ENQUÊTE (SIWEL) — Qu’est-ce qui a pu motiver le président du MO Bgayet à choisir de jouer le match aller de la finale de CAF contre le TP Mozembe à Blida ? car selon les déclarations de Kerbadj, président de la ligue algérienne de football, c’est Zahir Attia, le président du MOB, qui était derrière la décision de faire jouer son équipe en dehors de la Kabylie et de ses bases pour le match le plus décisif de l’Histoire du MOB, qui disputait sa première compétition internationale. Nous avons enquêté.
1- Les conditions de sécurité sont meilleures à Blida qu’à Vgayet.
2- Les terrains gazonnés qui ne semblent ne pas faire l’affaire l’équipe adverse.
3- Faire de ce match une fête nationale algérienne.
Voyons maintenant qu’on était-il réellement de ces trois points avancés ; mais pour cela, transgressons l’ordre comme tout le monde semble le faire.
Le terrain gazonné de Blida est-il plus propice à gagner que celui de Vgayet ?
Commençons donc par le deuxième point. Selon le raisonnement de monsieur le président, son équipe aurait trouvé la clef de la victoire ! Or, ce n’était pas seulement le cas, mais aussi il est notoirement connu que le MOB n’a pas jouté autant que son adversaire (plusieurs fois mondialiste déjà) sur les terrains gazonnés. Voilà que l’une des raisons tombe à l’eau d’elle-même. D’ailleurs, même Moussa Saib, a intervenu sur BRTV pour dire qu’il y avait aucune raison sportive qui pouvait expliquer le choix de jouer ce match et Blida et non à Vgayet.
Les conditions de sécurité sont-elles meilleures à Blida qu’à Vgayet ?
Revenons maintenant au premier point. Selon monsieur Attia toujours, on ne pouvait pas organiser le match à Vgayet pour des raisons sécuritaires dans la ville -où il y a plus de sécurité selon les statistiques même de la gendarmerie algérienne : des raisons qu’il a omis bien-sûr de préciser. Seulement voilà que cette sécurité qu’il est allé chercher à Blida c’est transformée en un cauchemar pour les supporters du club. N’est-ce pas que des Kabyles ont été tabassés et blessés dans les affrontements entre supporters et forces « sécuritaires » qui ont eu lieu pendant, avant et après le match ? N’est-ce pas que ces affrontements se sont soldés par l’arrestation de plusieurs supporters dont l’un deux –Idir Blaid- vient d’être condamné à une année de prison dont six mois ferme ?
A préciser que les véritables causeurs de ces troubles ce sont ces mêmes « forces de sécurité » parce qu’ils ont décidé d’interdire tout symbole amazigh ou kabyle !
Sans revenir bien-sûr sur tous les périls qu’ont connus les supporters qui ont parcourus plus de 250km pour assister au match. Des accidents de circulation (plus de 20 blessés dans l’un des accidents) et intoxications alimentaires ont été enregistrés. Sachant que des matchs aussi importants que celui du 29 octobre dernier ont été joués à Vgayet, en Kabylie, n’ont enregistré que peu d’incidents, on peut en conclure que le deuxième des trois objectifs sus-cités est à son tour tombé dans l’eau.
Faire de ce match une fête nationale algérienne ?
Quant au troisième but de cette délocalisation insensée, je crois qu’il suffit de revoir les images du match pour comprendre qu’il n’en était rien d’une fête nationale algérienne – vu que sur les tribunes du stade, nous n’avions aperçu que les supporters kabyles. Or, l’Algérie ne s’est pas arrêtée là dans sa démonstration d’une pseudo solidarité nationale, puisque des policiers ont expressément sommés des supporters kabyles de rentrer chez eux, dans leur pays kabyle. Et des affrontements ont même eu lieu entre des supporters de Vgayet et la population locale. La télévision algérienne a bien-sûr fait le reste en ne nous montrant des gradins de Tchaker, tout le long du match, que ceux où sont assis les supporters du TP Mazembe.
Mais ce qui a fait plus de mal aux rares Kabyles qui croient- sincèrement- encore à cette chimère de l’Algérie une et indivisible, fut l’interdiction des forces de répression (il ne s’agit plus d’ordre ici), aux supporters de faire entrer au stade tout ce qui symbolise leur identité et leur culture. En effet, posters du rebelle Matoub Lounes, drapeaux fédéraux amazighs, drapeaux nationaux kabyles…tout ce qui évoque ce que nous sommes fut saisi par les agents du colonialisme arabe. Cette énième démonstration d’une Algérie qui se veut exclusivement « arabe », a fait demander à certains de nos frères kabyles « algérienistes » le pourquoi d’une officialisation de tamazight si elle est toujours interdite d’expression ? Pour d’autres bien-sûr, cet acte était suffisant pour les décider à rejoindre définitivement le mouvement souverainiste kabyle, leMAK. Certains même l’ont carrément annoncé sur leurs pages Facebook juste après le match avec les formules d’usages : vive le MAK, vive l’Anavad et vive la Kabylie indépendante.
