ANKARA (SIWEL) — La chute des Frères musulmans en Egypte inspirent plus d’un. En effet, pour se préserver d’une éventuelle intervention de l’armée pour contrecarrer le projet islamiste qui a montré ses limites de gestion, la Turquie vient d’amender l’article 35 de la loi sur le fonctionnement de l’armée. Cet article prévoit l’intervention de l’armée dans le champ politique dans le cas où les principes républicains de l’Etat sont remis en cause.
La nouvelle disposition fait partie d’un projet de loi qui doit encore être voté dans son ensemble puis approuvé par le président de la République avant d’entrer en application. Le vote de l’ensemble du texte était attendu dans la soirée de samedi. La modification de l’article 35 s’inscrit dans la volonté du régime turc de réduire l’influence de l’armée sur la vie politique. Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, l’AKP a mis en œuvre des réformes en ce sens, notamment pour accélérer ses négociations d’adhésion à l’Union européenne. Depuis 2007, des centaines de militaires d’active ou à la retraite ont également été incarcérés, poursuivis ou condamnés pour des complots présumés contre le régime. L’armée turque, gardienne autoproclamée des valeurs républicaines, a réalisé trois coups d’État et forcé en 1997 un gouvernement d’inspiration islamiste à démissionner.
Pour rappel, les militaires turcs ont mené deux « coups d’État », en 1971 et 1980, sur la base de cet article, arguant que les autorités civiles ne parvenaient pas à assurer la défense des principes constitutionnels. La nouvelle version votée tard vendredi restreint le champ d’intervention des forces armées, précisant que leur rôle est de « défendre les citoyens turcs contre les menaces et les dangers venant de l’étranger », d’assurer une dissuasion efficace et de participer aux opérations à l’étranger approuvées par le Parlement.
Pour se prémunir contre l’intervention de l’armée, le parti islamiste au pouvoir en Turquie, qui inspire les partis islamistes en Algérie et en Tunisie notamment, tente de remettre en cause le caractère républicain de l’Etat, en s’attaquant à la laïcité. L’AKP d’Erdogan, pour rappel, a soutenu les islamistes algériens de l’Alliance verte, lors des dernières législatives.
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