CONVICTIONS DU MILITANT INDÉPENDANTISTE

KABYLIE (SIWEL) — Assurément, je suis un indépendantiste kabyle, et ce, pour de nombreuses raisons justifiant honorablement mon engagement. Il est sûr que j’ai la volonté d’aller au bout de ce projet noble et irréversible.
Certes, cette perspective a pris forme au départ avec animosité, il ne pouvait en être autrement vu la difficulté d’exister en tant que Kabyle dans ce pays nommé Algérie mais aujourd’hui je suis apaisé car j’ai compris qu’elle est la seule voie valable pour faire cesser les discriminations ethniques institutionnalisées dont je suis victime, et également pour échapper à l’antipathie naturelle prescrite par mes impérissables colonisateurs déguisés en frères de la nation. Aussi, je ne souhaite pas que la Kabylie reste dans cette Algérie vouée à un effondrement certain, après avoir été dévorée, ruinée par un système malhonnête et corrompu depuis le premier jour de son indépendance à aujourd’hui.
Et que dire de ces accusations de racisme dont on m’affuble ! Ai-je le droit de dire que je ne suis pas raciste, et même si je l’étais, ce ne serait que par réaction défensive ?!?

Et puis finalement, je dois dire ma détermination n’est pas seulement le fait de toutes les attaques subies, celles venant du régime algérien, car même si demain ce dernier était remplacé par un autre plus vertueux, conscient de l’abattage identitaire saignant le pays depuis des siècles, voulant établir des réformes constitutionnelles radicales qui reconnaîtraient mon identité, je n’oublierais pas qu’il est plus que nécessaire de rester vigilant face à mes éternels ennemis arrivés sur mes terres pour nous imposer un système colonialiste ! Dès lors dois-je renoncer à mes idées, à mes aspirations ? Non sûrement pas !

Eh oui, si je revendique l’indépendance de la Kabylie, c’est parce que et avant toute chose, je suis conscient d’être Kabyle et que seule une Kabylie libre et indépendante pourra me garantir de le rester. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’attendre l’impossible, je n’en suis plus là, j’en suis encore moins à espérer que d’autres soient les maîtres de ma destinée.

À présent, je suis convaincu par plusieurs éléments décisifs, expressément historiques, sociaux et politiques, que mon pays natal s’appelle « Kabylie », il est l’unique espace qui m’offre cette bénédiction de m’exprimer librement et impulsivement en ma langue maternelle, sans que j’aie à me justifier, me poser des question, à savoir si je suis mal saisi ou mal interprété, et encore moins mal apprécié par l’ensemble de mes interlocuteurs.

L’unique univers également, où ma liberté de conscience trouve son champ d’exercice, malgré parfois quelques récalcitrants, soit dit en passant fabriqués par cette Algérie à la religion constitutionnelle et institutionnalisée par l’école et les lieux de culte envahissant l’espace public, mais sans qu’elle ne soit réprimée ou jugée par mon propre entourage, de même considérée comme un délit au détriment d’une croyance imposée, incontournable… J’aime ces valeurs, et je les défends en conséquence.

Mis à part ces valeurs morales sacro-saintes, je suis convaincu assurément que la définition donnée par les scientifiques ou par les politiques du terme « Citoyen », adopté dans la quasi-totalité des pays du monde, étant couramment : « Être membre d’un État, considéré du point de vue de ses devoirs et de ses droits civils et politiques », ne me définit en aucun cas, dans ce pays auquel je suis forcément assimilé, qui est bien évidement « l’Algérie ». Pourquoi ?

Depuis toujours, mes droits fondamentaux liés en permanence au patrimoine de mon existence, langue, histoire et culture, sont déloyalement ignorés, voire écrasés par les articles principales de la constitution nationale. Donc relativement à ces circonstances, il est totalement légitime de considérer la lever des devoirs, ceux-ci censés être la contrepartie des droits. Cet État ne fait qu’exiger de moi une adhésion à son projet sans que lui, en retour, ne m’accorde le moindre droit à exister. De sa part, je ne connais que la démonstration de force et l’autoritarisme. Le fait de l’enfreindre est un acte de résistance en dépit de la conscience d’un délit soumis à des conséquences juridiques.
Je suis convaincu aussi, que la présence monolithique, massive des autorités algériennes en territoire de Kabylie, notamment les institutions chargées de maintenir l’ordre public, construisent la machine multi-agissante à l’avanie du peuple kabyle. L’une des attaques frontales pour casser le fonctionnement ancestral de la Kabylie est cette effraction de l’ordre classique des villages régis par « Tijmuyaɛ ». Évidemment, celle-ci ne peut pas être tolérée par un régime autocratique puisque l’assemblée villageoise kabyle est de fait à caractère indépendant vis à vis des lois centrales du régime. Ce dernier a donc tout intérêt à pulvériser ce fonctionnement en les obligeant à entrer dans le moule de la Loi n° 12-06 du 18 Safar 1433 correspondant à celle du 12 janvier 2012 relative aux associations.

C’est une aberration de devoir rendre compte de ce que nous faisons, décidons dans nos villages pour le bien commun, alors que cette Algérie se fiche éperdument de nos intérêts, de notre bien-être. Cet État ne manque pas d’air, ce n’est pas un scoop. Le seul but qu’il l’anime d’ailleurs, c’est de maintenir la Kabylie en état de siège, dans le dénuement le plus total. Il ne faut surtout pas qu’elle s’en sorte par elle-même et qu’elle montre ainsi son indépendance de fonctionnement et que l’Algérie ne lui sert donc à rien. Nous, nous savons justement que c’est le contraire, elle est notre boulet, elle est celle qui nous empêche d’avancer comme nous aurions dû.

Je suis convaincu que la société kabyle constitue à juste titre, l’un des derniers remparts de l’amazighité, caractère autochtone de ce territoire nommé Algérie mais dont beaucoup ne veulent pas. Afin donc de faire cesser nos tergiversations perpétuelles, voulons-nous faire partie de l’Algérie arabe ou s’échiner en pure perte à faire advenir une Algérie amazighe, il est grand temps que nous unissions nos forces à l’égard de nos libertés, nos valeurs et notre autodétermination; nous aurons assurément la main tendue des Nations Unies, à l’avenant de la déclaration de cette dernière, concernant les droits des peuples autochtones à disposer d’eux-mêmes .

L’indépendance de la Kabylie est une affaire interne avant tout, qui exige néanmoins, l’accord de la majorité populaire concernée. Pour réaliser cette entité, il est nécessaire tout d’abord de nous entendre entre nous. Nous devons inévitablement évaluer notre potentiel, notamment économique proéminent du projet politique à avancer comme pièce à conviction.

Voilà pourquoi je suis indépendantiste.

SIWEL 021427 JUI 21