Tawrirt Meqran révèle l’infiltration des comités de village par le pouvoir algérien
ANAVAD AQVAYLI UΣḌIL
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA
MINISTÈRE DE LA LANGUE ET DE LA CULTURE KABYLES

Tawrirt Meqran révèle l’infiltration des comités de village par le pouvoir colonial algérien

L’enlèvement farouche du drapeau kabyle à Tawrirt M-Meqran révèle le degré d’infiltration par le pouvoir colonial algérien des comités de village à l’échelle de toute la Kabylie.

La mise en scène

Les images de la vidéo montrant un salafiste sciant le mât au sommet duquel flottait le drapeau Kabyle à Tawrirt Meqran, Laarva n At Yiraten, a choqué et scandalisé la communauté kabyle en Kabylie comme en diaspora. Bien que nous comprenions le sentiment d’indignation ressenti par les militants du MAK-Anavad, et au-delà de tout Kabyle ayant encore le sens de l’honneur, nous appelons néanmoins ces derniers à déjouer toute tentative de manipulation du régime algérien, via son bachagha installé à Tizi-Wezzu, montant des éléments salafistes contre les militants du MAK-Anavad en vue de créer un sentiment d’insécurité dans la localité. Pour autant, la Kabylie ne va pas se soumettre au diktat du wali et ses salafistes. Il convient, par conséquent, de procéder à l’analyse de l’événement afin d’en tirer toutes les leçons.

Pour rappel, ce drapeau fut hissé le 14 juin 2016, à l’occasion de la Journée de la Nation Kabyle. L’immensité de la foule acclamant cette levée de drapeau était en soi un gage d’adhésion de l’immense majorité du village en question où tout le monde connaît tout le monde. La sagesse des uns, le bon sens des autres et les valeurs démocratiques ancestrales kabyles ont fait que la présence de ce drapeau fût acceptée par tout le monde, MAK ou pas MAK.

Mais cette sérénité et cette démocratie étaient sans compter sur la ruse du wali de Tizi-Wezzu qui, ayant reçu des instructions de la régence d’Alger, a multiplié les sorties ces derniers jours pour dénigrer le MAK auprès de la population via ses relais de service. L’air paisible au sein duquel flottait le drapeau à Tawrirt Meqran, ainsi que l’oxygène propre que respiraient ses villageois seront empoisonnés par le geste de deux individus salafistes, sous le regard impuissant des villageois, ahuris. La mise en scène est choquante et provocante. Un salafiste barbu, habillé en gandoura, arpente de manière processionnelle l’allée qui menait à l’endroit où le drapeau était hissé. Arrivé sur le lieu, un individu lui tend une scie électrique. Tandis que le salafiste gandouré sciait sauvagement le mât au sommet duquel flottait le drapeau kabyle, l’autre individu saisissait ce mât en essayant de le tordre pour en avoir raison le plus vite possible. En visionnant la vidéo, le commun des mortels aura du mal à décider si la manière envisagée, scier le mât, fut dictée, consciemment ou inconsciemment, pour imiter le rituel d’égorgement, apaiser leur haine du drapeau kabyle, intensifier le sens de la provocation ou tout simplement par souci d’efficacité.

