TOMBOUCTOU (SIWEL) — Le groupe islamiste armé Ansar Dine a annoncé, hier, via l’un de ses chefs militaires, qu’il se désengage entièrement des actions du MNLA et de sa proclamation d’indépendance de l’Azawad. Il a réitéré l’objectif de son groupe qui mène dans la région « une guerre pour l’islam. »
De son coté, le MNLA via ses porte-paroles en France et en Europe ont à plusieurs reprise déclaré leur désengagement et rejet total des « groupuscules islamistes » dont les objectifs sont opposés aux leurs. « Le MNLA poursuit une cause nationale pour la liberté du territoire de l’Azawad et l’instauration d’une république démocratique et laïque » ont déclaré plusieurs communiqués du bureau politique du mouvement indépendantiste.
Un groupe minoritaire
Le groupe Ansar Dine dirigé par l’ancien nationaliste touareg, Iyad Ag Aghaly qui se serait radicalisé au contact de djihadistes algériens, représente une petite minorité selon l’historien et spécialiste de l’Afrique, Bernard Lugan, qui les estime à « peut-être 150 hommes sur quelques "pick-up" ». L’historien se positionne en faveur d’une nouvelle partition du Mali, « seule solution raisonnable à la complexe crise que subit le pays qui pourrait, si rien n’est fait, s’étendre et rendre l’ensemble du Sahara et du Sahel hors de contrôle. »
Une couverture médiatique à sens unique
Depuis le début du conflit dans l’Azawad et son accentuation à partir du putsch orchestré contre le président Amadou Toumani Touré, sa couverture médiatique, notamment par les médias français, favorise une position allant à l’encontre de la revendication nationale touarègue, pourtant ancienne et largement documentée. Dans les dépêches d’agences comme l’AFP, relayées par les médias français et étrangers, la cause touarègue portée par le MNLA est très souvent assimilée à celle des petits groupes djihadistes de la région dont AQMI, présentés comme étant alliés au MNLA et se battant de manière circonstancielle pour le même objectif. Par ailleurs, les différents communiqués émis par le MNLA, notamment contre la désinformation de ses actions ou rejetant explicitement tout lien établi ou circonstanciel avec les groupes islamistes sont très rarement relayés par les grands médias internationaux.
Une possible implication de l’Algérie
L’Algérie qui reste silencieuse tout au long du conflit hormis son rejet de la proclamation d’indépendance de l’Azawad, aurait d’abord cherché à se débarrasser hors de ses frontières du problème AQMI qui pour Pierre Boilley, responsable du Centre d’études des mondes africains, « reste extrêmement majoritairement composée d’Arabes algériens ». Par ailleurs, des observateurs parlent d’une implication secrète des services algériens dans l’enlèvement de leurs diplomates à Gao présumément par un groupe islamiste touareg. Les tenants de cette thèse s’appuient sur « une mise en scène » dans les images de l’enlèvement montrées par la télévision algérienne dont un « suspect » hochement de tête d’un diplomate prétendument en direction du cameraman pour lui signifier de finir de filmer. L’Algérie n’a aucun intérêt à avoir un Etat touareg voisin qui pourrait à tout moment remettre en cause la frontière coloniale qui le sépare du reste de son territoire historique. Une source du Gouvernement provisoire kabyle a révélé à Siwel qu’« Alger a exercé un lobbying conséquent pour obtenir le rejet par la France puis les Etats-Unis de la proclamation d’indépendance de l’Azawad ».
Un rejet islamiste qui rejoint celui de la communauté internationale
Le rejet des islamistes Ansar Dine de la proclamation d’indépendance de l’Azawad faite hier par le MNLA rejoint ainsi celle des pays qui se sont exprimés en faveur de la non-reconnaissance du droit à l’autodetermination du peuple touareg de l’Azawad.
A ce jour seules des organisations appartenant à des nations sans états telles que la Kabylie, les Canaries et l’Occitanie reconnaissent l’indépendance de l’Etat de l’Azawad.
bbi
SIWEL 071731 AVR 12