KABYLIE (SIWEL) — S’il est un mal, entre autres maux, qui ronge l’« Algérie », c’est celui du « déni de la réalité ». Il est consubstantiel aux conditions même de sa création par la France en 1839, un cas aggravé par la falsification de l’Histoire. Pour des raisons idéologiques propre à la junte militaire, elle impose par la force et la violence, que cette terre nord-africaine soit « arabe, islamique et maghrébine (sic) » dans le déni et la négation de l’Histoire de cette terre Amazigh rendu terre arabe, de l’anthropologie et de la culture de toute l’Afrique du Nord.
Un déni total est observé sur la problématique Kabyle particulièrement sur la question de son indépendance. La seule réponse à cette revendication noyée dans des accusations foireuses de séparatisme, d’atteintes à l’unité nationale et à la sécurité nationale pour éluder la décolonisation revendiquée est la répression et la prison.
De cet aveuglement volontaire est le refus de traiter de la décolonisation de la Kabylie, si les lignes commencent à bouger à l’intérieur du système délictueux algérien non point sur la décolonisation de la Kabylie, mais sur le risque flagrant et désormais évident de perdre la Kabylie.
Le premier à sortir de la grotte du déni pour y retourner est un certain Boukrouh, paniqué à l’idée de perdre la Kabylie, une perle volée par les arabes à la berbérité, un capital économique et humain civilisé dont son « Algérie » arabo-islamiste archaïque ne s’en remettra plus.
Son souci vient du constat que la Kabylie n’ a ni « élu l’actuel président » entendre la potiche Tebounne et « ni approuvé l’actuelle constitution » constamment violée, la Kabylie, l’épine aux pieds qui « ne va pas être représentée dans les prochaines Assemblées (sic)va se retrouver en apesanteur, sans orbite, sans amarres avec l’Algérie » dit-il. Drôle de vision d’une Kabylie errante, perdue dans l’univers pourri et nauséabond algérien.
La sortie de cet homme est pour le moins négationniste de l’Histoire et de la Civilisation Kabyles multimillénaire. Il se veut un réformiste de l’islam, inspiré en cela par Malek Bennabi, un intellectuel islamiste, ancien représentant de l’ « Algérie » à l’ONU, dont s’est inspiré aussi….Abassi Madani qui a fait de même avec le philosophe romain, Marc Aurèle mais l’éthique, l’humanisme, la sagesse et la philosophie en moins et le crime terroriste islamiste en bandoulière.
La colonisation et l’occupation de la Kabylie par la force et la violence seraient, pour cet homme, une mise sur orbite et un amarrage consenti avec cette « Algérie » créée en 1839, bien des siècles après la Kabylie. Le monde et le cosmos à l’envers. Le miracle Boukrouhien.
De fait, cet islamiste qui se présente en version « soft », ancien ministre de Bouteflika en plein printemps Kabyle, suivez notre regard, qui se vante même d’avoir écrit les discours de son maître-chien Abdelaziz, rappelle même une de ses précédentes saillies en 2016 « Si toute l’Algérie avait été la Kabylie, combien resterait-il à vivre au pouvoir ? » où la Kabylie reste l’éculée variable d’ajustement pour résoudre la guerre actuelle que se livrent par procuration les différents clans via les… différents Hiraks.
Boukrouh l’algérien qui aime tant son « Algérie » s’enfonce encore plus dans l’absurde et le sordide en invitant ses frères à être près des Kabyles « ce qui les décevrait, les blesserait, les désespérerait, c’est l’indifférence de leurs compatriotes des autres wilayas, leur lâchage, leur désolidarisation » leur dit-il, feignant d’ignorer le racisme systémique et populaire algérien qui touche les zouafs, les Kabyles.
Dans son allocution hebdomadaire du 10/04, Mas Ferhat Mehenni est revenu sur la publication Facebook de cet ancien ministre pour lui dire « Nous ne vous permettrons pas d’utiliser la Kabylie comme un canne pour avancer » et de lui rappeler la période où les Kabyles « tombaient comme des mouches sous les balles assassines du pouvoir » pour enfin le tancer « Vous n’avez aucune leçon de paternalisme et de nationalisme à donner à la Kabylie ».
Le pauvre Nourredine a-t-il la mémoire courte ? ou tente-t-il par un tour de magie de faire oublier le silence, l’indifférence de ses congénères, leur lâchage et leur désolidarisation pendant que les balles explosives de son maître-chien Bouteflika, de Zerhouni, Boustella et Benflis déchiquetaient les corps juvéniles de nos enfants. N’était-il pas à côté de ces criminels qu’il servait ? Pourquoi fait-il mine d’oublier qu’un fleuve de sang sépare son « Algérie » primitive de la Kabylie ?
Au serviteur de Bouteflika qui rêve que toutes les régions d’ « Algérie » soient à l’image de la Kabylie, Mas Asselway lui fait remarquer que si cela arrivait l’ « Algérie n’existerait plus car chacune d’entre-elles revendiquerait son indépendance » et d’écorner ensuite ce vicieux politicien qui veut réduire la problématiques Kabyle à une question inhérente au Hirak et non pas à sa libération « comment la question qui est posée ( l’indépendance ndlr) est Kabyle et la solution est hirakiste ? ».
