Yassine Aissouane contre Samir Oukaci, instrumentalisation de la justice française
(SIWEL) —Yassine Aissiouane vient de publier sur sa page Facebook un exposé des motifs adressé à son avocat contre Samir Oukaci – un réquisitoire qui n’est qu’un ramassis de mensonges contre le mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie. Derrière les oripeaux juridiques et le pathos dramatisé, se cache une mise en scène grossière où la diffamation supposée n’est que le prétexte, et Samir Oukaci l’accessoire interchangeable.
La véritable cible de cette pantalonnade judiciaire est claire : il s’agit d’une entreprise de délégitimation du combat kabyle, une tentative désespérée d’étouffer dans les prétoires parisiens une voix qui résonne trop fortement sur les terres de Kabylie. Sous couvert de défense personnelle, c’est bien la criminalisation de toute une aspiration politique qui se joue.
Ce procès n’est que l’ultime avatar d’une stratégie d’intimidation qui, ne parvenant plus à convaincre par les idées, cherche à museler par le droit. Mais les mots, même travestis en jargon juridique, ne sauraient masquer l’essentiel : la peur panique d’un pouvoir devant l’inaltérable soif de liberté d’un peuple.
Samir Oukaci n’est que le prétexte. La Kabylie est la véritable accusée. Et c’est bien son droit à exister qui se trouve une fois de plus sur le banc des prévenus.
Instrumentalisation de la justice :
Le procès contre Samir Oukaci n’est pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une stratégie plus large de répression juridique et politique ciblant les voix dissidentes kabyles.
Un précédent récent en faveur du MAK :
La justice française a rejeté catégoriquement la demande d’extradition d’Aksel Bellabaci, un autre cadre du MAK, levant son contrôle judiciaire en mai 2025. Cette décision a été perçue comme un désaveu cinglant des méthodes algériennes, l’avocat de Bellabaci ayant qualifié le dossier algérien de « vide » et dénoncé l’absence d’un véritable État de droit en Algérie . Ce précédent affaiblit considérablement la crédibilité des accusations portées par Alger contre les militants kabyles.
Instrumentalisation de la justice :
Le régime algérien est régulièrement accusé d’utiliser la justice comme un outil de répression contre les militants indépendantistes. Le Premier ministre de l’Anavad (gouvernement provisoire kabyle) a rappelé que 38 militants kabyles ont été condamnés à mort en Algérie pour des motifs similaires, sur la base de dossiers souvent politiques et vides de substance juridique . Le procès Oukaci semble être une extension offshore de cette pratique.
Un journaliste français emprisonné :
La situation du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à 7 ans de prison en Algérie pour avoir eu des contacts avec des autonomistes kabyles dans le cadre de son travail, illustre l’atmosphère de répression qui s’est abattue sur toute personne s’intéressant de près à la question kabyle . Cela confirme le caractère systématique de la persécution.
Une contradiction flagrante sur les valeur :
Le discours du député Aissiouane, qui se présente en défenseur de la démocratie et de la liberté d’expression, est en contradiction avec ses actions.
Une plainte qui entrave la liberté d’expression :
En intentant un procès pour diffamation en France contre un militant exilé, Yassine Aissiouane utilise le système judiciaire non pas pour protéger une réputation, mais pour museler une voix dissidente.
Cette action est en totale opposition avec les valeurs de « libre débat » et de « tolérance » qu’il prétend défendre . Ses soutiens dénoncent d’ailleurs cette plainte comme une « forme de sous-traitance offshore de la dictature en place » .
Un combat politique déguisé en offense personnelle :
Bien que la plainte soit déposée pour diffamation, le député lui-même affirme que « ce procès dépasse ma personne » et le qualifie d' »acte de résistance morale et politique » . Cette formulation révèle que l’objectif réel est politique : il s’agit de combattre le MAK et son influence, bien au-delà de la simple réparation d’une insulte présumée.
Un régime algérien discrédité sur la scène internationale :
S’appuyer sur la légitimité du régime algérien pour porter des accusations est un argument faible, compte tenu de son image internationale en matière de droits humains.
Une justice algérienne non indépendante :
Dans l’affaire Bellabaci, la défense et les soutiens du militant ont constamment dénoncé le manque d’indépendance de la justice algérienne, qu’ils estiment instrumentalisée par le pouvoir exécutif . La France, en refusant l’extradition, a implicitement reconnu le caractère politique de la procédure et l’absence de garanties d’un procès équitable.
Répression documentée des minorités :
Le régime algérien est « régulièrement accusé de mener une politique de discrimination systémique contre les Kabyles » et de réprimer implacablement les militants indépendantistes, avec des témoignages d’actes de torture et de détentions arbitraires qui s’accumulent . Porter plainte au nom d’un tel régime retire toute crédibilité morale à la démarche.
La justice française a déjà rejeté les accusations algériennes contre un militant du MAK, jugeant le dossier sans fondement solide .
Ce procès s’inscrit dans une stratégie de harcèlement juridique contre les opposants kabyles, tant en Algérie qu’au sein de la diaspora . Son action en justice contredit ses propres principes affichés de démocratie et de liberté d’expression, et révèle un agenda politique . Quelle légitimité a-t-elle cette accusation, et qu’en n’est-il de véracité des institutions judiciaires algériennes, alors que leur indépendance et leur impartialité sont remises en cause par la communauté internationale .
Le discours de Yassine Aissiouane et son procès contre Samir Oukaci relève davantage de la persécution politique que d’une juste quête de réparation.
Boualem Afir.
