KABYLIE (SIWEL) — « En tant que Kabyle, j’ai vécu cette laïcité pendant des années. Mon père ayant présidé un comité politique de village pendant des années, n’a jamais accepté une ingérence de l’imam ou du comité religieux dans les affaires politiques. Cet imam n’assiste pas aux réunions du village, c’est au comité politique de l’inviter pour qu’il puisse donner son avis sur une question précise. Le fait que l’imam est sollicité est déjà une suprématie du politique sur le religieux. C’est une pratique « Laïque ». Ce mode de vie est interdit par l’idéologie arabo‐islamiste et cette dernière est notre adversaire.
Je rappelle que pour casser cette relation entre notre imam et les affaires du village, le régime d’Alger a envoyé des fanatiques et des arabisés en Kabylie pour diffuser leur idéologie raciste et haineuse et plus grave encore, ne pratiquant même pas la langue du pays Kabyle. Les citoyens ont déjà chassés certains mais beaucoup d’autre sévissent encore dans nos villes et villages. »
Certains compatriotes Kabyles et surtout beaucoup d’Algériens, par ignorance ou par manque de connaissances historiques, associent souvent la spécificité laïque des kabyles à la colonisation française, laissant croire que c’est la France coloniale qui est derrière la revendication laïque de la Kabylie.
Ce qui est plus grave encore, est lorsqu’une autre catégorie, nos adversaires politiques et nos ennemis idéologiques, cette fois pas par ignorance de l’histoire de leurs ancêtres Amazigh, mais par une simple attitude volontaire, prônent l’arabo‐islamisme comme une constante pour tous les Algériens en général et les Kabyles en particulier, sachant que cette idéologie raciste efface les mémoires des peuples et par conséquent le caractère laïque des Amazighs et des Kabyles.
Concernant la première catégorie, la Kabylie d’aujourd’hui et de demain doit lui faire face avec courage et intelligence. La deuxième catégorie, cette secte étrangère, nos ancêtres l’ont rejeté et nous devons nous opposez à elle, sinon, notre Taqvaylit disparaitra à jamais. Tous les moyens sont indispensables et nécessaire pour l’éradiquer et l’éloigner de notre chemin. Il faut d’abord leurs rappeler des faits historiques et leur dire que le mot Laïc, n’a de Français que de nom.
Nous les Kabyles, nous sommes conscients que cette séparation entre la religion et la politique fait partie de notre mode de vie depuis des siècles, elle est ancrée dans nos traditions et notre culture. Elle n’a pas de nom ni de surnom, elle n’est pas le résultat d’une loi ou d’un décret, elle est nous, notre mode de vie. Dans chaque village et ville Kabyle, le citoyen Kabyle sait faire la part des choses. C’est la raison pour laquelle, nos ancêtres n’avaient pas de nécessité de lui chercher un mot ou un nom pour la qualifier.
Pour rappel, la France avait fait appel à une loi en 1905 émanant du sommet de l’Etat, pour séparer la religion et la politique avec force et imposer à la société française ce mode de vie. Ce mode est pratiqué par les Kabyles bien avant 1905. Je me demande si la France, après l’invasion de la Kabylie en 1871, ne s’est pas inspirée de nos lois et coutumes. Une piste qui mérite une investigation profonde par des historiens Kabyles.
En tant que Kabyle, j’ai vécu cette laïcité pendant des années. Mon père ayant présidé un comité politique de village pendant des années, n’a jamais accepté une ingérence de l’imam ou du comité religieux dans les affaires politiques. Cet imam n’assiste pas aux réunions du village, c’est au comité politique de l’inviter pour qu’il puisse donner son avis sur une question précise. Le fait que l’imam est sollicité est déjà une suprématie du politique sur le religieux. C’est une pratique « Laïque ». Ce mode de vie est interdit par l’idéologie arabo‐islamiste et cette dernière est notre adversaire.
