KABYLIE (SIWEL) — Un peuple ne se lève pas un matin et dit par caprice : tiens, il fait mauvais temps, je vais de ce pas revendiquer mon indépendance. C’est au contraire un long processus de conscientisation sur sa situation de peuple colonisé qui l’amène à introduire dans le débat la problématique de l’indépendance .
C’est le cas de la Kabylie qui se voit spoliée de ses droits existentiels par la volonté manifeste du système politico-religieux algérien qui lui impose le seul dilemme : abdiquer ou… abdiquer.
Pendant ce long processus de lutte et de résistance face à ce système mafieux, nos soit-disant compatriotes regardaient ailleurs.
Entendez-vous leurs clameurs revendiquer aujourd’hui le départ du système? cela fait cinquante sept ans qu’ils l’applaudissent, sourds aux appels du pied des kabyles qui s’échinent à le démanteler depuis l’insurrection d’Ait Ahmed en 1963. Ces clameurs nous somment de nous taire, de taire nos revendications, de continuer à servir, servir de force d’appoint pour l’arabisme comme à l’accoutumée. Mais nous sommes résolus à n’être aujourd’hui qu’une force, une force pour se frayer un chemin, le seul chemin, vers l’indépendance de la Kabylie.
Après trois scrutins de base, fondamentaux, déterminant l’avenir d’un pays , que La Kabylie, ne la concernant pas, a superbement ignoré, est-elle légitime à revendiquer haut et fort son indépendance?
– Oui, et s’il n’y avait qu’une seule justification, elle serait l’article 1 aliéna 2 de la charte des Nations unies ratifiée par l’état algérien qui stipule : »tous les peuples ont droit à l’autodétermination et que, en vertu de ce droit, ils sont libres de choisir leur statut politique et d’oeuvrer à leur développement économique, social et culturel. »
Mais comme vous le savez, l’Algérie ne le reconnaît qu’à la Palestine et à quelques centaines de milliers de sahraouis de la RASD pour laquelle elle mobilise sa diplomatie, son armée et un budget pour lui arracher son indépendance en entretenant un climat de guerre à la frontière marocaine ; cependant que des kabyles algérianistes qui y ont été mobilisés, ou leurs enfants, et qui soutiennent donc de fait cette tension guerrière avec le Maroc, cherchent à imputer au MAK la possibilité de violence par son projet d’indépendance alors qu’il proclame urbi et orbi une démarche strictement pacifique et diplomatique par le biais des instances internationales.
– Oui, parce que nous sommes un peuple, une nation, nous vivons sur un territoire continu ,distinct . La Kabylie a sa propre langue ses traditions, son histoire, une forte personnalité et une manière différente d’appréhender et de faire face à un événement. Elle propose un projet de valeurs morales et culturelles, qui n’ont rien à envier à d’autres, les siennes depuis la nuit des temps, bien avant le mensonge des « futuhates islamia » au VIIè siècle qui sont en réalité’une conquête , une occupation de l’Afrique du Nord.
– Oui, parce que contrairement au reste de l’Algérie qui pratique un islam rigoureux, symbolisé par le voile intégral des femmes et souvent leur enfermement, la Kabylie elle, pratique les religions sans excès, sans dogmatisme, à leurs justes mesures, à l’absolu liberté de chacun, totalement absentes dans la gestion de la cité kabyle où le voile n’a jamais été accepté ni adopté, où la laïcité est la norme .
Les anthropologues qui se sont intéressés au peuple kabyle sont étonnés par cette civilisation kabyle qui gère ses affaires sociales et judiciaires dans ses assemblées ( tajma£t ) et qui ne coûtent pas un kopeck aux citoyens.
Certes , les femmes n’y sont pas admises, mais une Kabylie indépendante, aboutissement de la lutte et d’espoir des femmes et hommes kabyles du MAK et autres souverainistes, garantira l’égalité des droits hommes-femmes, et leur présence y sera plus qu’utile, elle sera nécessaire pour se réapproprier leur parole et se faire entendre là où par le passé des traditions surannées les en éloignent.