L’entourloupe ainsi déconstruite, Mas Mehenni, lui enlève toute illusion de mêler la Kabylie et ce quelques soient les négociations entre les hirakistes, d’ailleurs impossibles, tant la problématique ne se résout pas à une simple équation politique mais idéologique avec son pendant civilisationnel et sociétal niés. La dénégation d’une guerre civilisationnelle sournoise menée en sourdine que d’aucuns n’osent nommer et reconnaître pour tenter de sauver les apparences d’une unité nationale factice.
Pour Mas Ferhat Mehenni, point de négociation sinon sur « Le Droit à l’indépendance et à l’Autodétermination de la Kabylie » entendu sous l’égide de l’ONU et d’ajouter que derrière tout cela « il y a un racisme anti-Kabyle latent… » et avec une pointe d’ironie « si Boukrouh aime la Kabylie, qu’il lui souhaite bon vent, d’aller dans le sens de sa liberté, l’aider, l’épauler pour que la Kabylie accède à son indépendance….la Kabylie lui serait reconnaissante ».
Cette publication de Boukrouh n’est pas anodine, elle témoigne d’un pays délité, d’une junte aux abois et d’une « élite » égarée, vendue, décomposée. La tentative de construire ce pays appelé « Algérie » finalement comme le dit Mas Mehenni une « fumisterie créé par la France pour elle-même » sur le déni d’une réalité Historique et humaine, en somme un mensonge, une chimère, vit un cauchemar avec une situation politique instable et sociétale abîmée et ce depuis 1962.
Le mal algérien, celui du refus de voir et d’accepter la réalité et les droits à l’existence des autres cultures de ce vaste espace d’Afrique du Nord dans toute leurs dimensions autres que celles arabo-islamiques, a déteint aussi sur les Kabyles algérianistes.
La dénégation de leur Kabylité pour la noyer dans une Amazighité arabisée algérienne leur a enlevé toute souveraineté et objectivité dans leurs décisions dictées seulement par le souci de préserver d’abord leurs intérêts et ensuite de plaire au maître arabo-islamiste sous couvert de simulacres politiques, de critiques et de postures d’opposition dans l’exercice de leur action politique, surtout, quand celles-ci sont exprimées au sein de l’assemblée nationale au grand bonheur de la junte à qui ils servent ainsi de faire-valoir démocratique aux yeux de l’opinion internationale.
Ces algérianistes Kabyles, visibles dans les rangs du hirak où ils avalent leur drapeau Amazigh pour se fondre dans la foule, perdent ainsi toute autonomie dans leurs analyses qu’ils voient ainsi polluées par une déformation du réel et du fait social Kabyles. Une auto aliénation où la critique porte sur le pouvoir, qui s’en complait, mais pas sur ses atteintes à la Kabylité. Se défausser sur la junte pour entretenir l’ambiguïté et biaiser la réalité catastrophique Kabyle dont ils se dé-responsabilisent. Ils persistent ainsi dans ce confort politique aliéné, incapables de s’en arracher.
Même au sein de cette agitation politique, ces algérianistes « hiracouches » n’osent ouvrir un débat idéologique sur les projets de société que chacun des deux blocs, ceux dit « démocrate » et de l’autre les arabo-islamiste du pouvoir et des islamistes qui partagent cette idéologie fasciste avec eux et qui est jusqu’à présent imposée à leur avantage, mettent en sourdine cette problématiques car le constat sera tragique pour leurs illusions et leur hypocrisie eux qui naviguent dans une factice « unité nationale » et une pseudo cohésion sociale.
Ce débat mettra en exergue l’existence de deux projets de société, de deux mondes antinomiques aux antipodes de l’un de l’autre. L’un démocratique, laïc, moderne ouvert sur le monde, sur l’Autre, sur les valeurs des Droits Humains et l’éthique politiauque et l’autre porté par l’idéologie fasciste arabo-islamiste hégémoniques dont les pendants sont le terrorisme, le racisme et l’antisémitisme.
Nous avons déjà abordé cette question niée et tue au sein des deux blocs principaux du Hirak dès les débuts de cette agitation politique hypocrite.
En somme un pays qui fait semblant d’être un pays, une entité de brigands qui se donne les attributs d’un État, un « peuple » au statut de sujet, et sous la colonisation française et sous la colonisation arabo-islamiste, la pire. Il s’illusionne citoyen au pays du « tout va bien » « de la dignité et de l’honneur » dixit les maîtres-chiens Bouteflika et consorts, de toute la doxa algérienne arabo-islamiste, qui ont érigé le déni de la réalité en raison d’être et en mode de pensée si tant est que ce mot ait un sens dans ce pays.
En conclusion, une « fumisterie » où le mensonge, à soi-même et aux autres, est une Culture et l’enfumage continue ainsi. Tout va bien n’est-ce pas !? Sans oublier d’aller faire la queue, la « chaîne » l’appelle-t-on en « Algérie », celle de l’espoir de trouver du lait, de l’huile et de la semoule.
CLKI – Chroniqueurs Libres de la Kabylie Indépendante
SIWEL 210955 AVR 21