Je rappelle que pour casser cette relation entre notre imam et les affaires du village, le régime d’Alger a envoyé des fanatiques et des arabisés en Kabylie pour diffuser leur idéologie raciste et haineuse et plus grave encore, ne pratiquant même pas la langue du pays Kabyle. Les citoyens ont déjà chassés certains mais beaucoup d’autre sévissent encore dans nos villes et villages.
Que font nos citoyens ? Qu’attendent‐ils pour un grand nettoyage de notre environnement ? La femme Kabyle au village ne sort jamais de chez elle sans oublier de se munir de sa lfuḍa et de son amendil, deux habits Kabyles traditionnels ancestraux, mais en cas d’oubli, cette femme n’est jamais jugée ni condamnée par respect à son choix et à sa liberté. Cette qualité est contradictoire avec l’idéologie arabo‐islamiste et cette dernière, il faut la combattre.
Rappelons les consciences de la Kabyle que Katia ( Benguana)a été assassinée à Alger par cette secte, car elle a refusé de porter une tenue étrangère dite « le voile ». Tous les habitants n taddart, se respectent et se sentent frères malgré la différence des croyances. La façon de jurer des Kabyles (jmaɛ liman) est un bon exemple du contrat social ancré chez nous bien avant la loi de 1905.
Cette façon de vivre est contradictoire avec l’idéologie arabo‐islamiste et complètement absente chez les arabes d’Arabie et les arabisés d’Algérie. Cette idéologie est étrangère à notre culture ; il faut la combattre. J’ai assisté "impuissamment" au remplacement de la robe Kabyle et des vêtements modernes en 2003 par certaines de nos femmes Kabyles, juste après le tremblement de terre de Boumerdes. Les artisans de l’idéologie arabo‐islamiste ont diffusé à cette époque un discours moralisateurs et qui a fait peur à nos compatriotes féminines.
Notre société ne mérite pas de traiter nos femmes de cette façon et de les distinguer avec une tenue qui n’est pas la leur. Ce sont les sociétés moyenâgeuses comme celles de l’Arabie qui cachent leurs femmes avec cette tenue, tandis que leurs hommes choisissent une autre couleur blanche, plus compatible avec le climat local. (Scientifiquement, le blanc reflète tous les rayons du soleil tandis que le noir les absorbe).
Ma contribution a pour but de se sentir fier du fait que nos ancêtres étaient « laïques » bien avant les Français, car être Kabyle est aussi aimer les autres et accepter les différences. La négation et le mépris de l’autre n’est pas à nous et appartient à l’idéologie arabo‐islamiste qu’il faut combattre si il continue à s’ingérer dans nos affaires internes.
Dans le cas contraire, il faut respecter ses sujets qui la pratiquent mais sur leur territoires. Je suis convaincu que la majorité des Kabyles ont la foi musulmane, mais tellement cette pratique est privée, on ne sait distinguer un musulman d’un non‐musulman. Il faut garder cette façon de vivre nos religions et déjouer toute tentative qui vient d’Alger ou de l’Orient pour nous diviser ou nous opposer les uns contre les autres. Les jaloux et les ennemis de notre mode de vie sont nombreux et c’est à nous de dicter aux autres la meilleure façon de vivre et pas le contraire.
Puisque les Kabyles sont laïcs bien avant 1905, et afin de renationaliser ce mode de vie que nous pratiquons à nos jours, je propose à mes compatriotes Kabyles de ne plus utiliser le mot Laïc pour designer ce mode de gestion de la cité, réfléchissons ensemble afin de le remplacer avec un mot Kabyle, significatif et qui sera propagé plus tard à tous les peuples Amazigh qui vont surement mettre en place des Etats ou la religion et les croyances seront dans des sphères privés et bien protégées beaucoup mieux que le système laïc Français actuel.
Moi je l’appelle tout simplement : Taqvaylit.
Slimane Hallah
SIWEL 011736 JUIN 15