TIZI -OUZOU (SIWEL) — Édité à compte d’auteur, «Isehwiken n temzi, Déflagrations de jeunesse », est un recueil d’une soixantaine de textes en langue kabyle et en langue française qui tient en quelques 182 pages et est l’expression de Halim Akli qui publie sous le pseudonyme de Allas Di Tlelli. Les vers ont été écrits entre 1989 et 2001.
« Isehwiken n temzi » ou Déflagrations de jeunesse, succède au roman du même auteur, également en tamazight, publié en 1993 et intitulé « Imesli n tsusmi »(Le son du silence). Le roman avait reçu le prix Mouloud Mammeri attribué chaque année par la Fédération nationale des associations amazighes que présidait Malika Ahmed Zaïid, enseignante au département d’économie de l’université de Tizi-Ouzou et également militante de la cause berbère.
L’auteur explique que l’écriture et la création sont des entreprises lourdes de responsabilité et de conséquences : «Dans une contrée austère, vaniteuse à souhait et sous domination de l’arbitraire, la fonction de l’acte d’écrire est d’éveiller les consciences, de promouvoir l’esprit de la citoyenneté et de s’inscrire dans une dynamique militante alliant la remise à flot permanente des idéaux de liberté et d’émancipation démocratiques et la dénonciation sans équivoque des atteintes de ceux-ci par l’absolutisme sous toutes ses formes.»
Couvrant la période allant de 1988 jusqu’à la tragédie kabyle du Printemps noir de 2001, « Isehwiken n temzi », (Déflagrations de jeunesse) s’inscrit dans la perspective du combat politique mené pour la démocratie et les droits de l’homme ainsi que pour la reconnaissance officielle de la langue kabyle et de l’identité berbère, mais aussi pour la laïcité et l’égalité entre l’homme et la femme.
Les thèmes principaux en sont la jeunesse, l’amitié et l’amour, qui sont pour l’auteur autant de fantasmes qui aident à créer l’illusion d’une vie. Une jeunesse damnée qui projette, dans un décor lugubre et un quotidien affligeant, tous ses rêves bâillonnés et toutes ses illusions perdues. Le poète dira : «Durant cette période, chaque jour qui passe est une victoire sur la fatalité et l’ordre établi qui aura détruit les générations qui nous ont précédées et qui nous arrachait ce que nous avions de plus précieux: notre jeunesse».
De bouleversement en cataclysmes sociétaux et politiques, notre génération aura été celle qui a regardé son innocence s’arracher, ses vingt ans se briser et ses horizons s’obstruer complètement. Ainsi, l’épicentre de chaque cataclysme s’est avéré être en chacun de nous. Supporter une telle masse de violence est chose inconcevable pour les adultes qui n’ont jamais eu vingt ans et qui s’étaient lancées prématurément dans une guerre asymétrique et inégale contre l’arbitraire et la tyrannie.»
Ses poèmes se font l’écho des drames politiques, personnels ou collectifs qu’expérience la Kabylie. Il sont «l’exutoire de mes frustrations, de mes douleurs et de mes déceptions, le jardin secret où mes espoirs se régénéraient et mes illusions s’entretenaient.» dira le poète romancier.
Le recueil est désormais disponible dans de nombreuses librairies en Kabylie.
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SIWEL 12 1810 JAN 11