CULTURE (SIWEL) — Marie-Anne Alepin interprète avec transcendance l’œuvre de Karim Akouche, Toute femme est une étoile qui pleure. Dans la peau d’une emprisonnée parce qu’elle est femme et poète, la comédienne fait jaillir les mots telles les laves d’un volcan déchaîné du début jusqu’à la fin. Les « Homme de mes entrailles » reviennent comme un leitmotiv dans la bouche de la condamnée, une sorte de cri de détresse, un appel à la justice chargé de profondes douleurs, dénonçant toutes les formes de violence à l’égard des femmes du monde en entier – physiques, sexuelles, psychologiques et économiques. Le public en est plus qu’ému, secoué et interpellé tout au long de la présentation.
Les mots. Que la force des mots pour rendre compte d’une réalité tout à fait tragique et inadmissible : celle des femmes, celle de La Femme, à travers les âges, les époques et la société dans laquelle elle naît. La réalité de la femme : soumise, aliénée, sacrifiée sur l’autel du désir des hommes. Sans issue, sans possibilité de rédemption. Et les mots, seulement les mots, pour venir à son secours… Ces mots, si justes, si évocateurs, pour dénoncer, interpeller, pour tenter de renverser le cours du destin… Et ces mots… ce sont ceux d’un homme : Karim Akouche, qui signe ce merveilleux texte, écrit Luce Langis, critique de théâtre sur atuvu.ca.
Toute femme est une étoile qui pleure :
Dans une langue poétique et puissamment évocatrice, l’auteur dénonce les violences faites aux femmes, qu’elles soient d’ici ou d’ailleurs. Mutilations, mariages forcés, soumission, humiliation… « Laisse-moi pleurer sur mon sort d’être née femme ». Une voix d’homme s’élève et demande, exige, revendique le droit au respect pour sa mère, sa sœur, sa fille, sa compagne. Pour toutes ces femmes violées, voilées, excisées, exploitées, répudiées… Marie-Anne Alepin, la comédienne et Francine Alepin, la metteure en scène, sont toutes les deux nées dans une famille syrienne ayant émigré au Québec au début du siècle dernier, comme tentent de le faire aujourd’hui des milliers de femmes et d’enfants à bord de rafiots improbables, avant de venir se heurter aux frontières européennes qui se ferment sur leur détresse et leur malheur. Sur nos écrans se déversent des images de la ville d’Alep, dévastée, massacrée, pendant que les grands de ce monde glosent sur leur impuissance internationale. Mais, sous les bombardements, ce sont des femmes et des enfants, victimes innocentes de la barbarie terroriste, qui meurent dans les plus atroces conditions. « Dans ce coin du monde, on donne aux garçons des tanks miniatures et des bouquets d’épines aux filles, analyse Michelle Chanonat dans JEU, revue de référence dans le domaine du théâtre au Québec.
Un texte percutant. Une actrice valeureuse… Une voix s’élève contre la violence faite aux femmes. Vivant ici, née ailleurs, mais surtout, forte et pertinente. Touchante. Le texte de Karim Akouche, Toute femme est une étoile qui pleure, est un long poème en hommage aux femmes auxquelles on nie, encore aujourd’hui, ailleurs comme ici, le droit d’exister. Il narre en partie l’emprisonnement d’une poète militante en Algérie, une femme qui se souvient de la joie que pourrait représenter la vie malgré tout, de la bienveillance de sa mère, du plaisir tout simple des jeux de séduction. Le texte dénonce, d’un autre côté, la répression systémique qui, du berceau au tombeau, ronge la vie des femmes dans certaines parties du monde. Ce poème engagé décrit précisément les coupables, ces bourreaux masculins qui en sont responsables. Pour faire taire les fanatiques et intégristes de toutes sortes, le personnage principal, sous la torture, leur criera cette phrase sublime et inconcevable à leur esprit obtus : Dieu est une femme, soutient le critique Mario Cloutier du journal La Presse.
C’est vendredi dernier qu’avait lieu la troisième représentation de la pièce TOUTE FEMME EST UNE ÉTOILE QUI PLEURE signé par Karim Akouche. J’encourage toute personne qui veut s’instruire, s’éduquer et se sensibiliser à une cause qui nous concerne tous à aller voir cette pièce. Encore aujourd’hui, nous vivons dans une société où les femmes se battent corps et âme pour être acceptées, aimées et valorisées. Cette pièce n’est pas le monologue d’une femme qui se plaint de sa position, mais bien un texte poétique rempli de questionnements, de douleurs et d’un désir profond de vivre dans un monde meilleur ou l’égalité et l’acceptation prônent. À plusieurs reprises, je me suis retrouvée les yeux fermés pour être certaine de saisir l’essence de chaque mot qui sortait de la bouche de la comédienne. Un texte touchant, lumineux, riche et puissant. «La femme naît coupable et l’homme innocent», C’est à quelques moments marquants de la pièce que la comédienne partage cette affirmation avec l’audience. Une affirmation qui dérange puisqu’elle crie la vérité, affirme Schelby Jean-Baptiste dans le magazine Lounge Urbain.
