KABYLIE (SIWEL) — Terre de liberté et de rébellion, la Kabylie ne cessera jamais de se battre pour ses idéaux. Elle le fait depuis la nuit des temps. C’est ce que nous transmet la lecture de ce petit livre, « La Kabylie », réédité par Jean-Paul Rocher, éditeur, en 2001.
Le texte était paru pour la première dans la Revue contemporaine du 30 novembre 1856. Même si la ville de Vgayet était déjà aux mains des Français, la Kabylie des montagnes demeurait libre. Visiblement bien informé, le général Daumas, qui ne s’entendait pas bien avec le général Randon, écrivait son texte justement pour faciliter l’oeuvre colonialiste des Français. « Il faut donc que tôt ou tard les armes décident si, aux portes d’Alger, nous laisserons une contrée que tous les fauteurs de désordre choisissent pour refuge, si l’Algérie sera française toute entière ou française sans la Kabylie », souligne-t-il à la fin de son texte. Ce petit livre est précieux, c’est une mine d’informations qui parlent encore pour aujourd’hui. À cette époque-là, la Kabylie produisait elle-même tout ce qu’il lui fallait et faisait le troc avec les régions avoisinantes pour les produits qui lui manquaient. Se sachant menacés par les Français, les Kabyles punissaient d’une amende de 6 boudjous, un boudjou équivalait 1,45 francs tout citoyen qui n’achetait pas de fusil, quand il avait les moyens.
La Kabylie fabriquait ses armes, elle n’avait aucun chef, elle se gérait démocratiquement par les système des confédérations. Le général Daumas rappelle l’arrivée de l’émir Abdelkader, en 1839, en Kabylie, il décrit comment il a failli être lynché, pour traîtrise, du côté de Vgayet. « Bientôt des menaces violentes éclatèrent, et Abdelkader effrayé partit subitement, poursuivi sur la route par les imprécations des montagnard. Il ne dut son salut qu’à l’anaya du cheikh Ameziane », écrit le général Daumas. Ce dernier insiste sur l’égalité entre citoyens qui existe en Kabylie. « Cette égalité que nous avons signalée d’abord entre les tribus, puis entre les habitants d’une même tribu se remarque jusqu’à un certain point entre l’homme et la femme. La femme kabyle s’assied où elle veut ; elle cause, elle chante, son visage reste découvert », écrit-il. Ce texte nous interpelle dans la mesure où la Kabylie d’aujourd’hui ne peut pas cautionner indéfiniment le régime autoritaire algérien. « Le gouvernement kabyle est, en effet, le gouvernement républicain dans toute son énergie. À tous les degrés, le pouvoir y est électif ; l’élection se fait par le suffrage universel », souligne le général Daumas.
À méditer par tous ceux qui n’arrêtent pas, depuis de longues années, d’imposer leur choix personnel au peuple.
K@B
SIWEL 090926 MAR 21