Comité de village déshonoré et désavoué par la population

Ce geste déshonore le Comité de village ayant accepté de se charger de la sale corvée décidée par le wali de Tizi-Ouzou et la population qui a désavoué ce comité ne compte pas en rester là. Elle envisage déjà de se réunir pour voir quelle suite donner à cet épisode. Le chantage du wali de tizi  Wezzu, conditionnant le dégel du budget pris en otage à la levée du drapeau kabyle, n’explique pas tout. Ce comité de village, complaisant et complice, n’existe que depuis cinq mois. Il s’agit bien d’un cas de récupération et d’infiltration de tajmaat par les relais du pouvoir membres du FLN et du RND ou sous couverture autonome. La stratégie de récupération des comités de village fut mise en place par Ouyahia lors du Printemps noir, alors premier ministre de l’État colonial algérien. Plusieurs comités de village sont infiltrés de la sorte en Kabylie. Là où c’est le cas, ce sont souvent les éléments du RND et du FLN qui sont élus à la tête des municipalités car la ruse appliquée est la même. Le pouvoir algérien est rodé dans cet exercice car il le pratique depuis maintenant dix-sept années. C’est ce qu’ont fait les relais de ce pouvoir à Tawrirt Meqran il y a cinq mois. Le comité de village précédent avait fait respecter la levée du drapeau car elle émanait de la volonté des villageois et personne ne pouvait y toucher et ils avaient refusé de l’enlever malgré les demandes répétitives et les menaces du wali et du chef de daira. Dès lors, la seule stratégie qui restait pour le pouvoir algérien consistait à remplacer ce Comité de village et faire exécuter les plans du nouveau comité au nom de la population. Le chantage au budget n’est qu’un simple subterfuge pour et un prétexte pour maquiller la complaisance. Sinon, comment accepter que deux individus salafistes, dans une mise en scène daechienne, tentent d’humilier le village qu’ils sont censé défendre? N’auraient-ils pas pu, au moins, épargner aux villageois cette mise en scène pathétique en procédant eux-mêmes à l’enlèvement du drapeau de façon honorable et en le remettant à son propriétaire, la coordination locale du MAK-Anavad?

Des limites des comités de village et de la nécessité d’un parlement kabyle

La Coordination MAK-Anavad des At Yiraten a rapporté que ce bureau de tajmaat a organisé l’assemblée du village en catimini en informant seulement les éléments en faveur de la décision qu’ils souhaitaient prendre. Désormais, l’édification d’un parlement kabyle représentatif est plus qu’une nécessité, c’est une urgence. Le pouvoir, à travers ses relais, pourra toujours manipuler des éléments pour contrôler les comités de village ou tajmaat, mais il ne pourra pas manipuler toute la Kabylie pour prendre le contrôle du parlement kabyle. Le projet de ce parlement, annoncé par le président de l’Anavad lors de son lancement le trois septembre 2016 à Montréal et expliqué à maintes reprises par le premier ministre Lhasen Ziani, est sous la responsabilité directe de ce dernier. Le projet est en route et sur la bonne voie. Il est capital que la population kabyle y adhère même en dehors de la sphère indépendantiste et autonomiste car il constitue le seul remède contre l’infiltration des comités de village par la régence d’Alger.

En attendant ce parlement kabyle, il devient impératif de fixer les règles ainsi que le mode de convocation des assemblées de village  avec un délai raisonnable afin de s’assurer que tous les villageois aient le temps de recevoir l’information et de faire le déplacement si nécessaire, afin de pouvoir participer aux prises de décision. Les coordinations locales du MAK-Anavad peuvent exiger qu’il en soit ainsi. Les militants sont les garants de la liberté et de  la démocratie en Kabylie.

Le sens d’un drapeau

Les citoyens kabyles n’ont pas à subir la présence du drapeau algérien au sein duquel ils ne se reconnaissent plus. Ils ont le droit de choisir l’étendard qui les représente eux et leurs aspirations. Le drapeau, ce n’est pas juste un morceau de tissu avec des couleurs, mais il véhicule les valeurs, les idéaux et les aspirations d’une communauté. Le drapeau algérien pour lequel les valeureux martyrs kabyles ont sacrifié leur vie est enterré avec eux. Comme tous les autres symboles, les couleurs de ce drapeau sont récupérées par le pouvoir oligarchique corrompu d’Alger pour leurrer la population algérienne. Aujourd’hui, il est temps que la Kabylie cesse de subir et commence à agir. Honorons nos villages kabyles à l’aide de notre beau drapeau kabyle, à l’occasion du 14 juin, journée de la nation kabyle.

Vaillant Peuple kabyle, n’aie pas peur d’être toi-même et ne succombe pas à la psychose que veulent semer les relais de la régence d’Alger en Kabylie. Un demi-siècle de blocage de toute sorte, iεum-aɣ.

Karim Achab,
Ministre de la Culture et de la langue kabyles
SIWEL 161815 May 17 UTC

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