Toute femme est une étoile qui pleure:
Pendant 60 minutes, le spectateur est invité à découvrir les événements qui ont mené à l’incarcération du personnage principal, une poétesse. L’histoire commence alors qu’elle est en prison, puis revient dans le temps pour nous présenter divers moments de sa vie, dont sa naissance, son mariage et son arrestation dans un café… Juste avant que le rideau tombe, on projette des statistiques absolument affolantes sur la violence à l’égard des femmes, venant appuyer les propos de Karim Akouche. Peu importe comment on reçoit la pièce, il sera impossible de quitter le théâtre indifférents, note sur Alternative Rock Press Nancie Boulay
Toute femme est une étoile qui pleure de Karim Akouche est un puissant poème inspiré par la condition des femmes dans le monde…Cela pourrait être un réquisitoire morne mais, et c’est là la touche magique de Karim Akouche, il sait parler autant à notre cerveau qu’à notre cœur, et on suit volontiers l’héroïne dans ses interrogations, ses doutes, ses questions aux «hommes de son pays, déclare Michel Virard, président de l’Association humaniste du Québec.
Toute femme est une étoile qui pleure:
Dans cette œuvre, Karim Akouche a su décrire le drame psychologique que vivent les femmes dans les sociétés musulmanes notamment. Il faut souligner que les traditions et les religions ont toujours malmené les femmes. La modernité ne l’a pas épargnée non plus. En effet, la comédienne a évoqué le phénomène de la femme objet dans les pays dits développés. Certains domaines professionnels et le monde de la publicité l’ont réduite à un moyen de séduction et de vente. La pièce ne se raconte pas. Il faut la voir pour apprécier la profondeur du message de Karim Akouche et la prestation de Marie-Anne Alepin, signe Djamila Addar, journaliste et militante pour la langue, la culture et l’identité amazighes.
Je ressors tout juste du théâtre où se jouait cette pièce unique et émouvante à souhait, écrite par Karim Akouche, et interprétée par Marie-Anne Alepin. Un seul mot, une seule onomatopée en réalité : WOW ! Un grand bravo aux artistes et un grand merci pour cet hymne à la femme. Je suis touchée en plein cœur.
Ghisline Larose :
J’ai vu cette pièce et je vous la recommande fortement– Nous savons que dans les pays musulmans, la femme vaut la moitié de l’homme, qu’elle doit être sous sa tutelle, etc. Attention, même dans nos sociétés le patriarcat est toujours présent et le religieux veut s’imposer de plus en plus en s’attaquant d’abord à la liberté des femmes. Cette pièce se veut un cri pour la liberté et l’égalité- La femme a des rêves, des désirs et un besoin de vivre et de se réaliser. Bravo à Karim Akouche pour ce texte fabuleux et Bravo à Marie-Anne Alepin pour son interprétation très touchante.
Lmehdi At Lmexttar :
Des mots à la rafale, parfois bruine, parfois sabots de soldats, des mots qui tranchent à l’image d’une lame, des mots qui viennent des tripes indexant l’injustice de l’homme, des mots barbares soumis et vomis par l’ignorance. Toutes les mères ont souffert, elles sont toutes des étoiles qui pleurent. J’ai adoré la pièce. La comédienne Marie-Anne Alepin maîtrise son art, elle le tient au bout de sa langue, silhouette, corps, mouvements… elle est une comédienne. J’ose espérer voir Karim Akouche, un jour, cette pièce adaptée en kabyle !
Mohand Abdelli:
Une Marie-Anne Alepin époustouflante qui porte haut la souffrance de toutes les femmes du monde. Elle livre le texte de Karim Akouche pendant une bonne heure sans arrêt avec une assurance parfaitement naturelle. Elle ne crie pas, ne geint pas, elle n’insulte pas, ni ne s’apitoie sur le sort de ses consœurs. Elle vous regarde et vous foudroie avec des flèches en mots pleins de poésie. Vous encaissez. Une impressionnante livraison pour un texte fort qui ne méritait pas moins. Allez-voir pour vous-mêmes.
Amel Hamlat :
Bravo Karim, tu as mis ta main exactement sur le bobo ! Tu as trouvé les mots exacts pour dénoncer le sort réservé aux femmes. Espérant que l’humanité se ressaisira et, au moins, demandera pardon.
Autant de louanges que Toute femme est une étoile qui pleure a récoltées lors des premières représentations au Théâtre La Chapelle, sis au 3700, rue Saint-Dominique, à Montréal. Il reste encore trois soirées les 8, 9 et 10 décembre 2016, à 20h. Votre présence est aussi un hommage à toutes les femmes opprimées.
L’occasion échappe et n’attend pas les lenteurs de notre paresse.
Bon spectacle.
Toute femme est une étoile qui pleure
Auteur: Karim Akouche
Mise en scène Francine Alepin
Assistance à la mise en scène : Dominique Cuerrier
Concepteurs : Décors : Michel Saint-Amand
Costumes : Anne-Séguin Poirier
Éclairages : Stéphane Caissy
Projections : Dominic Marleau
Accessoires + conception sonore : Alain Jenkins
Chorégraphie baladi : Maya
Direction de production : Rébecca Brouillard
Photos de cet article: Victor Diaz Lamich