TIZI-OUZOU (SIWEL) — Le colonel Sadek (Slimane Dehilès, de son vrai nom), l’un des principaux chefs politico-militaires de la Révolution algérienne, est décédé samedi à Alger des suites d’une longue maladie, à l’âge de 91 ans. Son enterrement aura lieu demain dans sa région natale, les Ouadhias, en Kabylie.
En octobre 1943, soldat parmi les troupes alliées, il a combattu les Nazis près de Naples, en Italie
En août 1944, Slimane et son bataillon entrent en France, après avoir perdu beaucoup d’hommes face à une résistance farouche, ils arrivent à Strasbourg le 24 décembre 1944.
En mai 1945, il était mobilisé à Obstad, en Allemagne.
En 1946, il adhère au MTLD et active sous l’égide de la Fédération de France.
En 1953, il est arrêté et écope de 8 mois d’emprisonnement et 70.000 anciens francs d’amende et frappé d’interdiction pendant 5 ans en Algérie pour avoir distribué des tracts hostiles à la présence française en Algérie.
Dès novembre 1954, il rentre clandestinement à son village en Kabylie, il fut l’un des premiers à rejoindre les rangs de l’ALN (Armée de libération nationale).
En juin 1955, il participa à la réunion d’Ath Dwala, ayant regroupé Amirouche Ait Hamouda, Krim Belkacem, Mohamedi Saïd, Yazourène Mohand Ameziane (Vriruc), Abderahmane Mira. Réunion qui avait débouché sur une grande offensive contre l’armée française, au cours de laquelle ils avaient récupéré 1200 armes, 627 millions en argent liquide et 12 millions de cartouches.
Fort de son expérience militaire, c’est à lui qu’échut le devoir de former la première compagnie en Kabylie. Ce qu’il fit : « En moins de six mois, l’organisation politico-militaire était une réalité. »
En 1957, il est désigné par Abane Ramdane pour organiser la Wilaya IV (Algérois) après le départ d’Amar Ouamrane à Tunis, à ce titre, il devient membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) de 1957 jusqu’en 1962.
En 1959, il participe à une réunion à Tunis regroupant 10 colonels et dont l’objectif était de remanier les organismes extérieurs du CNRA et du GPRA, pour tenter de résoudre le différend entre l’état-major et le GPRA, qui était d’après lui « monté de toutes pièces par Boussouf qui voulait tout contrôler en mettant les hommes du MALG aux postes sensibles. »
A l’indépendance en 1962, le colonel Sadek est élu député de Tizi-Ouzou.
De 1963 à 1965, durant la guerre qui opposa les dissidents Kabyles du FFS (Front des forces socialistes) au gouvernement central post-indépendance de Ben Bella, le colonel Sadek en député insurgé commanda un bataillon dans son fief, aux Ouadhias, pour empêcher l’installation de soldats de l’ANP (Armée nationale populaire, issue de l’ALN). « Il y avait 700 hommes armés dans le maquis mais qui manquaient de ravitaillement et de munitions. Il fallait les sauver ainsi que les prisonniers dont Aït Ahmed qui, dans tous les cas de figure, ne se compromet pas. C’est moi, et personne d’autre, qui ai signé la paix et exigé la réhabilitation de tous les insurgés. »
3000 sympathisants du FFS furent arrêtés par la milice de l’armée des frontières qui a fait main basse sur la révolution. L’insurrection avait fait plus de 400 Kabyles morts dans les rangs du FFS.
Dans un entretien datant de 2006, il dira de Ben Bella « qu’il est devenu le Bon Dieu en 1962. Nous avions fait la guerre pour arracher notre liberté et nous nous trouvions devant un régime qui faisait régner la terreur, la peur et l’injustice. A-t-on combattu et fait tant de sacrifices pour en arriver là ? »
Durant les sanglantes émeutes Kabyles (2001-2003) le colonel Si Sadek avait répondu négativement à la demande du régime algérien qui l’avait sollicité pour une médiation avec le mouvement citoyen. L’âge et la maladie n’avaient point altéré son sens de l’honneur et des responsabilités. Il avait choisi la justice contre l’arbitraire du régime qu’il a combattu dès 1962, il déclara d’ailleurs en 2006 que « ceux qui ont trahi paieront un jour ».
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SIWEL 061816 NOV 11