Pourquoi donc un match à Blida, à 5h de route de Vgayet ?
Mais revenons à la « clairvoyance légendaire » du président du MOB. Après ce qui vient de se passer, il sort clairement qu’aucune des motivations qui ont poussées le MOB à jouer à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur n’est objective.
Donc la question qui taraude encore l’esprit est la suivante : qu’est-ce qui a pu pousser Monsieur Attia à mettre sur le dos son vice-président, les supporters du MOB et tous les kabyles en général qui ont demandé incessamment que le MOB joue cette rencontre à Vgayet ?
Ecartons d’emblée une erreur de jugement, du simple fait que tout le monde a pu entrevoir ces dangers avant même qu’ils deviennent visibles comme aujourd’hui ; et nous ne serons nullement objectifs si nous pensons qu’un simple supporter ait pu mesurer l’ampleur de ces risques au moment où le président du club ne les a pas vus venir !
Qu’est-ce qui a pu donc pousser le monsieur à prendre une décision qui peut coûter cher à lui et à son club ? Je crois que la réponse à cette question se trouve justement dans ses propres déclarations. Je veux parler de cette fête nationale algérienne qu’il a voulu donner à Blida. Si les deux autres points sont logiquement écartés, c’est parce qu’à notre avis, ils ne font pas le poids face à cette tentative de récupération de la jeunesse kabyle (aujourd’hui majoritairement acquise à l’idéal de la liberté), en usant d’un semblant de solidarité nationale – cachée dans les airs de « fête nationale » que pense (ou veut faire semblant de) donner Attia à Blida – par certains décideurs algériens.
Une punition contre les drapeaux kabyles et le slogan « Mon Pays la Kabylie » ?
Même le citoyen le plus dépolitisé peut sentir ici les odeurs nauséabondes des politiques de manipulation concoctées dans les labos algériens ! En effet, la montée en puissance du MAK démontrée sur le terrain à maintes reprises : les marches historiques du 20 avril dans les principales villes kabyles n’ont laissé aucun doute sur l’adhésion des milliers de kabyles à l’idéal souverainiste du MAK. Aussi, la dernière sortie des supporters du club à l’occasion du match aller de la demi-finale de la CAF joué à Vgayet, où les drapeaux nationaux kabyles étaient légion avec bien-sûr la reprise des slogans – tellement expressifs – tel que « Mon pays la Kabylie » qui ont fusés tout le long de la rencontre.
Ces nouveaux témoignages d’une « solidarité kabyle » à toute épreuve ont poussé les décideurs algériens à sortir de leur mutisme calculé, pour transformer la Kabylie en un immense champ de tirs où les cibles préférées de leurs agents sont bien-sûr les militants du MAK.
Quel décideur algérien a obligé le Président du MOB à faire le choix de Blida ?
Donc, il est légitime de soulever la question si cette délocalisation – point objective – n’intervient pas elle aussi dans cette guerre que le pouvoir d’Alger a décidé de mener contre les souverainistes kabyles ! Se poser cette question n’est nullement subjectif et est totalement fondé. Car, qu’est-ce qui peut empêcher les Algériens de participer à une fête (si elle est leur réellement) qui se déroule en Kabylie ? Surement pas les Kabyles eux-mêmes qui jamais n’ont été racistes envers les peuples formant le territoire dit « Algérie ».
Pour terminer, dans l’entretien accordé à Elheddaf par le président du MOB, Zahir Attia, ce dernier a fini lui-même par dire que son souhait personnel était que le match se déroule à Vgayet. Autant dire que la décision de délocaliser ce match à Blida le dépassait totalement. Sachant que le président de la Ligue algérienne de Football Professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj, a déclaré que ce n’est pas la LFP qui a demandé à Zahir Attia de faire jouer à Blida (src : lebuteur), on ne sait quel décideur algérien a imposé au MOB de ne pas jouer en Kabylie. Quel est le chantage exercé sur le président du MOB pour lui faire assumer un choix qu’il a fini par renier ?
Sources
– MOB : Kerbadj : «C’est Attia qui a choisi Tchaker»
– Ni les supporters de Blida, ni les autres des équipes de l’algérois n’ont été au rendez-vous
– Zahir Attia : "le MOB appartient à tous les Algériens"
– Les supporters kabyles en colère contre le choix de jouer à Blida
– MOB – TP Mozambe : La police algérienne interdit les drapeaux kabyles et les drapeaux amazighs
– MOB – FUS Rabat : des milliers de supporters chantent « Mon pays la Kabylie »
Brahim Azi
SIWEL 081834 NOV 16