Canada (SIWEL) — L’idée de créer une organisation, Congrès des Kabyles du canada, qui regroupe les nerfs de la communauté kabyle du Canada a émergé de la fusillade du 29 janvier 2017 qui a fait six morts et cinq blessés au Centre culturel islamique de Québec. Deux kabyles, Belkacemi Khaled et Abdelkrim Hassane, ont perdu la vie lors de cet ignoble attentat. Une grande cérémonie est tenue à l’aréna Maurice-Richard, à Montréal. Les proches d’Abdelkrim Hassane ont été empêchés de s’exprimer en Kabyle pour rendre hommage à leur défunt. Les intégristes ont imposé finalement le rituel islamiste en langue arabe.
Ils nous ont carrément écartés. Ils voulaient finalement tuer une deuxième fois Abdelkrim. Lui qui est kabyle et qui a vécu kabyle, il est mort comme un arabe, et un arabe de l’Orient. Cela est un deuxième assassinat, a déclaré Mme Boukersi, une proche d’ Abdelkrim Hassane à la conférence de la présentation du rapport de consultation par le Comité de préparation du Congrès des Kabyles du canada qui a lieu le 10 mars 2018 au Centre St-Pierre à Montréal.
L’indignation n’est pas suffisante, selon le comité provisoire du Congrès des Kabyles du canada
La mise en place d’un comité provisoire par l’assemblée générale du 18 février 2017 a visé essentiellement à mener une large consultation auprès des Kabyles et parvenir à tenir un congrès constitutif le 13 mai 2018. Autrement dit, le groupe est chargé de consulter les Kabyles du Canada dans le but de mettre sur pied une instance représentative. Une instance légitime qui va défendre et promouvoir les intérêts de la communauté kabyle établie au Canada. Cette instance vise aussi à rassembler et mobiliser toutes les ressources pour la défense des valeurs et des intérêts de la communauté kabyle afin d’assurer son développement, promouvoir son intégration dans l’harmonie, la cohésion sociale et le respect de la diversité.
Le Comité provisoire du CKC a expliqué les raisons de sa création. Il a présenté les treize membres qui le composent. Il a dressé ensuite en détail son mandat, sa mission, sa vision et ses valeurs ainsi que ses objectifs, et le modèle de sa gouvernance.
Le CKC a à cœur de faire briller la Kabylie
La communauté kabyle du Canada a besoin d’une instance représentative qui défendra ses intérêts dans le respect des lois canadiennes et des libertés individuelles. L’idéal de s’unir a toujours été au cœur des préoccupations des Kabyles de la diaspora. Loin de la terre natale, les kabyles n’ont d’autres choix que de s’organiser autour d’objectifs clairs et de s’adapter aux normes de fonctionnement la société d’accueil s’ils veulent avancer et devenir une communauté reconnue, écouté et influente.
La lutte kabyle continue
Dans leur pays d’origine, les Kabyles sont toujours préoccupés par la défense de leur culture, de leur langue et de leur identité qui sont constamment menacées par des projets d’assimilation savamment orchestrés. En conséquence, et pour résister à la répression qui s’abat sur eux dès qu’ils revendiquent leurs droits identitaires et linguistiques, les Kabyles ont eu recours à de multiples mouvements qui ont fait preuve d’une grande capacité de rassemblement et d’organisation. Devant l’adversité menaçante, les Kabyles s’organisent bien dans « l’union réactive ». Cette dernière a caractérisé toutes les actions de résistance ou de militance depuis le printemps amazigh de 1980 notamment. Au fil du temps, beaucoup d’organisations kabyles de grande envergure sont nées et ont disparu dès que le besoin de résistance s’estompe moindrement. Ce constat porte à croire que les Kabyles éprouvent de la difficulté à bâtir des organisations qui fonctionnent en dehors de situations de résistance.
Le déni identitaire kabyle
En Algérie, le pouvoir en place depuis 1962 a toujours agi dans le sens du déni de l’identité kabyle, au nom de l’unité nationale et de l’idéologie arabo-islamique. En France, au nom d’un rêve colonial lointain, les Kabyles sont très peu reconnus en tant que tels malgré l’importance numérique de la population kabyle. De ces constats et du désir des membres de la communauté d’agir ensemble pour un avenir meilleur est née la volonté de mettre en place une organisation pancanadienne qui soit à la hauteur de nos besoins et de nos aspirations pour aujourd’hui et pour les générations futures. D’où la tenue d’une Assemblée générale le 18 février 2017 au Centre humaniste de Montréal qui a mandaté un Comité provisoire (le Comité) de mener des consultations auprès de la communauté kabyle en vue de préparer un projet d’une organisation pancanadienne des Kabyles. Ce projet d’organisation nommé le Congrès des Kabyles du Canada (CKC), est maintenant sur le point de se concrétiser. Lors des premières assises du CKC auxquelles participeront les Kabyles du Canada, une structure organisationnelle qui représentera la communauté kabyle sera mise en place. C’est ainsi que celle-ci entamera un projet d’envergure pour une « union active » fondée sur une vision et un modèle d’organisation modernes, capables d’agir et de s’adapter aux normes de fonctionnement de la société canadienne tout en gardant l’essence des valeurs ancestrales kabyles qui ont une portée universelle.
Le CKC, une instance neutre et inclusive
L’organisation fédératrice devra se placer au-dessus de toutes les associations en incluant toutes les sensibilités. Pour unifier la majorité des Kabyles, il faut être inclusif (acceptation de toutes et de tous les Kabyles quel que soit leur penchant politique ou religieux)
Le CKC a une grande considération pour les jeunes
La jeunesse est très importante. Nos enfants sont prioritaires pour faire passer le flambeau. Il est important de faire un projet fédérateur autour des enfants et des jeunes.
Le CKC, une instance rassembleuse
Le CKC devra faire un travail de fond auprès de notre communauté pour la sensibiliser sur l’impact négatif généré par des propos, des gestes et des attitudes qui nous éloignent les uns des autres. Chacun de nous doit faire l’effort de comprendre son vis-à-vis au lieu de le repousser. L’implication de tous les membres de la communauté, chacun selon ses capacités, est plus que nécessaire pour la réalisation de notre projet et l’atteinte de notre objectif d’une structure représentative et forte. Il est suggéré d’être inclusif et n’exclure personne ; toute personne kabyle doit être la bienvenue. Aussi, pour mieux avancer, il faut profiter de l’expertise des intellectuels et savants kabyles.
L’implication des femmes kabyles est primordiale.
Le Comité de préparation du Congrès des Kabyles du canada aspire à faire du CKC une instance qui renforce le principe d’égalité des sexes et une organisation pour l’émancipation des femmes. Les femmes kabyles doivent s’impliquer davantage et à tous les niveaux, car leur apport à la société et leur rôle dans le développement sont capitales.
Le CKC interpelle la communauté Kabyle pour qu’elle soit plus active et insiste sur l’idée que tout est possible grâce à la volonté. Quand on veut, on peut. Ses membres soulignent notamment qu’à travers l’histoire de toute l’humanité l’organisation et l’union ont distingué en tout temps les grands peuples et les grandes nations. Le rendez-vous est donné pour le 13 mai 2018, pour faire partie de l’équipage qui va ramer au sein du CKC vers l’horizon de la dignité, de la liberté et de la prospérité.
Boualem Afir.