KABYLIE (SIWEL) — La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre à travers les réseaux sociaux : un mineur de 15 ans hirakiste fut violé dans un commissariat de police à Alger. Du coup tout le microcosme algérois s’est mis en branle : des indignations, des condamnations, des appels à l’auto saisine de la justice fusèrent de toutes parts. Cependant, au delà de notre courroux légitime et sincère face à cet acte atroce commis sur cette jeune personne et de notre solidarité indéfectible envers ses parents, il nous semble opportun aussi de souligner que c’est comme si pour la première fois les algériens découvrent les horreurs dont peut être capable ce pouvoir avec qui ils étaient complaisants depuis 1962 à ce jour. En vérité à partir du moment où ces algériens ont accepté le premier viol collectif à l’aube de l’indépendance par les troupes des frontière sur le GPRA, les brèches pour toutes les forfaitures futures furent ouvertes.
En effet quand on ferme les yeux sur un seul arbitraire, tous les autres arbitraires adviendront tout ou tard. C’est ainsi qu’à force de regarder ailleurs et de s’accommoder de toutes les violences du régime, aucun viol des consciences ne fut épargné à ces algériens justement. Et si aujourd’hui des flics osent agresser un mineur sexuellement, cela est le résultat de la passivité de la société et de ce qui est appelé à tort ou à travers : l’élite.
Comment ne pas arriver à ce stade de dépravation quand on ferme les yeux sur toutes les répressions qu’a subi la Kabylie aussi bien en 1963, 1980, 1981, 2001 ? Comment ne pas arriver à ce stade de dégradation quand on ferme les yeux devant les assassinats politiques (Khider, Krim, Chaabani…..) ? Comment ne pas atteindre ce degré d’horreur quand on ferme les yeux devant l‘anathème que le régime à déversé sur les hommes politiques et sur les hommes de cultures les plus éminents à l’image d’Ait Ahmed, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Jean El Mouhoub et Taous Amrouche, Salem Chaker ….. ? Comment ne pas atteindre ce summum de barbarie quand des poètes ou des chanteurs sont réduits à l’exil, interdits d’antennes ou carrément assassinés à l’image de Slimane Azem, Matoub Lounes, Mhenni Ferhat, Ait Menguellet Lounis….. ? Comment ne pas subir l’enfer quand on laisse faire le despotisme, la corruption, quand on adule un cadre (Bouteflika) un dictateur(Boumediene) … ?
Dans la vie, il existe toujours un retour de manivelle, et quand ce retour se déclenche, sa douleur est atroce ! On le reçoit en plein figure. Aujourd’hui, point n’est lieu de faire semblant, le mal est là bien enracinés. Nos frères kabyles qui naïvement ont crus que via leur lutte (menée uniquement en Kabylie) pouvaient renverser la vapeur, drainer avec eux les autres régions afin d’asseoir un état de droit, un état laïc, une démocratie réelle, ont eu pour leur grade. Le visage que nous offre le hirak auquel ils s’accrochent encore (d ṭṭmaɛ i yessazalen amɣar) dans un espoir fictif que la donne peut changer, nous offre une image chimérique du chat qui court derrière sa queue dans l’espoir vain de l’attraper. Trente deux ans de multipartisme, sans pour autant avoir pu avoir une assise en dehors de la Kabylie. Tel est hélas le sort des deux partis kabyles le RCD et le FFS. Dés lors on se demande si un jour les militants de ces deux partis auront le courage un jour de faire leur autocritique et demander pardon pour le retard qu’ils font subir à cette Kabylie dans sa quête d’émancipation de cette Algérie qui ne cesse de mourir chaque jour un peu plus ? Oui on se le demande.
H@S
SIWEL 042245 AVR 21