– Oui, parce que le peuple kabyle est spolié, nié et combattu dans son identité culturelle par le système politique arabo-islamique depuis 1962. Cinquante sept ans de lutte, mais notre culture, notre langue, notre histoire, sont toujours absentes à l’école algérienne. Les quelques avancées, aux grès des circonstances, jetées comme la poudre de perlimpinpin, n’auraient jamais eu lieu si ce n’est la détermination du MAK à proposer la seule voie digne, l’indépendance , et qui a effrayé dans le poulailler politique algérien. Et lorsqu’on tend l’oreille on entend des parents algériens s’indigner de voir la langue kabyle dans le programme scolaire de leurs enfants, même en étant facultative. Et plus grave encore, cette classe politique qui est sensée respecter leur constitution, la leur car approuvée par eux seuls, et tenir un discours de sérénité et de bon sens sur la réalité de l’amazighité du pays , enflamment au contraire les esprits par des propos vulgaires , insultants , humiliants, racistes, sur notre langue et notre culture. Mais cela ne doit pas étonner cependant, eux qui situent l’Algérie non pas au nord de l’Afrique , mais au Maghreb arabe c’est à dire à l’ouest de l’ URINOIR de la Mecque.
– Oui, parce que nous sommes rejetés par l’Algérie, peuple et Etat. L’Etat par le recours systématique au dénigrement à l’insulte à l’humiliation dans ses médias arabophones, à nos liens supposés avec les services étrangers, à des accusations de porter atteinte aux constantes nationales, de profaner le coran ou l’emblème nationale, et cerise sur le gâteau, à des intentions terroristes non pas sur des personnalités politiques ou militaires qui seraient plus dans les traditions du terrorisme , mais sur des manifestants nombreux, qui crient leur haine de ce système de pouvoir mafieux, immoral, pour les amadouer et les aiguiller sur la vrai cible, les kabyles, pour les faire taire , et en temps abattre sur nous sa violence, sa répression, lorsque nos revendications se font insistantes, et s’en sortir grandi devant l’opinion algérienne qui n’en pense pas moins lorsqu’il s’agit de punir la Kabylie, opinion qui nous traite elle, de juifs, de fils de la France, qui ne nous a jamais témoigné la moindre solidarité ou empathie lorsque les enfants de Kabylie tombaient sous les balles explosives de la soldatesque algérienne, et encore moins de soutenir les idées progressistes portées par la Kabylie, comme la laïcité, l’égalité homme – femme, les libertés individuelles, la mixité ; mais le point culminant de cette haine à l’égard des kabyles, le marqueur de ce rejet , de cette rupture, est le printemps noir 2001 où on a cherché à terroriser et à en finir avec la Kabylie en tirant avec des armes automatiques et sans sommation sur des jeunes manifestants kabyles faisant 128 morts et des milliers de blessés.
Souvenons-nous aussi de la journée du 14 Juin qui s’est traduite par le refoulement bestial de » notre » capitale, de millions de kabyles partis allègrement à Alger pour remettre à la présidence une plateforme ( d’el kseur ) de revendications. La population d’Alger d’un côté, qui s’est acharnée en jetant par dessus leurs balcons de l’eau bouillante sur les marcheurs, aidée par des voyous, prisonniers, libérés dans cette intentions de semer la mort par des agressions aux couteaux et autres objets létaux, et les médias d’état et arabophones de l’autre, se sont donnés à cœur joie au lynchage de leurs visiteurs kabyles, pacifiques, armés de leur seul espoir d’être entendus et compris. Dans un tel contexte, la volonté de se séparer est en soi un droit naturel dont la Kabylie puise sa légitimité en tant que peuple et nation, à fonder son état.
Sauf à vouloir sacraliser le syndrome de Stockholm, eux c’est eux, nous c’est nous, et les frontières n’ont jamais empêché le respect entre voisins, et l’entretien de relations mutuellement profitables.
