PARIS (SIWEL) — Le président de l’Anavad, Ferhat Mehenni et le vice-président du MNLA, Mahamadou Djéri Maiga se sont rencontré le mardi 30 avril à Paris lors du déplacement du vice-président du Mouvement révolutionnaire dans la capitale française. Les discussions ont essentiellement porté sur les négociations avec le Mali et surtout sur les énormes pressions que subit le MNLA en vue de le désarmer ainsi que sur certaines propositions malhonnêtes qui ont tenté d’entraîner le MNLA dans une médiation avec le groupe islamiste MIA (Mouvement islamiste de l’Azawad) et le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad) qui ne sont rien d’autre que le redéploiement des groupes islamo-terroristes Ansar Dine et Mujao, après que ces deux organisations terroristes aient accompli leur mission de sabotage dans la libération de l’Azawad.

 

Rencontre entre le président de l'Anavad et le Vice-président du MNLA à Paris
Au cours de cette rencontre, Ferhat Mehenni et Mahamadou Djéri Maiga ont discuté des tirs croisés que subit le MNLA de la part de l’ensemble des parties engagées ouvertement ou officieusement dans ce conflit qui oppose l’Azawad à L’Etat postcolonial du Mali ; un conflit qui a le grand désavantage d’être au centre d’énormes intérêts, notamment en ressources énergétiques. Aussi, toutes les parties, et par tous les moyens possibles, entreprendront tout ce qui sera possible pour détruire le MNLA car il porte les aspirations d’un peuple à recouvrer sa liberté sur un vaste territoire dont les richesses du sous-sol attise toutes les convoitises. Voilà pourquoi, dira le président de l’Anavad, le MNLA gène tant.

Le MNLA gène effectivement tout le monde : la France qui a dans le Sahel d’énormes intérêts économiques et qui a besoin de gouvernements dociles à l’instar du Niger ou l’impitoyable Areva empoisonne depuis 40 ans les Touaregs avec la bénédiction de « l’Etat » nigérien, l’Algérie qui ne veut pas entendre parler de « Touaregs indépendants » du fait qu’elle s’acharne à opérer une substitution identitaire de l’Afrique du Nord, d’où son investissement dans le terrorisme islamiste aussi bien en Algérie que dans le Sahel où elle a déployé toute une armada de terroristes (Ansar Dine, Mujao, Aqmi et maintenant MIA et MAA ) tous ligués contre le MNLA et la population civile, et enfin, l’ensemble des Etats occidentaux qui, s’ils n’ont pas été jusqu’à aller prêter main forte à la France pour reconquérir l’Azawad, car c’est bien de cela qu’il s’agit, demeurent néanmoins muets comme des carpes face au drame des peuples victimes des découpages territoriaux et qui au cours des «décolonisations» ont été insérés de forces dans des Etats où toute existence leur est interdite et où les massacres ethniques qui s’en sont suivi ont à peine soulevé quelques vagues indignations très vite étouffées.

Le président de l’Anavad qui a regretté « le manque de vision politique à long terme » de la France a, au cours de cette rencontre, réitéré le soutien du peuple kabyle au MNLA, au peuple frère touaregs et à l’ensemble des communautés qui peuplent l’Azawad, qu’ils soient peuls, maures ou songhaï, communauté dont est issu Mahamadou Djéri Maiga. Pour Ferhat Mehenni, la France se trompe de cible en pratiquant une politique discriminatoire à l’égard des peuples d’Afrique du Nord et du Sahel car, à moins d’en exterminer les populations, il faudra bien que le jacobinisme français s’accommode de la diversité des peuples.

Ces derniers temps, rien n’est épargné au MNLA : tentative de désarmement, propositions de médiation avec des groupes islamistes et organisation rocambolesques de pseudo-élections dans un espace livré aux exactions des militaires maliens sur des populations civiles sans aucune défense ni protection internationale. Mais le vice-président du MNLA a bien fait comprendre au cours de son déplacement à Paris, où effectivement tout se décide pour le Mali, que le MNLA ne baissera pas les bras : le MNLA ne sacrifiera pas tant d’années de lutte et de souffrances sans être parvenu à un accord qui mettra définitivement l’Azawad à l’abri de ce qu’il subit depuis les indépendances.

