(SIWEL) — Massinissa Lekhel, citoyen kabyle, est emprisonné en Algérie depuis juillet 2024 pour le simple « crime » d’avoir soutenu l’idée du droit du peuple kabyle à disposer de lui-même. Condamné à 3 ans de prison (initialement 5 ans) pour des publications sur les réseaux sociaux et des échanges avec des ONG, son cas illustre la répression brutale que subissent les militants kabyles en Algérie.
Mais aujourd’hui, la situation est bien plus grave : Massinissa Lekhel pourrait avoir été empoisonné en détention.
Une disparition forcée et des transferts clandestins
Le 24 juillet 2025, sa famille s’est rendue à la prison de Tizi-Ouzou pour lui rendre visite, comme elle le fait régulièrement depuis son transfert depuis Blida en août 2024. Mais cette fois, Massinissa avait disparu.
Interrogée, l’administration pénitentiaire a répondu de manière évasive :
« Votre fils a été transféré. Nous ne savons pas où, et même si nous le savions, nous n’avons pas le droit de vous le dire. »
Après plusieurs jours de recherches angoissantes, la famille apprend qu’il aurait été renvoyé à Blida – où il avait déjà été détenu. Munie d’un permis de visite officiel, elle s’y rend le 31 juillet… mais il n’y est pas.
On leur indique alors successivement qu’il serait à Boufarik, puis à Berrouaghia, avant de finalement le retrouver – affaibli, marqué par des rougeurs suspectes sur le cou et la poitrine.
Massinissa leur confie, épuisé :
« Ne revenez pas… Je vais bientôt être transféré à Batna, probablement à la prison de Tazoult (Lambèze). »
Cette prison, isolée et sinistrement connue pour ses conditions inhumaines, se trouve à près de 430 km de sa famille, rendant les visites presque impossibles.
Empoisonnement ? Torture ? Un scénario cauchemardesque
Ce que la famille a vu est terrifiant:
- Massinissa semble malade, affaibli, avec des rougeurs inquiétantes.
- Il évoque des symptômes apparus après ses transferts (nausées, démangeaisons, éruptions cutanées).
- Aucun avocat n’a pu le voir, les transferts successifs ayant brouillé les pistes.
Son père, Ammar Lakehal, lance l’alerte :
« Je suis convaincu qu’on lui a fait ingérer – ou injecter – un produit chimique pour le faire parler ou l’assassiner à petit feu. »
Selon une fuite de l’administration carcérale (3 août 2025), Massinissa aurait effectivement été empoisonné. Mais où ? Dans quelle prison ? Par qui ? Personne ne donne de réponse.
Un régime qui torture en toute impunité
Cette affaire n’est pas isolée. Depuis des années, l’Algérie réprime violemment les militants kabyles :
- Prisonniers meurent subitement.
- Prisonniers politiques disparus (transferts secrets, tortures).
- Procès inéquitables sur la base de lois répressives.
- Maltraitances systématiques (isolement, privation de soins).
Nous appelons les organisations de défense des droits humains, les gouvernements et la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour :
- Assurer la sécurité et le bien-être de Massinissa Lekhel
- Demander des explications sur les conditions de sa détention et les raisons de ses transferts multiples
- Garantir l’accès à des soins médicaux appropriés et à des avocats pour Massinissa Lekhel
La situation de Massinissa Lekhel est un autre exemple flagrant de la répression exercée contre les militants et les défenseurs des droits humains en Algérie. Nous demandons à la communauté internationale de prendre position pour protéger les droits de Massinissa Lekhel et de tous les détenus d’opinion.
Boualem Afir.
SIWEL 050238 AOUT 25
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