CHRONIQUE (SIWEL) —La montée spectaculaire de l’idée de l’indépendance de la Kabylie est loin d’être passée inaperçue. Le regard du pouvoir algérien reste fixé sur « la région » en ébullition. L’opinion kabyle est très favorable quant à l’idée d’une indépendance.
Pour freiner la marche du peuple kabyle et sa motivation, et nous l’avons vu en 2016, les pouvoirs législatif et exécutif ont voulu détourner l’ambition populaire par l’officialisation de tamazight qui était au centre de la revendication dans les années 80 et 90. Une officialisation qui arrive plus de 15 ans après le massacre du printemps noir et après un lot de souffrance, d’humiliation et de vies gâchées… Et pourtant, lors de l’investiture de la Présidence en 1999, le grabataire qui gouverne l’Algérie a juré corps et âme que « Tamazight ne sera jamais officielle » tant qu’il sera encore au commande du pays.
Quel drame aurait-il constaté, si ce n’est le divorce et la plaie béante qui sépare Alger et la Kabylie ? En parallèle de l’officialisation de Tamazight, l’État algérien, dans sa stratégie de faire avorter le mouvement pour l’indépendance de la Kabylie et la marche du MAK du 20 avril 2016, avait orchestré une forte activité ministérielle en Kabylie, et ce, à la veille des célébrations du printemps noir et du printemps berbère. Le quotidien arabophone « El Khabar » s’est alors posé une question cruciale sur un sujet pourtant tabou dans une l’Algérie de la dictature: « Le MAK est-il devenu le cauchemar de l’État d’Alger? ». Dans le même article, le rédacteur avait signalé que l’activité ministérielle du pouvoir en Kabylie n’avait jamais connu une telle envergure depuis 1962. Malgré le dynamisme politique pour faire avorter la marche et l’élan des indépendantistes kabyles, la démarche machiavélique avait échoué.
Par ailleurs, l’ENTV (une chaîne étatique algérienne) se préparait à jubiler devant l’échec de la marche du 20 avril. À cette occasion, le Bachagha Ould Ali Elhadi, ministre de la Jeunesse et des Sports, invité de l’ENTV, se préparait à lancer un discours en direct jugé historique. Le peuple kabyle est descendu en force le jour J dans les trois villes de Kabylie pour comme ordre de jour « Kabylie indépendante ». Le ministre algérien Ould Ali Elhadi, tout stupéfait de l’ampleur de la marche du MAK, était forcé à renoncer à son discours et s’est contenté de quelques réponses aux questions de l’animatrice de l’ENTV. Le ministre s’est vu incapable et gêné de prononcer le nom de Ferhat Mehenni. La marche grandiose du MAK pour l’indépendance de la Kabylie avait désarmé le ministre au point de perdre toute réflexion politique.
Fidèle à ses pratiques coloniales, le régime algérien n’avait pas trouvé d’autres moyens que le totalitarisme et le despotisme, sa seule philosophie et le seul jeu qu’il maîtrise, devant le pacifisme du peuple kabyle. À chaque fois que le peuple s’affiche avec ses idées, des arrestations arbitraires de militants et une répression générale s’abat sur la liberté d’opinion, de rassemblement et d’expression. Les droits de l’homme sont quotidiennement violés par ces donneurs de leçons qui, hélas, ne cessent de fabriquer l’amour de la patrie qu’ils ont spoliés…
Et malgré l’acharnement des suppôts du pouvoir et ses satellites, les indépendantistes kabyles réussissent toujours à faire échouer – intelligemment – leurs plans diaboliques. La panique d’Alger ne s’arrête pas et s’allonge jusqu’à douter de ses compétences policières d’origine kabyles. Si les militants subissent une répression ininterrompue, les policiers kabyles subissent une forte pression de la part de leur responsables qui leur exigent des rapports obligatoires et continuels des moindres mouvements de chaque militant, sympathisant et tout citoyen énonçant ne serait ce qu’une de l’émancipation de la Kabylie.
D’après une source fiable, des agents kabyles sont menacés par leurs supérieurs si leurs ordres ne sont pas exécutés. Même s’il s’agit d’une sale besogne. Si l’ordre n’est pas exécuté, l’agent kabyle se voit dans l’obligation de subir le transfert ou l’affectation dans une région algérienne.
En revanche, comme il l’avait fait déjà avec le mouvement des Arouchs, le pouvoir algérien compte mettre en place d’autres mouvements, non identifiés, réfractaires, afin de semer le doute, la division et la discorde en Kabylie. Ces nouveaux mouvements qui défendront autrement la Kabylie ne pourront qu’assumer la bassesse du pouvoir algérien qui, à travers ce satellite, vaudrait faire diversion à la veille du dépôt du mémorandum d’autodétermination du peuple kabyle aux Nations Unies et d’autres instances internationales.
De son côté, le MAK-Anavad, conscient des enjeux et des manœuvres machiavéliques du pouvoir algérien, continue à rassurer le peuple kabyle et à l’exhorter à rester lucide pour braver toutes intimidations.
Mas Mega
SIWEL 261441 Feb 17