Pendant que la France tente d’imposer au MNLA son désarmement alors qu’aucun accord politique sur l’Azawad n’est envisagé par le régime par ailleurs très aléatoire des putschistes qui règne sur Bamako, de « faux-amis » tentent de leurs côté d’entrainer le MNLA dans des accords avec le MIA et le MAA, deux groupes sans aucun ancrage social dans l’Azawad qui ont été crées dans le but de noyer le MNLA et lui ôter la légitimité dont il dispose, autant d’un point de vue historique que d’un point de vue de la réalité du terrain. Pour rappel le MIA prétend être une dissidence de Ansar Dine tandis que le MAA, un mouvement crée dans les laboratoires algériens à l’instar d’Ansar Dine, a mené et revendiqué des attaques contre le MNLA. Ces mêmes attaques ont également été revendiquées par le Mujao (Voir communiqué du MNLA N° 55 sur l’attaque d’In Khalil).

Mais si tout le monde sait que c’est la France qui tente de désarmer le MNLA tout en essayant d’organiser des élections afin de légitimer son intervention militaire et l’aide qu’elle apporte à un régime putschiste, ni le MNLA, ni l’Anavad n’ont souhaité rendre public l’origine de ces propositions malhonnêtes de médiation avec le MIA et le MAA. L’argument donné à Siwel qui a rencontré le même jour Mahamadou Djéri Maiga et Ferhat Mehenni était qu’il "ne servait à rien de jeter le trouble et la méfiance sur une importante organisation amazighe" dont sont issus les faux-amis à l’origine de cette honteuse proposition de médiation avec ces groupes, le Mali et le MNLA au sein du parlement européen à Bruxelles. Selon Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, que nous avons contacté pour de plus amples informations sur cette affaire, les deux «frères» amazighs ont, par l’intermédiaire de son secrétaire général, Bilal Ag Acherif et lui-même, demandé au bureau politique du MNLA de mandater officiellement leur organisation pour cette rencontre de médiation au parlement européen de Bruxelles. Le MNLA et l’Anavad ont simplement autorisé Siwel à rendre public l’information sans en précisant les auteurs qui se reconnaîtront. Si l’ONG en question n’est pas dûment nommée, c’est essentiellement pour ne pas éclabousser des militants sincères de cette organisation Amazighe.

Enfin, abordant la question des autorités maliennes de transition qui exigent le désarmement du MNLA, et bien que tout le monde fasse semblant de ne pas le voir, il n’en demeure pas moins que ces fameuses «autorités maliennes» n’ont de réalité internationale que parce que la France en a l’absolue nécessité afin de légitimer son intervention dans le Sahel. Et bien que personne ne soit dupe, cette intervention est présentée à l’opinion publique internationale comme étant une «œuvre civilisationnelle de défense de la démocratie» alors-même que la démocratie exige de respecter le choix des peuples; or, le peuple de l’Azawad, avec l’ensemble de ses ethnies, l’a exprimé à mainte reprises, et depuis l’indépendance du Mali. C’est faute de n’avoir pas été écouté et en désespoir de cause suite aux discriminations, aux spoliations et aux massacres collectifs que les mouvement de révolte se succèdent depuis. Et pendant que les anciennes(?) puissances coloniales discutent tranquillement du sort de leurs anciens (?) colonisés, c’est la survie d’un peuple qui est en jeu sans que personne ne se sente concerné ni par les épouvantables années de souffrances endurées depuis les « décolonisations », ni par les actuelles exactions sur les populations civiles livrées au massacre de l’armée malienne ; et pour couronner le tout, la France voudrait en plus que le MNLA désarme sans aucune contrepartie ni aucune garantie. Pour certaines personnalités du MNLA, le Mouvement n’a déjà fait que trop de concessions sans avoir rien obtenu, même pas la protection des populations civiles après le redéploiement de l’armée malienne dans le sillage de l’opération Serval.

zp,
SIWEL 131856 MAI 13

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