CHRONIQUE (SIWEL) — Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, jusqu’à la tradition légendaire au-delà de trente siècles, le constat sur la résistance kabyle est à la fois noble et terrifiant !
Noble dans le sens du maintien consistant de nos racines, terrifiant dans le sens de la nonchalance d’une partie des nôtres à répondre présents au chant des sirènes, offre en apparence séduisante, mais pouvant se retourner contre celui qui l’accepte.
Depuis ces longs siècles, la société kabyle, contre vents et marées, est demeurée solidement multiforme.
Nonobstant les invasions, les colonialismes, jusqu’à la dernière occupation arabo-obscurantiste de nôtre territoire ancestral, aucune attaque, aucune agression n’ont eu raison de nous, encore moins nous soumettre collectivement.
Notre multiformité, qui est le socle de notre démocratie traditionnelle (deg tugdut n zik ar ass-a, yal yiwen s tmuɣli-s), a traversé les siècles, a fait face aux bourrasques, aux cyclones, aux ouragans et autres orages de nature à nous faire disparaître pour l’éternité.
Notre résistance face à l’adversité ne peut être le fruit du hasard ; sauf que cette fermeté est, hélas, également protéiforme, multiple, diverse.
La multiformité, de la société kabyle, a produit des mutants, des assujettis, voire des esclaves volontaires, etc. Comme elle conçu des hommes et des femmes de bravoure sans faille.
Depuis quelques décennies, nous observons un certain nombre de situations, lesquelles pour le moins doivent nous inciter à nous interroger sur l’avenir de notre sort, en tant que citoyens kabyles.
Inutile d’insister sur le fait que le colonialisme arabo-satanique n’a d’objectif que celui de vouloir nous rayer de la carte !
Sous des formes différentes, parfois même opposées, les Kabyles font preuve de cette résistance héritée de leurs aînés, de leurs aïeux.
La nuance se situe dans les objectifs à atteindre. Il y’a ceux qui résistent et se battent sous le nouveau vocable khawawiste, qui croient au miracle du démantèlement du système, ignorant ou faisant mine d’ignorer que l’apocalypse n’est nulle part ailleurs que dans cette idéologie (idiologie) moyenâgeuse et cette théocratie qui sont le socle indestructible du dit système ; comme il y’a d’autres résistants qui ont conclu qu’une entente avec le pouvoir colonial algérien, sous forme de Kabylie enclavée qui resterait elle-même, sous la botte du pouvoir central.
D’autres formes, de résistance kabyle, existent et se manifestent, comme ce nouveau mouvement citoyRien, émanation de l’ancien qui a donné le résultat que l’on connait. Le dit mouvement qui a pris son élan à l’Est de la Kabylie depuis le 16 février 2019.
Cette nouvelle mouvance, elle-même décomposée en plusieurs tendances où les « vendredistes » ont du mal à accorder leurs violons ; ceci découle de cette multiformité kabyle dont ces marcheurs du « jour sacré » ne peuvent évaluer le sens, comprendre les subtilités, définir les contours…
Ils n’y a que les marionnettistes qui savent tirer profit des marionnettes qu’ils utilisent à leur guise.
Nous voilà transformés, par nous-mêmes et par les occupants successifs, en forme de collectifs disparates où chacun est convaincu que sa raison, sa conception, sont au dessus de celles des autres.
Moralité, tous les Kabyles sont des résistants, sauf que notre résistance peut, par certains comportements, nous jouer de très mauvais tours et porter atteinte aux intérêts du Kabyle et de la Kabylie.
Allons-nous nous laisser embarquer, avec nous la Kabylie, dans les méandres d’un algérianisme sans lendemain ?
Il n’y a qu’une seule résistance qui vaille !!!
Cette résistance est celle qui est portée, à bout de bras, par les militants(es) indépendantistes qui entendent faire aboutir le projet de libération de nôtre pays kabyle pour lui permettre de prendre la place, tant méritée, dans le concert des nations.
Les difficultés, les écueils, les obstacles que dresse, sur notre chemin, le pouvoir colonial actuel par sa répression, sa brutalité, en tentant de semer la tyrannie en Kabylie, nous indique le ton de ses intentions destinées à nous faire disparaître à petit feu.
Nous nous posons tous la même question. La résistance jusqu’à quand ???
L’on peut comprendre le désir ardent de cette jeunesse kabyle qui brûle d’envie d’en découdre, le plus vite possible, avec ce terrifiant écrasement arabo-satanique, quel qu’en soit le prix à payer.
Notre volonté inébranlable de nous libérer de cet envahissement, aussi avilissant qu’ignominieux, nous incite, à présent, à des questionnements sur notre résistance qui n’a que trop duré ; qui ne peut s’éterniser, sous peine de nous voir emportés par cette déferlante, cette crue kabylo-algérianiste et algérienne qui promettent à la Kabylie un avenir mortifère.
Pouvons-nous, encore, nous payer « le luxe » de rester sur le navire algérien qui tangue sans discontinuer, qui s’apprête à faire naufrage en nous emportant dans sa perdition ?
La Kabylie frondeuse, indomptable, endurante, insoumise, doit, avec ses dignes enfants, se dire : assez de la résistance qui n’a, jusqu’ici, produit aucun résultat positif en sa faveur !
Le débat est ouvert sur cette résistance qui s’éternise à nos dépens !!!
A.T., le 27/01/2020
SIWEL 291900 JAN 20