HISTOIRE (SIWEL) — En cette fin d’année 1980, un acteur américain se prépare à prendre ses quartiers d’hiver à la Maison Blanche. Depuis peu, c’est le 2ème choc pétrolier et la guerre en Afghanistan. L’année précédente l’Iran consacrait déjà le rêve de tous les fous de Dieu : la République Islamique. En Pologne Lech Walesa fonde Solidarnosc. Le Vietnam envahit le Cambodge. En cette année 80, Alfred Hitchcock et Jean Paul Sartre rendent l’âme alors que la Guerre Froide entre les deux superpuissance fait rage. Mais, c’est d’un tout petit pays de quelques dizaines de milliers de kilomètres carrés que va souffler le vent du Printemps.
La Kabylie, une lame de fond historique
En Kabylie, les forces de sécurité orphelines de Mohamed Boukharouba lance l’assaut. Un assaut, non pas contre un ennemi armé jusqu’aux dents, mais contre des intellectuels, des étudiants et des lycéens. L’Etat arabo-algérianiste n’ayant point peur du ridicule va nommer cette série d’assauts, l’opération Mizrana. On se croirait presque dans un mauvais film de guerre. Nous sommes dans la nuit du 19 au 20 avril 1980. L’Etat algérien est loin de se douter que cette opération va être à l’origine d’un mouvement historique de stature internationale. La première lézarde dans le bloc socialiste-soviétique. Suivront dans la décennie, le soulèvement de Solidarnosc, la glasnost, la perestroïka, octobre 88 et en guise d’apothéose l’écroulement du Mur de Berlin. Le 20 avril 1980, ouvre une nouvelle ère. Celle de l’amazighité en tant que lame de fond historique, qui tôt ou tard si elle n’est pas prise en compte à sa juste valeur, balaiera tout sur son passage. Quand le vent de l’Histoire souffle, il ne fait pas dans le détail.
Le vent de l’histoire souffle l’Indépendance
Ce vent même s’il est quelque peu ralenti par la mouvance culturaliste n’est pas freiné pour autant. Partout depuis cette date, l’étendard amazigh en souvenir de cette nuit du 19 au 20 avril est levé. Au Maroc de longues marches se font au cri de « Pouvoir assassin ». En Libye, les guerriers lybiens renouent avec l’ardeur guerrière des lebous peints en Jaune, Vert et Bleu. En Egypte, les éléments berbères de l’armée egyptienne tiennent à ce symbole comme à la prunelle de leurs yeux. En Kabylie l’étendard amazigh côtoie désormais un autre symbole tout aussi puissant, l’anay aqvayli – le Drapeau national kabyle. Un autre séisme est passé par là, et le vent de l’Histoire a enfanté Tafsut tavarkant – Le Printemps noir. Cette fois-ci, la Kabylie ne va pas faire dans le détail. Les leaders algérianistes arouchiens sont balayés par quelques milliers de visas et une poignée de dinars. La Kabylie très vite n’en veut plus. Elle prend dans la décennie qui suit son destin en main en créant son propre Gouvernement. Certes, pour l’heure il est provisoire. Mais le mémorandum est en passe de diriger le vent du Printemps vers sa Libération, vers son Indépendance.
1989, une autre année noire pour la Kabylie
Cette fois-ci, il n’y aura pas de 1989 bis. Une année qui a vu la naissance du RCD et la mort du MCB. Étrange coïncidence historique, la disparition de Dda Mouloud a lieu la même année. Tout part pourtant de l’annulation d’une conférence de Mouloud Mammeri. Lequel s’est toujours opposé à l’institutionnalisation du MCB. Selon Dda Lmulud « institutionnaliser le MCB, c’est tuer le MCB ». Un pas que le fossoyeur de la Kabylie a franchi. Saïd Sadi fonde le RCD et tue de fait le MCB. Même Dda Lwennas ne le lui pardonnera pas cela pendant longtemps, peut être même jamais ! S’apprête-t-il à refaire la même chose avec les autonomistes ? Allez savoir ! Reste que les indépendantistes kabyles dont les rangs gonflent chaque jour un peu plus redonnent un nouveau souffle à ce vent de l’histoire. Un vent marqué par un déchaînement de violence ridiculement nommé « Opération Mizrana ».
La poudre aux yeux c’est fini !
Cette fois-ci ce ne sont plus des culturalistes auxquels on jettera la poudre aux yeux d’une officialisation artificielle d’une langue tout aussi artificielle. Le « Pouvoir Maléfique d’Alger », que nous nommons ici avec une pointe d’ironie – voire un aiguillon d’ironie – a en face des acteurs politiques majeurs : des nationalistes kabyles déterminés à arracher leur Liberté, l’Indépendance de leur pays et l’Indépendance de leur Patrie. Aujourd’hui comme hier, Taqvaylit est et sera. «Assa, Azeka Tayqvaylit Tella Tella ! »
Citoyennes et citoyens kabyles, bonne Marche à toute et à tous.
Salem AT SEYD
SIWEL 142005 Apr 17