaient ce projet. Dans le reste de l’Algérie, on a voté exclusivement pour le contraire. C’est à dire, pour un Etat islamique porté par des individus pourtant très répugnants qui cultivaient la haine et la laideur corporelle et qui ne juraient que par le fleuve de sang qu’ils allaient faire couler (d’ailleurs ce projet leur tenait tant à cœur que malgré qu’ils avaient été privés du pouvoir, ils le menèrent à bien).
Le pouvoir algérien au lieu de prendre la Kabylie comme modèle et socle à la construction de ce pays des libertés, car ayant empêché à l’Algérie de prendre un aller sans retour possible vers les ténèbres d’un Etat islamiste, a investi des moyens colossaux pour la faire ressembler à ses régions qui constituent toujours des viviers idéologique intarissable au projet d’un Etat islamique. Et l’on voudrait qu’on se laisse faire ?
Un imam a insulté les symboles laïcs kabyles à At Mislayen qui lui a répondu au nom de tous les kabyles et de ceux qui les aiment par voie démocratique : Dehors !
Cet événement met au moins deux choses en exergue :
La première, est que la superstition (socle de tout pouvoir religieux) n’y a pas la côte car congédier un imam "rien que pour ça" est sans doute une offense à Mahomet et au terrible Allah qui déchaînera ses foudres sur eux ou comme souvent par le biais de ses défenseurs autoproclamés donc par définition zélés (comme on l’a vu dans le cas de Bouhafs).
La seconde, c’est la manifestation de la maturité politique qui agit en toute souveraineté et surtout d’une façon hautement citoyenne.
C’est cela le Génie kabyle, car les At Mislayen n’ont puisé que dans leurs propres forces en milieu hostile sous le couperet des lois arabo-islamiques qui dominent encore la Kabylie.
Les détracteurs des Kabylistes pour disqualifier l’idée d’un Etat Kabyle, avec une mauvaise foi grosse comme ça, se plaisent à avancer entre autre que la femme kabyle est opprimée… comme si la Kabylie était déjà indépendante et que ses lois strictement laïques présidaient au destin de ses citoyens. Les femmes Kabyles opprimées le sont justement par cette islamité que l’Etat algérien déverse par torrents sur ce pays, c’est le fait de ses milliers d’imams fonctionnaires de l’Etat algérien, de ces centaines d’illuminés salafistes, wahhabites , sunnites, chiites et diable que sais-je encore, qui sortent de l’école et des mosquées algériennes.
C’est à cause de cela que qu’il y’a un combat, sinon pourquoi vouloir à ce point extraire la Kabylie à cette folie arabo-islamique ?
À l’école, une prof, palestinienne ou syrienne voir même égyptienne, voulait nous apprendre sans humour, que l’islam avait libéré la femme, mais de cette femme libérée aucune trace je n’ai trouvé. Si cette femme se reconnaît, je la prie de se manifester (Celles qui portent le voile au nom de la liberté s’abstenir ou alors contacter Nekkaz. Merci). Ce dont je peux témoigner ma main sur le courant c’est de l’islam qui prive la femme de liberté. Peut-être que cette libération de la femme par l’islam n’est qu’une métaphore ou une blague, je ne sais pas vous, mais moi je n’ai pas le cœur à rire.
Bouhafs a porté atteinte à l’islam, donc à Dieu. Dieu étant tout puissant, pourquoi aurait-il eu besoin de défenseurs humains autoproclamés, corrompus de surcroît ? L’histoire des religions a ainsi été jalonnée de justice rendue au nom d’un Dieu qui n’a existé qu’à travers le pouvoir aveugle et impitoyable de l’homme sur l’homme.
Soutenir le MAK aujourd’hui, est un investissement sûr pour une Afrique du nord des libertés.
La Kabylie qui est déjà la capitale spirituelle de Tamazgha, sera demain sa capitale politique et culturelle (de Tamazgha). Les At Mislayen ont aujourd’hui écrit la première lettre d’un long chapitre. Á chacune et à chacun, kabyle ou pas d’en écrire une autre et demain nous lirons sur les vestiges de l’obscurantisme la fabuleuse histoire de notre beau pays peuplé de femmes et d’hommes émancipés aux nouveaux venus. C’est vrai que cette chute est lyrique alors permettez-moi de me rattraper et de terminer par cette bienveillante boutade : Je ne dis pas qu’il faille chasser tous les imams, mais il faut essayer.
Olivier GRAINE
SIWEL 280047 OCT 16