34ÈME ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT D’ALI MÉCILI

KABYLIE (SIWEL) — André Ali Mécili, né en 1940 à Koléa, de parents kabyles, originaires de Djemaa N’Saridj. Après avoir fait ses études au collège de Boufarik, il se déplace à Alger pour poursuivre ses études secondaires au lycée Ben Aknoun. Quelques temps après il rejoint le FLN, à la fin des années 60, il participe avec ses camarades lycéens aux services d’ordre et assurent les relations avec la presse française.

Vingt ans bouclés, il fut appelé pour rejoindre les rangs de l’armée française. Avant d’être incorporé, il fuit la France et rejoint la Tunisie via Marseille et l’Italie. Il y fut vite incorporé par le MALG et envoyé à Base Didouche à Tripoli, en Lybie. Peu de temps après, il porte le grade de Lieutenant à la tête de l’une des sections de base chargée des activités d’espionnage à l’étranger. Pendant l’été de 1962, Mécili s’échappe, à Chlef, du convoi militaire du groupe de Tlemcen qui contourne les Wilaya II et III historiques et qui se dirigent vers la capitale Alger pour s’accaparer le pouvoir contre le groupe de Tizi-Ouzou. Mécili avertit les officiers de la Walaya IV, sa région, des risques de transformation du MALG en police politique.

En 1963, il prend contact avec Houcine Ait Ahmed et créent ensemble le Front des forces socialistes. Mécili s’occupe de l’impression et la diffusion de la propagande du nouveau parti clandestin. Il lutte en parallèle pour les droits et les libertés syndicaux ainsi que pour l’émancipation de la femme. Il réintègre entre temps les services secrets, devenus SM. Profitant de cette réintégration, Mécili désinforme le pouvoir sur l’état du FFS et fournit à ce dernier des informations sur les velléités répressives du pouvoir qui se préparaient contre lui. Le 17 octobre 1964, Ali Mécili est arrêté en compagnie d’Ait Ahmed en Kabylie au cours d’une rencontre clandestine. Il fut emprisonné à la prison militaire d’Oran puis libéré le 1er novembre 1965 quelques temps après le putsch organisé par l’anti-kabyle Boumediène.

A partir de 1966, c’est le début de son exil en France où il s’est occupé à diriger les activités de son parti auprès de l’émigration. Après avoir obtenu son stage d’avocat, il s’installe à Paris et fait de son cabinet un lieu d’accueil pour les exilés politiques et autres. En 1975, il s’est chargé de mobiliser les opposants algériens autour de la question des droits de l’homme, du droit culturel et celui de la défense de la langue Kabyle. Il fonde dans ce cadre, à Paris, avec l’aide financière du FFS, la coopérative « Tiwizi » qui avait pour objectif l’édition et la diffusion de publications en langue kabyle.

De 1978 à 1979, André Mécili a organisé également plusieurs stages pour les jeunes militants kabyles, animés dans le cadre de la formation politique des jeunes algériens. Plusieurs animateurs du mouvement berbère des années 80 avaient participé à ses séminaires, organisés en 1979, où il y avait question de la voie libératrice d’un socialisme fondé sur l’autonomie personnelle, locale et régionale. Mécili a œuvré au rapprochement des différents courants politiques d’opposition en Algérie, il est l’artisan de l’accord de Londres, conclu le 19 décembre 1985 entre le MDA de Ben Bella et le FFS d’Ait Ahmed. C’est également lui qui a lancé le journal Libre Algérie auquel collaborent les deux partis. Quelques années auparavant, se sachant personnellement menacé, il a écrit dans un texte qui sera trouvé après sa mort : « Lorsqu’on ouvrira cette lettre, se sera accomplie une destinée qui, depuis ma plus tendre enfance, n’aura jamais cessé de hanter mon esprit. […] Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l’Algérie. […] Je meurs seul, dans un pays d’indifférence et de racisme. […] Je meurs pour avoir vu mourir l’Algérie au lendemain même de sa naissance et pour avoir vu bâillonner l’un des peuples de la Terre qui a payé le plus lourd tribut pour affirmer son droit à l’existence ». Il a dit également : « […] j’ai connu les poux et les punaises, la saleté, l’hypocrisie, la bassesse humaine, les exécutions sommaires de ceux qui n’ont rien fait de mal et qui ne pourront plus rien faire. J’ai connu la honte, la peur, l’épuisement, le défaitisme, en d’autres termes, j’ai connu l’homme, à nu […]».

Le 7 avril 1987, Ali André Mécili est assassiné à l’entrée de son immeuble parisien. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (75e division). Un hommage lui a été rendu par Mass Fehat Mhenni, président du MAK et de l’Anavad, lors de sa visioconférence animée à Targa Ouzemour le 06 avril dernier.

Youva Amazigh
SIWEL 112208 AVR 21