TIFRIT (SIWEL) — Ils sont venus des quatre coins de la Kabylie pour rendre hommage à Masin Uharun. En plus des membres de l’association Tigemmi de Tifrit, on compte parmi les présents, ses anciens compagnons comme Hsen Cherifi, Idir Mouloud, le chanteur Said Kessas et le président du MAK, Bouaziz Ait Chebib qui était à la tête d’un fort cortège de militants de son mouvement. Il y avait aussi l’association des enfants de Martyrs d’ Akbou, des membres de la fondation Matoub Lounes et de la fondation Mustapha Bacha.
Jugurtha Adjaoudi, un militant du MAK, le premier à intervenir, a mis l’accent sur la nécessité de bannir la culture de l’oubli: « ce qui nous tue c’est l’oubli. Haroun est vivant car nous ne l’avons pas oublié et nous ne l’oublierons jamais. Nous sommes déterminée à entretenir sa mémoire et à poursuivre son combat ».
Larbi Yahioune, président de l’association TIGEMMI du village de Tifrit, a mis en évidence les travaux de recherche effectué par Masin u Harun, affirmant avec insistance qu’«une langue, pour durer et se développer, a besoin d’un Etat».
Hsen Cherifi, a quant à lui témoigné sur les qualités humaines, le courage et l’engagement de Muhend u Harun qui doit servir selon lui d’exemple à toutes les générations. «Haroun est notre fierté. Il est la fierté de toute la Kabylie à qui il a tant donné».
Bouaziz Ait Chebib, a de son côté, mis en avant le rôle joué par les vraies élites dans l’éveil des consciences en citant en exemple Muhend u Harun: « on dit souvent que le vrai héro c’est le peuple, mais il ne faut pas oublier que ce peuple tire son héroïsme de l’héroïsme de ceux qui l’éveillent à l’instar de Muhend u Harun. Ce grand militant incorruptible, dément et prouve à quel point ceux qui disent que les kabyles se vendent ont tort. Si tel était le cas, la Kabylie n’aurait jamais engendré de Muhend u Harun, et aujourd’hui, aucun hommage ne lui aurait été rendu. Notre présence ici, pour réitérer notre engagement et notre ferme détermination à poursuivre son œuvre, indique clairement que la Kabylie est toujours debout et qu’elle tire sa force des sacrifices de Muhend u Harun, Bessaoud Muhend Arav et de tant d’autres … ».
Poursuit son allocution, Bouaziz Ait-Chebib revient sur le printemps de 1980 et dit que « Avril 1980 n’est pas le début de l’éveil identitaire, il est l’aboutissement du long combat initié par les berbéristes de 1949, poursuivi par Agraw imazighen, Mouloud Mammeri et les poseurs de bombe de 1976 ». Critiquant certaines mémoires sélectives, le président du MAK fustige « Certains "anciens militant" de la cause amazighe, qui occultent volontairement ce qui s’est passé en 1976 » avant d’affirmer concernant le Mouvement souverainiste kabyle : « Nous, nous disons que nous assumons pleinement l’affaire des poseurs de bombes qui est indissociable du long cheminement du combat kabyle ».
Enfin, rendant hommage au militantisme, à l’engagement et au travail de Masin U Harun « qui a été parmi les premier à introduire notre langue dans le domaine scientifique », le président du MAK a tenu à rappeler que « le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre c’est de continuer son combat pour assurer la pérennité de notre langue et de notre identité qui réclament un Etat kabyle, car un peuple sans Etat se dénature et se dilue dans une identité de substitution qui lui sera imposée, lentement mais surement » a-t-il conclu.
L’Hommage à Masin U Harun s’est poursuivi dans l’après-midi avec une conférence témoignage et un gala artistique
cdb,
SIWEL 221647 MAI 15