CHRONIQUE (SIWEL) — Il est évident qu’il ne suffira pas de construire un panthéon pour ses grandes femmes et ses grands hommes.
À ceux qui ne pensent qu’à remplir leur estomac (taverrant), je les renvoie à la fameuse chanson de feu Cherif Kheddam (Avrid iggunin), dans laquelle il a répondu, il y a au moins un demi-siècle, par une formule magistrale à la question : qu’allons-nous manger si la Kabylie venait à accéder à son indépendance ?
Cherif Kheddam, visionnaire, nous a dit avec des mots simples et flamboyants : Ma d tileqqimt ɣef i nleḥḥu – yak ula d lmal iεac – ma nesεadda lḥif nettu – winna d leḥsav n warrac (s’il suffisait de courir derrière la nourriture – même les animaux trouvent la leur… Si nous oublions notre terrifiant passé – Ceci n’est qu’un compte de gamins). Je me permets de vous inviter toutes et tous à découvrir ou à redécouvrir cette chanson d’une beauté à couper le souffle, l’écouter attentivement, l’analyser et surtout comprendre le texte qui fait appel aux neurones qui se sont arrêtés de fonctionner depuis que l’occupant arabo-obscurantiste a privé certains cerveaux kabyles d’une pensée rationnelle et surtout de l’ouverture d’esprit qui a, de tout temps, été l’un de nos points forts.
La question clé que l’on doit se poser est : Comment et de quelle façon allons-nous pouvoir nourrir les cerveaux des générations futures ? Pour leur permettre de vivre décemment, correctement et librement.
Un kabyle conscient et averti sait que la Kabylie est en ruines au regard de tous les paramètres sociétaux.
Qu’il s’agisse de l’éducation, de l’instruction, de la culture, de la santé, de l’environnement, du social et autres, toutes et tous avons constaté et constatons que la désolation, la dévastation, le péril et l’anéantissement de nos valeurs sont là pour nous rappeler, si besoin est, qu’il est de notre intérêt collectif de nous épargner ce tsunami qui ne demande qu’à nous engloutir. Une femme, un homme qui perd son identité, devient un être totalement insignifiant et son gourou le transforme en pate à modeler.
En quelques points, cruciaux, nous allons, ensemble, essayer de voir quelle sera la Kabylie indépendante du futur, quelles seront les préoccupations et les obligations des citoyennes-citoyens ainsi que celles de nos futurs(es) élus(es).
Conscients de son état de délabrement avancé, toutes les kabyles et tous les kabyles doivent se préparer à retrousser les manches pour aller de l’avant.
Nous savons que nous ne manquons pas de potentialités, aussi bien locales que dans la Diaspora, mais nous savons également que les multiples obstacles qui nous attendent ne disparaîtront pas d’un claquement de doigts.
Nous devons nous préparer à déblayer toutes les ruines que nous laissera l’occupant actuel.
Conscients de toutes les difficultés auxquelles nous aurons à faire face, il faut d’ores et déjà nous dire que notre volonté de faire (fer) est là, et bien là. Que nos détracteurs se rassurent !
La future République Kabyle aura pour rôle principal le lancement d’une école digne de ses filles et de ses fils.
L’enseignement du savoir, de la connaissance, des technologies modernes, des sciences, en un mot, des valeurs universelles en passant par nos valeurs ancestrales de respect, de droiture, de parole donnée et de solidarité, achèvera de mettre fin aux ténèbres imposées par l’occupation ravageuse et cauchemardesque que nous subissons depuis bien des décennies.
La future République Kabyle aura, par la même, à s’attaquer à un autre obstacle de taille, qui est celui de la dramatique misère morale, laquelle surplombe une majeure partie de notre société, en tenant compte, naturellement, de la misère matérielle et multidimensionnelle qui a réduit un pan non négligeable de nos compatriotes en marionnettes entre les mains des marionnettistes du système honni.
Comme il a été écrit quelque part, la République Kabyle ne sera jamais, au grand jamais, un système, mais bel et bien un Souffle ! Prenez-le pour de l’insistance et non du répétitif. C’est plus une exigence de l’opiniâtreté.
Nous ne pouvons passer sous silence le devoir, de la future République Kabyle, de déblayer toutes les ruines actuelles, de préparer le terrain, de procéder à des fondations solides pour construire un pays digne de ceux qui ont pris le chemin de la modernité.
Vous savez toutes et tous que rien ne se construit sur des ruines. Nous sommes conscients que rien, non plus, n’est simple, mais convaincus que : Avancer c’est difficile, reculer c’est impossible ( Akemmel yuεar, awexxer ulamek)
Telle doit être l’une de nos réflexions pour l’avenir de la Kabylie souveraine.
A-T
SIWEL 230736 Oct 17 UTC