TIZI-OUZOU (SIWEL) — Malgré le soleil de plomb et la chaleur caniculaire, en plus d’une large campagne d’intimidation faisant courir le bruit de l’arrestation de militants du MAK, préalablement annoncée par les TV arabo-islamistes Ennhar et Echourouq, environ une centaine de personne ont répondu présent à l’appel lancé par le Conseil universitaire de Tizi-ouzou et le Conseil régional Boumerdes-Tizi-Ouzou du MAK.

 

Parmi les présents, en plus des militants du MAK, on citera Boussad Boudiaf du RCD, Kamira Nait Sid du CMA, Nordine Medrouk de la Fondation Matoub Lounès, Said Kessas, chanteur kabyle engagé de Boummerdes et Dalila Amarouche, dite Tassekurt n Djerdjer, poétesse et militante active, responsable d’une association de femmes très bien implantée et organisée à Tuviret.

Parmi les responsables du MAK, il y avait son président Bouaziz Ait-Chebib, le président du Conseil Universitaire de Tizi-Ouzou Mouloud Hamrani, le président du Conseil régional Boumerdes-Tizi-Ouzou, Mhenna Mekdam et Boussad Becha, secrétaire national à l’organique, Djamal Nait Amara, secrétaire national aux stratégies.

Il est à noter que les présents sont arrivés munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « La kabylie est solidaire avec le peuple Mozabite », « Halte au génocide du peuple Mozabite », « Non à l’Etat colonial », Halte au génocide du peuple Amazigh du Mzab », reprenant en cœur le slogan « Pouvoir assassin », immortalisé par la chanson kabyle d’Oulahlou du même titre.

C’est Mouloud Hamrani, le président du Conseil Universitaire MAK de Tizi-Ouzou qui ouvre les prises de parole. Il a d’emblée dénoncé « le génocide perpétré par l’Etat algérien contre le peuple Mozabite ». Il a en outre dénoncé les accusations farfelues de l’Etat algérien contre le MAK tout en les tournant au ridicule : « Ils parlent de la main étrangère qui serait, grâce au MAK, présente dans tout le territoire algérien mais ils ne parlent pas du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, venu à Alger en pleine campagne électorale pour installer un président… mourant!».

Puis ce fut le Président du Conseil régional de Boumerdes-Tizi-Ouzou, Mehenna Mekdam, qui prit la parole pour affirmer le soutien indéfectible du peuple kabyle au peuple Amazighe du Mzab. A l’Instar de plusieurs initiatives prises par des kabyles à Aokas, Vgayet, Tuvirett et dans la diaspora kabyle en France et au Canada, Mehenna Mekdam a appelé à l’humanité de tout un chacun et à faire preuve de solidarité avec le peuple Mozabite et avec tout peuple opprimé quel qu’il soit.

Quant à l’intervention du président du MAK, Bouaziz Ait-Chebib a commencé par une brève explication du problème ethnique et religieux qui oppose les Châambas aux Mozabites : nomades arabes et malékites pour les Châambas, sédentaires, amazighs et ibadites pour les mozabites. Il a dénoncé le génocide commis par l’Etat algérien envers les Mozabites en exploitant à son propre compte ce conflit et en appuyant par ses forces de police et de gendarmerie les Châambas contre les Mozabites.

Le président du MAK a également exprimé avec force le soutien de son Mouvement au leader des Mozabites, président du Mouvement autonomiste Mozabite et non moins défenseur de longue date des droits de l’homme, Kameleddine Fekhar, exigeant sa libération immédiate, de même que celle de ses compagnons, arrêtés par l’Etat algérien pour avoir dénoncé le crime dont leur peuple est victime pendant que les assassins sont protégés par ce même Etat.

Le président du MAK a ensuite lourdement insisté sur le « devoir de solidarité de la Kabylie avec le peuple amazigh du Mzab » et a fustigé les manœuvres malsaines de certains pseudos militants qui font campagne sur les réseaux sociaux contre le peuple Mozabite au moment où ce dernier subit un nettoyage ethnique.

Rappelant les principes du Mouvement qu’il préside et les résolutions du dernier congrès du MAK, Bouaziz Ait-Chebib a affirmé que « Ceux qui ne se solidarisent pas avec le peuple mozabite ne sont pas des militants. Ils ne défendent pas les valeurs que porte notre mouvement. De fait, ils cautionnent la politique de l’Etat colonial algérien contre un peuple Amazigh. Par conséquent, ils s’excluent d’eux –mêmes du mouvement et n’ont aucun lien ni avec les valeurs ni avec les principes de notre Mouvement» a-t-il déclaré.

Concernant le premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, le président du MAK dira : « il accuse le MAK d’être derrière les événements de Ghardaia juste que parce que nos idées gagnent du terrain même en dehors de la Kabylie. Nous avons ouvert aux peuples de l’Afrique du nord la voie de l’émancipation. Oui nous sommes derrière toutes les causes justes car nous soutenons tous les combat des peuples opprimés du fait que nous-mêmes en Kabylie, nous sommes une nation opprimée. Quant aux menaces proférées contre le MAK, il doit savoir que nous ne reculons devant rien. La preuve on est ici pour le défier. Nous savons que nous pouvons compter sur la mobilisation de la Kabylie qui ne livre jamais ses enfants à l’ennemi. Nous sommes des gens estimés et respectés dans nos propres villages ce qui est loin d’être le cas du premier ministre algérien ».