– Oui, parce que historiquement la Kabylie n’appartenait pas à l’Algérie qui n’existait pas encore en tant que pays et Etat algérien dans des frontières fixées, reconnues .
La Kabylie était autonome, indépendante jusqu’en 1859, c’est à dire 29 ans après la conquête française des territoires voisins algériens et 20 ans après l’appellation » Algerie » en 1839 de ces mêmes territoires. Battue, exsangue à la bataille d’ Icheriden le 24 Juin 1857, elle fut intégrée à ce pays par la force de la baïonnette.
Livrée à la vindicte populaire en permanence, de par sa soif de liberté et sa fidélité à son identité, à sa spécificité, à la promesse de sortir la Kabylité de son état folklorique que lui avait destinée cet Etat algérien diabolique, rejetée par soupçons et liens étrangers supposés avec ceux-ci ou ceux-là, la Kabylie veut aujourd’hui, par la volonté et la détermination indéfectible de ses enfants, retrouver son statut originel de pays libre et indépendant.
– Oui, parce que la Kabylie est observée , espérée , attendue de tous côtés, à l’intérieur comme à l’extérieur, parce que c’est à la Kabylie qu’échoit l’honneur d’être le facteur de résurgence du monde amazigh, de le sortir de son état végétatif. De part sa combativité , sa lutte incessante, son expérience, elle symbolise la résistance à l’idéologie envahissante arabo-islamique. Les amazigh où qu’ils soient suivent aujourd’hui nos avancées arrachées au système mafieux algérien. Mais ne soyons pas naïfs, nôtre culture, notre identité ne seront totalement rétablies que lorsque la Kabylie, notre pays, soit prise en charge par ses propres enfants, lorsqu’elle sera totalement souveraine .
Naïfs, nous le sommes face aux usurpateurs de l’identité arabe, mais plus grave encore nous étions et nous sommes pour beaucoup d’entre nous, sous l’emprise d’une double propagande :
» notre religion » et » notre révolution ». Nous succombons facilement à l’évocation de ses deux armes désastreuses du pouvoir qu’il sait émeuvent les âmes sensibles au point de céder sur tout le reste, sinon accepterions-nous d’attendre 60 années qu’un voyou de Bouteflika vient nous reconnaître? ( nous RECONNAÎTRE ? quelle toupet !!! ) , nous n’existions pas déjà au temps des pharaons des Grecs et bien d’autres peuples de l’antiquité ?
La religion et la révolution avec son corollaire les martyrs, doivent cesser d’être des arguments cimentés d’une Algérie arabe, unie et indivisible.
La religion en pays civilisé est un choix personnel indépendamment de tous liens extérieurs ; sans exagérer, je dirai que c’est la même liberté que de choisir sa voiture, sa maison, ses chemises ou ses robes. Tous individus, partis politique ou le pouvoir lui-même qui vient nous imposer quoi que ce soit dans ce domaine, sachez-le bien, c’est dans ses propres intérêts, pour nous contrôler, nous commander, faire de nous des toutous des chiens aux ordres.
En religion , il ne faut pas prendre les choses au sérieux, car c’est l’inconnu, l’incertitude . Il faut donc « se relâcher », être cool , pratiquer sans regarder ce que fait ou en quoi croit son voisin.
Lorsqu’on observe les femmes afghanes regarder la nature à travers une trame de tissus devant les yeux dans leur burqa , toute leur vie ! on ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au coeur, et qualifier cela de crime contre l’humanité ; et on appelle cela, l’Islam. Encore heureux que nos islamistes , tous variants confondus, ne préconisent que la tenue sac-poubelle-noir sur le corps des femmes , mais rien devant les yeux , laissés à notre regard frustrés de féminité dans leur monde de brutes , OUF !
