59ÈME ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION DE JEAN EL MOUHOUB AMROUCHE

KABYLIE (SIWEL) — Jean Amrouche, fils de Fadhma Ait Mansour Amrouche, né le 7 février 1906 à Ighil Ali, un village relevant de la préfecture de Vgayet. C’est un écrivain, journaliste littéraire à la radio d’expression française. Il est issu d’une famille de confession chrétienne de Kabylie, son père c’est Antoine-Belkacem Amrouche et sa mère Marguerite-Fadhma Ait Mansour, tous deux élevés par des pères et des sœurs catholique pendant leur jeunesse.

En 1910 sa famille quitte la Kabylie pour aller s’installer en Tunisie où elle a réussi à obtenir la nationalité française. Après des études secondaires brillantes au collège Alaoui, jean est admis à l’Ecole normale d’instituteurs de Tunis. En 1924, il est nommé instituteur à Sousse. Il est devenu ensuite professeur de lettres au lycée de la même ville puis à Bône et à Tunis, où il rencontre le poète Armand Guibert.

En 1934 il publie ses premiers poèmes. Il se marie avec Suzanne Molbert, sa collègue de Tunis, professeur de lettres classiques. De 1938 à 1939, il réalise des émissions littéraires pour la station Tunis-RTT. Il rencontre l’écrivain André Gide, auteur de la trilogie « L’Enfant », « Le Bachelier » et « L’Insurgé », à Tunis, pendant la Seconde guerre mondiale. Il rejoint ensuite les milieux guallistes à Alger où il travaille pour radio France de 1943 à 1944. De février 1944 à février 1945, à Alger, puis de 1945 à juin 1947 à Paris, Jean Amrouche est le directeur de la revue L’Arche (revue littéraire), éditée par Edmond Charlot, qui publie les grands noms de la littérature française (Antonin ArtaudMaurice BlanchotHenri BoscoJoë BousquetRoger CailloisAlbert CamusRené CharJean CocteauAndré GideJulien GreenPierre Jean JouveJean LescureHenri MichauxJean PaulhanFrancis Ponge, etc.). Il travaille aussi pour la radio nationale française de 1944 à 1959 ; dans ses émissions, il invite des penseurs (Gaston BachelardRoland BarthesMaurice Merleau-PontyEdgar MorinJean StarobinskiJean Wahl), des poètes et des romanciers (Claude AvelineGeorges-Emmanuel ClancierPierre EmmanuelMax-Pol FouchetJean LescureKateb Yacine) et des peintres (Charles Lapicque). Il est l’inventeur d’un genre radiophonique nouveau avec la série de ses Entretiens, notamment ses trente quatre Entretiens avec André Gide (1949), quarante-deux Entretiens avec Paul Claudel (1951), quarante Entretiens avec François Mauriac (1952-1953), douze Entretiens avec Giuseppe Ungaretti (1955-1956).Il est évincé de la RTF en novembre 1959 par Michel DebréPremier ministre, alors qu’il sert d’intermédiaire entre les instances du Front de libération nationale et le général de Gaulle dont il est un interlocuteur privilégié.

De 1958 à 1961, Jean Amrouche plaide la cause de l’indépendance à la Radio suisse romande (Lausanne et Genève). Il meurt d’un cancer, le 16 avril 1962, à l’âge de 56 ans. Il est inhumé à Sargé-sur-Braye. De ses Chants berbères de Kabylie, rédigé en français en 1939, Jean Amrouche a réussi d’en faire un trésor de la poésie universelle.  En parlant de la poésie de Jean Amrouche, Tahar Djaout témoigne : « l’inspiration de Jean Amrouche est avant tout mystique, d’un mysticisme qui transcende la religion pour créer ses religions propres : celle de l’amour éperdu, celle de la contemplation cosmique, celle de l’harmonie des éléments. S’éloignant de l’ascétisme religieux, le verbe de Jean Amrouche éclate en des poèmes opulents, gorgés de ciels, de sèves, d’orages, de fruits et de femmes ».  L’écrivain français Jean Lescure a écrit, à propos de Jean Amrouche en disant : « Les enregistrements des entretiens de ce véritable créateur du genre qu’est Amrouche avec Gide, puis avec Claudel, Mauriac, Ungaretti sont des œuvres dont l’histoire de la littérature ne se passera qu’avec dommage, et dont la perte serait aussi grave que celle du manuscrit des Caves du Vatican, de Protée, de Genitrix, ou de l’Allegria ». Voici quelques expressions et poèmes célèbres de Jean El Mouhoub Amrouche : « L’homme ne peut vivre s’il ne s’accepte tel qu’il est, s’il ne se sent pas accepté par la société où il vit, s’il ne peut avouer son nom ». « La première condition nécessaire pour exister est d’avoir un nom qui vous soit propre, qui ne soit pas dérobé, usurpé ou imposé ».

Eboulez-vous montagnes
Qui des miens m’avez séparé,
Laissez à mes yeux la voie libre,
Vers le pays de mon père bien-aimé.
Je m’acharne en vain à l’ouvrage;
Mon cœur là-bas est prisonnier.
Paix et salut, ô mon pays !
Mes yeux ont parcouru des mondes.
Ma vue est orage de printemps
Dans le tumulte des neiges fondantes.
Mère, ô mère bien-aimée,
Ah ! l’exil est un long calvaire   

                                                                                        

Youva Amazigh
SIWEL 161425 AVR 21