Quant à Ouyahia qui a parlé de "la main étrangère", le président du MAK a répliqué : «Dans le même ordre d’idée que le président du conseil universitaire, je dis à Ouyehia: l’Etat algérien est géré par une main étrangère, ça c’est certain ! Pour preuve, il a été question d’élection présidentielles anticipées, mais juste après la visite du président français qui a émis un "certificat de bonne santé" au mort vivant qu’est Bouteflika, tout a changé et le même Bouteflika qui ne peut même pas prononcer un mot décide de poursuivre son mandat».

Puis, le président du MAK poursuit en disant « Alors OUI effectivement, il y a bien une main étrangère à Ghardaia: Ce sont les gendarmes et les policiers algériens qui tirent sur les mozabites; des crimes de surcroît justifiés par le gouvernement algérien par ce mois de ramadan durant lequel les services algériens ont du mal à se maîtriser » … « Mais oui il y a une main étrangère. Et cette main étrangère c’est l’Algérie qui occupe le pays Mzab et le pays kabyle » poursuit-il encore avec force et conviction.

Le président du MAK a en outre appelé les kabyles à la vigilance car selon lui : « l’Etat algérien pousse au pourrissement et veut entraîner la Kabylie dans la violence pour justifier d’une part la répression et l’oppression du peuple kabyle et d’autre part unifier les clans qui s’affrontent au somment de l’Etat algérien autour de l’ennemi commun : la Kabylie dont la destruction programmée est le ciment fédérateur de tous les clans mafieux et criminels de l’Etat algérien de 1962 à ce jour».

Le président du MAK a enfin estimé que la solution au génocide mozabite était simple et évidente : «la solution est politique et elle consiste à respecter le droit du peuple mozabite à choisir son destin car au même titre que le peuple kabyle, le peuple mozabite ne peut pas confier sa sécurité et son avenir à un Etat colonial qui organise son extinction par le crime».

Ensuite, le président du MAK n’a pas manqué de dénoncer «le mutisme de la communauté internationale qui fait dans la défense sélective des droits de l’homme et des peuple» avant de conclure en disant que «Le MAK ne compte que sur la vaillance, la mobilisation et l’union du peuple kabyle pour faire aboutir son combat libérateur et par-là même garantir la sécurité de ses enfants et préserver la Kabylie de la prédation de l’Etat algérien qui ne jure que par son anéantissement». [

Enfin, Boussad Becha, le responsable à l’organique du MAK est également intervenu pour signifier «le soutien inconditionnel du Mouvement kabyliste, et au-delà du peuple kabyle qui le manifeste par des rassemblement, des prises de position, des veillées un peu partout en Kabylie et même dans la diaspora, aux Mozabites qui se font assassiner, piller brûler, humilier depuis deux ans… Le peuple kabyle est un peuple épris de justice et de liberté, il ne peut se taire face au crime, au racisme, à plus forte raison si c’est un peuple Amazigh qui en est la victime…». En réponse à ceux qui voudraient justifier la non solidarité avec les mozabites sous prétexte qu’ils seraient d’origine arabe, Boussad Becha a déclaré: "Puisqu’ils nous disent que les mozabites sont des arabes beberisés alors qu’ils nous donne ce remède magique pour protéger la Kabylie de l’arabisation ».

Il est à noter qu’en ce jour de rassemblement de solidarité, sous une chaleur caniculaire, les transports routiers se sont curieusement raréfiés. Les transports étaient très peu disponibles. De plus certains militants qui ont pris leurs véhicules ont été arrêtés pour des contrôles de véhicules qui ont duré… le temps du rassemblement. C’est ainsi qu’ Ahcène Graichi a été arrêté juste à à la sortie d’Iwadhiyen ( Oudhias) avant d’être relâché…une fois le rassemblement terminé à Tizi-Ouzou.

Il convient de préciser également que la presse algérienne, en dehors du quotidien Liberté, a brillé par son absence, préférant se déplacer à Tizi-Ouzou pour couvrir le déplacement d’un «ministre» de la république criminelle d’Alger, le ministre algérien « Amara Benyounes » en l’occurence. A propos de la presse, le président du MAK a justement tenu à rendre hommage et surtout à encourager la presse kabyle, en particulier l’Agence de presse kabyle SIWEL et le site d’information Kabylie-actualité.com pour leur présence sur les lieux et leur travail d’information, en toute circonstance, en faveur de la Kabylie.

Enfin, il y a lieu de préciser qu’à la fin du rassemblement, la police algérienne attendait près du véhicule avec lequel s’est déplacé le président du MAK pour venir au rassemblement. S’attendant à ce que Bouaziz Ait-Chebib reparte avec le véhicule dans lequel il était venu, les policiers algériens ont été surpris de ne pas le voir arriver pour repartir avec le même véhicule. S’adressant alors à la personne partie récupérer la voiture, mais sans le président du MAK qui est reparti par un autre moyen, les policiers ont prétexté un contrôle de véhicule qui était pourtant a l’arrêt et correctement stationné…

cdb/zp
SIWEL 131646 JUIL 15

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