INTERVIEW(SIWEL) — Devant l’inquisition en cours, le militant de la cause kabyle et écrivain, Rachid Hitouche a lancé un appel pour une réaction majeure et coordonnée. Nous lui avons posé quelques questions.
Appel
Un appel est lancé à tous(es) les auteurs-romanciers et dramaturges, ainsi que tous les artistes, soucieux de la liberté que les supplétifs des colons veulent confisquer, pour une réunion de concertation et une prise de position commune face à cette dérive moyenâgeuse et dangereuse. La Kabylie est en danger, sans le savoir elle sera simplement morte étouffée. Que ceux et celles qui désirent prendre part, laissent leurs coordonnées en privé.
Rachid Hitouche
Interview
Siwel : Suite à l’interdiction généralisée de conférences en Kabylie par les institutions politiques et militaires algériennes, vous avez lancé, en votre nom, un appel aux acteurs de la plume et aux artistes Kabyles pour une réunion de réflexion et d’action en urgence.
Rachid Hitouche : Mon premier souhait, est celui de voir cet appel atteindre les centaines d’hommes de lettres et de conviction. D’ailleurs, au moins une dizaine d’auteurs m’ont déjà contacté pour prendre part. Ce que vous aurez également pu remarquer, c’est que cet appel a été partagé des dizaines de fois en moins de deux heures après l’avoir publié. Les gens sont tous touchés dans leur chair et leur âme. Charcuter les consciences, c’est ce qu’il y a de plus grave.
Nous assistons ces derniers mois à une sorte de chasse au savoir de la part du régime, une chose qui ne peut nous, moi personnellement, laisser inactif ou se satisfaire de la position d’indifférence. Accepter à ce que le régime nous muselle la langue, alors que nous sommes sûrs de ne pas enfreindre aucune loi. Ni celle de Dieu, ni celle des hommes. Se taire devant l’absurde, c’est cautionner la dérive dangereuse et diabolique, dans laquelle se plait à jouer le pouvoir d’Alger.
L’objet de mon appel est exactement de se mettre face à cette dérive que j’estime non seulement contre-productive, mais surtout porteuse de germes sombres et ténébreux. Nous cherchons la lumière et non les abîmes. Que le régime le comprenne, libre à lui de conduire ceux et celles qui le suivent dans cet inconnu. Ce n’est pas et ça ne sera jamais notre cas.
La Kabylie souhaite avancer avec ses enfants et elle le fera sur la base de sa propre culture mais aussi de la science et du savoir. Nous ne rejetons pas l’universalité, bien au contraire, c’est sur cette sphère que nous souhaitons voir la Kabylie amarrée.
Siwel : Larbi Yahioun était interdit d’animer des conférences sur la langue kabyle, Younes Adli sur la pensée Kabyle, Karim Akouche sur son livre « la religion de ma mère » et était également contraint de quitter la Kabylie en urgence sous la pression et les menaces de mort. De quoi ont peur les décideurs algériens ?
Rachid Hitouche : Le régime islamisto-arabo-baathiste tremble et a peur de tout ce qui n’est pas d’essence islamiste et arabe. La lumière lui fait lourdement mal, déjà qu’il est devenu myope depuis qu’il a accepté de se voir poser les ouillères du charlatanisme arabe. Ceci dit, les interdictions actionnées çà et là à l’encontre des Café-littéraires et autres associations de même pour les romanciers invités, doivent cesser. Si le régime a des arguments à avancer qu’il les avance. Mais si il croit nous intimider avec ces menaces, il se goure.
Nous ne faisons rien de mal, si ce n’est transmettre des vérités à notre société que le pouvoir a de tout temps embrigadé sur les talus du mensonge. Paroles contre paroles, celui qui dit vrai sera écouté. Là aussi, le régime sait par avance qu’il sera perdant, car il n’a jamais été cru même pas par ceux et celles qui lui tapent des mains et des pieds. Mes amis, Larbi Yahioune, Younes Adli ainsi que Karim Akouche, le savent aussi, ce régime métastasé, vacille de jour en jour, il ne tient plus. Il est là, à réagir comme un animal blessé, acculé par le savoir et le langage de vérité qui lui courent derrière.
Je souhaite que mes trois amis soient présents lors de cette réunion où d’autres auteurs-romanciers, artistes plasticiens, hommes de théâtre, chanteurs etc,… sans oublier la société civile, auront à s’exprimer librement sur leur devenir, face à ce régime de fossoyeurs.
Siwel : Des policiers, à Aokas, auraient déclaré qu’ils sont au service de l’islam et c’est la raison pour laquelle ils ont interdit la conférence à Younes Adli. D’ailleurs Ahmed Ouyahia a bien qu’aucune liberté d’expression, ni liberté de culte n’est la bienvenue en « Algérie, pays d’Islam depuis 14 siècles », a-t-il avancé. Ne pensez-vous pas que c’est déjà l’opposition féroce entre le préambule de « l’Algérie terre d’Islam » et la nature laïque de la Kabylie qui s’intensifie ?
Rachid Hitouche : Ce jour-là, je suis arrivé à Aokas légèrement en retard et je ne m’exprime jamais sur des choses que je n’ai pas vu et entendu. Concernant Ahmed Ouyahia, qu’il sache d’abord, que Dieu n’a nullement besoin d’eux et qu’Il n’a chargé personne pour le défendre et qu’ils lui causent plus de mal que de bien en essayent de devenir ses « prophètes-flexy ». Si ça se trouve, Dieu, doit avoir d’énormes regrets et remords pour avoir créé tous ces pollueurs du monde.
En ce qui concerne la dernière partie de votre question, à ma connaissance la Kabylie à toujours vécue pieuse, mais n’a jamais été islamiste. Si vous constatez une opposition féroce, permettez-moi de vous dire qu’il y a simplement, incompatibilité entre la Kabylie et le reste du Grand Territoire.
Mas Mega
SIWEL 181440 Mar 17