La révolution c’est la marotte ou l’argument imparable de tous les kabyles hostiles à leur indépendance, à leur liberté, à leur Kabylité, à leur dignité. A toutes allusions à l’autodétermination de la Kabylie, ils vous sortent l’arme atomique, » toute l’Algérie est à nous , c’est notre pays , c’est pour elle que sont tombés nos martyrs ». A priori J’en convient parfaitement. Mais qu’est ce que l’Algérie en elle-même si tous les droits inhérents à la révolution, aux martyrs, ne profitent qu’à « l’entité » arabe pour en faire : un pays arabe, du maghreb arabe, de culture arabe, de langue nationale arabe , appartenant à la nation arabe ? et tutti quanti . Et quand on sait, reconnu par les arabes eux-même, que la Kabylie a été d’un apport décisif dans la guerre contre le colonialisme français, nous avons le droit d’exiger la prise en compte de notre Kabylité dans son acception la plus absolue. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? ne nous prennent-ils pas pour des idiots, des animaux de bât ? ne nous méprisent-ils pas ? ne voyons-nous pas que ces gouvernements successifs nous mènent en bateau ? Doit-on encore patienter jusqu’au siècle suivant ?
Non, demain sera trop tard si on persiste à tergiverser et renvoyer aux calendes grecques nos responsabilités d’aujourd’hui.
Un référendum d’autodétermination du peuple kabyle est préparé et mis en place par le MAK , à l’intention de tous les kabyles soucieux de l’avenir de leur pays , la Kabylie. Il s’étalera jusqu’en Avril 2022 . Nous pouvons dés lors accomplir notre devoir ou prendre le temps de la réflexion, de bien réaliser la portée de ce scrutin sur notre destin :
Votez OUI pour la fierté de notre passé, l’intensité de notre présence aujourd’hui et l’ambition d’être acteur du monde de demain en tant que peuple kabyle parmi les peuples..
Votez NON pour vivre anonymement , honteusement ; hier au service de la France coloniale, demain au service de l’Algérie arabe , de tous ces hommes qui défilent devant nous , qui nous insultent, nous menaces d’exterminations , qui nous lancent des fetwas d’être des arabes et musulmans comme tout le monde, sinon !!!
Ne pourrons-nous jamais un jour, ne serait-ce qu’un jour, être un peuple kabyle libre de toute attache , de toute occupation ? être citoyen à part entière avec passeport et reconnaissance internationale ?
N’oublions pas qu’en dehors de la Kabylie, les algériens soutiennent le pouvoir mafieux sur les deux « constantes » que sont la langue arabe et l’islam , et qu’ils ne peuvent s’en défaire sans se tirer une balle dans le pied car ceux sont leurs raisons d’être ici et ailleurs. Notre choix est donc simple : préserver notre Kabylité de par notre naissance et notre culture, en être fier et la propulser vers les hauteurs, en optant pour le OUI, ou se faire « greffer » en guignols arabes étiquetés musulmans par coercition constitutionnelle, et nous parlerons et agirons sous la tutelle idéologique de l’arabo-islamisme, en optant pour le NON . Car dans un pays où le rapport de force a été établi des le départ et délibérément à l’encontre de la kabylité, il ne reste plus qu’à se soumettre honteusement ou à se démettre fièrement.
L’indépendance de la Kabylie est inéluctable. Plus tôt nous la soutenons, en rejoignant le MAK, plus rapide et plus facile nous l’obtiendrons avec la belle citoyenneté KABYLE , réelle , juste correspondant à ce que nous sommes, à ce que nous avons toujours été, KABYLES. Alors que l’appellation d’algérien ou de maghrébin est toujours, partout, connotée d’arabe et même d’arabe musulman , ce que nous n’avons jamais été . Mais qu’on le veuille ou non, nous portons l’identité d’un autre aujourd’hui et ce n’est pas sain , ce n’est pas digne, ce n’est pas correcte.
Rejoignons cette lutte honorable , pacifique, humaine, pour faire entrer dans le concert des peuples, le peuple kabyle, faire entendre sa belle langue à travers le monde et perpétuer son identité, à jamais.
SIWEL 242209 JUI 21